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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 00:26
Astérix et le domaine des dieux

Les films d'animation Astérix représentent une part d'enfance, mes préférés étant respectivement Les 12 travaux d'Astérix et Astérix légionnaire. Mais malgré la gauloiserie franchouillarde du film de Claude Zidi, les récentes adaptations m'ont toujours laissé sur ma faim. Astérix chez les normands étant le dernier échec en date, Astérix au service de sa majesté n'existant tout simplement pas. De la frustration ressentie sur le projet Astérix aux jeux olympiques, Christian Astier, artiste intéressant et éclairé bien que je n'ai pas adhéré à son Kaamelot, relance l'expérience en compagnie d'une pointure en animation. En résulte un objet plutôt attachant, qui renoue en tout cas avec l'ambiance des adaptations fidèles.

L'histoire : Afin de forcer les gaulois à s'intégrer au monde gallo-romain, César planifie l'installation du domaine des Dieux, gigantesque complexe d'habitation devant aboutir à leur intégration culturelle.

Astérix et le domaine des dieux

Cette adaptation est assez intéressante, car les choix d'Astier de revenir aux gags cartoonesques et aux gaudrioles de bon aloi, on retrouve ce qui faisait l'esprit d'Astérix, entre les querelles incessantes des villageois et le politiquement camouflé sous l'intrigue, le film arrive à la fois à être une excellente adaptation d'enfin un seul album (plutôt que de chercher à faire des pots pourris) et de donner une petite matière à réflexion, qui caricature ses arguments pour donner davantage de spectacle (avec un contexte d'intégration économique et de colonialisme culturel, dont les étapes progressives sont bien marquées entre les gags et le décor). Une formule qui fonctionne très bien dans l'ensemble, suffisamment pour créer l'aura d'agréable surprise qui entoure l'objet. Visuellement, les qualités sont elles aussi intéressantes, dans la mesure où elles évitent le tape à l'oeil (réalisme de Wall-E) et rappellent davantage les coloris de la bande dessinée. Choix judicieux qui une fois encore marque le rapprochement avec les bandes dessinées (tout comme ses nombreux gags avec les sangliers). Evidemment, le tout n'est pas exempt de reproches (ah, le boulet d'Elie Semoun qui continue avec ses hausses de ton, heureusement dans des rôles qui ne sont pas sympathiques), mais pour le simple divertissement grand public, l'effort qui a été fait est suffisamment marquant pour mériter le détour. Oui, Astier a bel et bien trouvé la formule de la potion magique, ou s'en approche. Reste quelques touches incongrues comme ce générique un peu trop décalé (en mode casino royal).

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 18:19
Eternal sunshine of spotless mind

Enfin vu ! Dernier film du top 15 de Senscritique qui manquait encore à l'appel, le plus fameux cru de Gondry passe enfin sur l'écran de Voracinéphile. Ancêtre brouillon d'Inception hissant sa légèreté de ton comme tremplin vers le bonheur amoureux malgré les épreuves de la vie et les jalousies d'âmes seules, Eternal sunshine of the spotless mind a effectivement comme atout son manque de moyens, qu'il transcende de façon originale en film labyrinthique, qui prend parfois des airs d'OFNI. Flirtant ouvertement avec la science fiction, à de très courts instants vers l'horreur (des souvenirs sans visages qui ressemblent à des spectres), c'est dans la romance que le film s'épanouit. Pas vraiment la comédie romantique car Jim Carrey, solidement tenu en laisse, se sangle dans son bonnet et se mord la langue pour retenir les vannes et faire couler de temps à autres une petite larme pour titiller la fibre nostalgique du spectateur.

Dans le ton et l'ambiance, tout est fait pour cultiver la légèreté. La musique, souvant constitutée de piano ou de guitare solo, a cette connotation très "ergonomique", tout en douceur qui fait la patte d'un film comme Her (beaucoup plus mélancolique) ou Amélie Poulain (et son accordéon). Le montage aussi, soignant ses transitions entre les différentes visions oniriques pour ne jamais vraiment décrocher. Eternal Sunshine est un smoothie. En termes de rythme et de sentiments également. Il y a des hauts et des bas, mais sur la longueurs, tout finit par se mélanger. Là, certains y verront de la virtuosité, mais je trouvepour ma part que la sincérité s'essoufle au fur et à mesure que les souvenirs disparaissent, et que l'attachement devait alors devenir plus viscéral... non, cela continue dans de nouveaux souvenirs qui n'existaient pas. Alors l'ennui commence à poindre. C'est trop doux et lissé pour que j'y vois du relief, et encore moins une montée.

Le second point noir qui m'a bloqué est plus... philosophique. De par sa structure, l'histoire de ses deux protagonistes, et aussi et surtout celle du médecin et de sa secrétaire, le film valide la théorie de destinée. Peu importe ce que l'on fasse, on sera toujours attiré par les mêmes âmes, même si l'on a des souvenirs différents ou effacés. Le film croyait détenir une idée de génie avec ce concept d'effacer les souvenirs pour effacer la souffrance (et de le casser en disant, hey mais vous vous aimez quand même), mais il ne fonctionne pas dans le monde réel. Son registre sentimental profond devient alors biaisé par son idée, et finalement, Eternal sunshine est bien un rêve, une utopie sans lien avec la réalité. C'est un décalage ultime, qui le différentie radicalement de Her (qui lui est totalement désillusionné sentimentalement, et très empathique avec ses protagonistes). Ici, quelques soient les circonstances, on ne change pas, on aimera toujours les mêmes personnes, et on ressentira toujours les mêmes choses. Une énormité qui est la véritable essence d'Eternal sunshine. Alors oui pour dire que c'est joli, mais ça s'arrête là.

Ce n'est pas vraiment un ratage, c'est qu'il pousse son concept jusqu'au bout, et que sa logique ne me satisfait aucunement. Mais dans sa fuite onirique, le film développe des idées intéressantes. Il est en effet légitime que le "pirate sentimental" soit finalement écarté car à force d'agir ostensiblement comme la femme qu'il convoite, il crée chez elle cette angoisse d'être copiée, de ne plus s'appartenir et d'avoir d'espace privé, intime. Ce mécanisme fonctionne, dans ce contexte comme dans la réalité. Je ne m'aventurerai pas à dire qu'Eternal sunshine est un mauvais film, car il n'a jamais fait la promesse d'être fidèle à la réalité malgré ses efforts pour normaliser la procédure d'amnésie sur ordonnance. Mais il dispose d'une telle reconnaissance pour sa sentimentalité qu'il convient de remettre les points sur les i. Eternal sunshine of the spotless mind est un film joli mais creux, basé sur une idée poétique bercée de belles illusions. Une bluette romantique mignone et atypique, bien surestimée comme il faut (en même temps, le film mélange SF et sentiments avec un air de poésie pour flatter l'intelligence et la bonne guimauve qui sommeille en nous, difficile de lutter...).

5/10

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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 17:47
soirée SF AI - I Robotsoirée SF AI - I Robot

Deux films qui ont marqué leur époque, et qui continuent d'avoir un certain écho sur les consciences cinéphiles. Le premier a gagné sur la longueur (car échec commercial cuisant) et trouve aujourd'hui nombre de défenseurs. Le second bénéficie surtout de la renommée de son réalisateur et de Will Smith en tête d'affiche, ayant tapé dans le bon filon avec de l'action à gogo et un fond plus "réflexif" pour contenter tout le monde. Deux films qui m'avaient laissé un peu mitigé, chacun à leur façon, avec toutefois un à priori positif sur I robot...

soirée SF AI - I Robot

A.I. :

Nulle haine à avoir envers A.I., plusieurs éléments parlant largement en sa faveur. Pour son potentiel sympathie, son statut de film maudit, échec commercial qui a peu à peu trouvé une reconnaissance auprès du public, et qu'il n'est pas rare aujourd'hui de le retrouver parmis les favoris des amateurs de Spielberg (avec l'indémodable Liste de Schindler). AI est surtout un film ultra ambitieux, qui ne cache pas son absence de prétentions par cette structure du conte (que j'avais justement pris à la découverte comme une lourdeur supplémentaire destinée à souligner encore davantage le potentiel sentimental de l'objet). Or cet aspect du conte sert surtout à caractériser l'ingénuité du robot vedette, et à faire évoluer son intrigue sans avoir à se contraindre avec une trame progressive. Car il n'y en a pas, ce film est une compilation d'idées, qui tente d'exister en formant un tout cohérent, exercice difficile et ici plus ou moins raté.

Ce n'est pas le cas du visuel en tout cas, admirable. Il s'agit d'une synthèse très généreuse qui mixe à la fois la vision spielbergienne du futur (ergonomique à la minority report), qui s'offre le luxe d'explorer beaucoup d'ambiances différentes plus proches du conte, avec la traversée de la forêt, la traque avec les loups en néons et le merveilleux ballon des chasseurs, le gigantesque palace en ruine, ect... Tout en intégrant toujours cette évolution de l'humanité dans les ambiances qui apporte une patte vraiment agréable. Il faut reconnaître à Spielberg qu'il a un véritable oeil de cinéaste pendant plusieurs séquences, à l'image de ce plan incroyable où le reflet d'un robot qui chute glisse sur le long du visage d'un des personnages principaux comme une larme immatérielle.

Le problème constant du film vient de sa nature composite. Il veut montrer les véritables motivations des créateurs du robot, les attentes du public, refaire un petit holocauste hypocritement légal, et donner finalement un parcours de vie. C'est le Chappie d'avant l'heure, en bien plus honnête. Mais la moitié des scènes ne fonctionnent pas sentimentalement. Ce qui est très gênant pour un film s'axant sur une humanité de synthèse. Rien que dans la première partie familiale, on trouve les plus grandes bavures ! L'idée de mettre une mère dépressive qui cherche à compenser le coma de son fils accidenté est excellente. Puis on a cette scène du repas avec cet éclat de rire complètement surréaliste. Que le robot réagisse ainsi, cela se conçoit (il tente un truc), mais la façon dont se comportent les parents est complètement surjouée. Le climax est atteint avec la scène du "Arrête de le secouer, tu vas le casser !" Et le père s'arrête avec un ton très grave genre elle a brisé un tabou... C'est tellement dramatisé avec aplomb que cela tue la spontanéité, et le film fait constamment des erreurs dans ce genre, en dosant mal un passage qui rompt l'équilibre de toute une scène... Alors que certains passages, avec leur premer degré, fonctionnent même en quittant le réalisme (la séquence de traque et de capture, et à la rigueur l'exécution des robots dans la fête foraine, bien que je trouve ce spectacle bien peu amusant). Mais là encore, alors que le film partait dans un registre pessimiste, il se tire une balle dans le pied avec la foule qui ooooh ne veut pas tuer un enfant robot trop mignon et que c'est mal en fait de casser les robots. Tssss.

La fin m'a hélas fait décrocher. En convoquant les extra terrestres pour donner à son robot le statut officiel de dernier être humain, Spielberg part sur un tout nouveau terrain que je trouve davantage bancal que mettant vraiment en abîme les sentiments du dernier homme qui n'en est pas un. Quand on mixe cela avec cette lourde quête de la fée bleue (l'élément redondant bien gras du conte qui lui est agaçant), on obtient finalement un résultat en demi teinte, indéniablement ambitieux (le robot prostitué est une idée plutôt osée, seul Automata y a pensé aussi), mais au scénario et à la direction d'acteur hésitants. Leur personnage principal reste quand à lui réussi, bien que parfois victime aussi du scénario (la séquence avec le couteau au bord de la piscine, non fonctionnelle). A défaut d'aimer, on est par moments ému.

5/10

soirée SF AI - I Robot

I Robot :

On s'attaque immédiatement au problème de forme en soulignant combien les visuels sont moches et ont mal vieilli. Plutôt que de réaliser un maximum d'effets en réel, le film se repose complètement sur l'utilisation du numérique, dont la qualité de l'incrustation varie sensiblement (les paysages sont presque toujours ratés). Les robots, principale attraction du film, sont gérés là aussi de façon variable, leurs mouvements alternant entre le naturel et le brutal sans grande cohérence dans la démarche. C'est surtout aussi dans la façon dont sont traités les personnages humains que ce film est une déception. Le héros est une caricature d'enquêteur badass qui n'a pas un seul atome de charisme (il sauve un châton, il porte des converses, il aime pas les robots parce que...) sans que cela soit amélioré d'une quelconque manière au long du film. Sans parler des personnes dans la foule (donc nous), à l'image de Shia Labeouf qui demande au héros de lui organiser un plan cul avec la scientifique qui l'assiste dans son enquête. Qu'est ce que je suis content d'être un homme ! Heureusement que Sonny est un personnage un minimum attachant pour conserver un maigre espoir... Visuellement, la seule petite trouvaille (très artificelle) consiste en ces plans ultra dynamiques à vitesse normale (là où tous les films d'aujourd'hui se la pètent en slow motion) qui apportent une petite fraîcheur aux scènes d'action à défaut de convaincre pleinement.

Sur l'écriture du scénario, le film se plante davantage par sa simplification grossière de plusieurs étapes déterminantes. L'affrontement entre hommes et machines a par exemple lieu dans l'heure qui suit l'invasion (complètement irréaliste, comme si une population civile pouvait se rassembler d'elle même de la sorte). Les tentatives de meurtres perpétrées par les robots sont elles aussi très expéditives dans leur exécution, absolument pas à l'image de discrétion qu'essaye de se donner l'IA. Enfin, l'explication finale, exempte de toute nuance, est décevante pour son absence totale de matière réflexive. Mais c'est à peu près tout, car globalement, le film exploite gentiment la théorie d'Aasimov en s'en tenant aux trois règles, tout en jouant un peu sur le mystère et sur son futur spilbergien du pauvre (le numérique est vraiment moche).

Le fond reste donc à sauver, d'ailleurs, l'absence de temps morts sur son final et ses ingrédients théoriques valent le coup. Mais la façon dont ils sont présentés pue vraiment la vulgarisation pour une soirée grand public, en tuant la moindre subtilité pour lui préférer un placement produit Converse all stars noir (quel goût, ce Will Smith !), un flash back flou, un sauvetage de chat... Il ne fait pas de doutes qu'Alex Proyas s'est retrouvé englué dans ce bourbier et qu'il a dû pleurer certains soirs en regardant les rushs de la journée. Alors, pour trouver au moins de quoi s'occuper, il nous sort toute cette batterie d'effets visuels qui alourdissent considérablement le film. Ralentis en gun fight cédant immédiatement à des combats rapprochés acélérés en variant constamment la proximité des plans et des angles, travellings chiadés, action épileptique (la poursuite (en audi) dans le tunnel, digne de la laideur d'un Lock Out)... La forme ruine tout, et avec elle la tentative d'intellectualiser un peu ces bonnes idées. Bien dommage...

4/10

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 17:40
Sinister 2

Sinister 2 allait prévisiblement se faire défoncer par les cinéphiles (car les collégiens ne sont pas des cinéphiles, il faut avoir vu au moins un film des années 70 pour prétendre à ce titre). Et il ramasse finalement une bonne petite moyenne, avec de nombreux écarts entre les avis. Suite commerciale, concepts développés, personnages ridicules... Il y a un peu de tout dans cette suite dirigée par le réalisateur de Citadel, qui tente donc de se faire un peu de brousoufs et de réputation avec une commande pas trop dégueulasse qu'il faut donc honorer.

L'histoire : poursuivie par son ex mari violent, une femme et ses deux enfants trouvent refuge dans une vieille maison abandonnée où il semble y avoir eu un meurtre étrange...

Je tournais moi aussi des films amateurs quand j'étais jeune ^^

Je tournais moi aussi des films amateurs quand j'étais jeune ^^

Le pitch est plutôt simple, et son efficacité fonctionne (c'est là l'essentiel, d'où sa moyenne). Sa forme contient toutefois plusieurs problèmes, notamment avec ses personnages, qui sont beaucoup moins attachants et fouillés que dans son prédécesseur. C'était là son gros point fort, qui devient ici point faible quand il s'agit de mettre en scène l'inévitable romance entre notre détective anti-paranormal et la mère de famille au prise avec son passé (le père, auquel je réserve un paragraphe entier). La psychologie y est ici laborieuse, surtout au niveau des enfants, qui sont les principales cibles du boogeyman. Il était intéressant de développer le complexe d'infériorité, mais de là à sauter des étapes pour en arriver à l'homicide familial, il faut y aller vraiment fort. C'est d'autant plus regrettable que les enfants ne jouent pas mal (même le petit frère turbulant qui trolle sans arrêt son aîné, avec parfois une cruauté palpable). Quant à l'horreur en elle-même, elle ne sera jamais vraiment efficace, partagée entre quelques bonnes idées et d'autres qui ne fonctionnent pas (cette radio à la con qui ne sert à rien du tout).

On en arrive au cas du père, qui est un point de rupture pour beaucoup de cinéphile. Ce personnage est nanar, il faut le reconnaître. La scène du "Moi ch'uis en danger ?" où il tabasse la personne venu le prévenir (amusez vous à lui demander une clope dans la rue, on vous retrouve à l'hosto), l'hilarant passage du dîner ("passe moi la purée !" "Mange !"), Sinister 2 vire complètement dans le ridicule avec cette caricature du mari violent (et paysan arriéré en plus !) qui enlève toute subtilité à son fonctionnement (il est voué de toute façon à mourir). Personnellement, je trouve le personnage fonctionnel dans ses actes, et le ridicule de son interprétation renforce un petit côté sympathie que j'éprouve pour ce film bancal.

On en arrive alors aux bons points, à savoir les snuffs familiaux et la fin du film, intéressante pour son originalité. Si les films 8 mm du premier sinister conservaient une certaine optique de réalisme qui leur donnait une réelle efficacité, ce film prend nettement plus de liberté dans les préparatifs des exécutions (les enfants peuvent prendre toute leur famille par les pieds à un arbre sans qu'on nous montre de treuil ou autre chose...). Et ça marche. Ces petits films sont meilleurs que ceux du premier, toujours originaux dans leur mise en scène atmosphérique (celle de la neige est la meilleure), et cette complaisance totale dans le rendu des mises à mort (à l'exception du dernier film très gore qu'on ne voit presque pas, aucune suggestion) donne un côté exploitation glauque inattendu qui trouve une certaine efficacité. Le final m'a plu pour son côté démons du maïs, ici aidé par une horde de fantômes qui l'aident constamment dans sa traque meurtrière, idée plutôt intéressante quoique moyennement bien exploitée (les fantômes qui jouent aux poltergeists, comme ça n'apparaissait dans aucun des films, c'est un peu facile et illogique).

Hélas, Sinister 2 nous quitte sur une scène nulle et plate suivie d'un jump scare complètement attendu. De quoi en conforter certains dans leur opinion défavorable. Sinister 2 reste toutefois une suite qui essaye de développer quelques idées, et qui veut faire des efforts pour étendre son univers. Malgré les défauts, il fait un boulot correct et mérite une petite indulgence.

5/10

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 17:35
White god

Ah la la... White god, ça partait bien pourtant... Une belle affiche, une série B animale tournée en vraie avec une révolte canine... Il y avait de quoi enthousiasmer n'importe quel cinéphile ! Puis on lit les détails du synopsis et on tombe sur "une loi qui interdit les croisements de race parmis les chiens"... Et ça commence à sentir bien mauvais comme la dénonciation galvaudée du nazisme des bonnes familles. On commence alors à y aller à reculons. Et ça n'a pas loupé, c'est la purge auteurisante qu'on flairait à 20 bornes.

White god

Presque tout est mauvais dans White God. Seul le dressage des animaux laisse à penser que le boulot a correctement été fait, ainsi que l'idée de filmer tous les animaux et de se livrer à un authentique film animalier muet. Le reste oscille entre l'ennui et la lourdeur, tant ce film accumule les situations affligeantes (deus ex machina avec le petit chien qui sauve notre clébard à de bien trop nombreuses reprises), le symboles vides (le clochard qui se met à torturer le chien qu'il veut adopter), les dénonciations de comptoirs (combats de chiens, l'humain il est méchant),une technique pauvre (caméra à l'épaule qui filme parfois très mal les mouvements). C'est pathétique dans son inefficacité, car White God croit que parce qu'il adopte le point de vue d'un animal, il peut se permettre une naïveté de ton. Mais cette naïveté s'exprime toujours de façon soulignée, sans la moindre spontanéité (genre les gars de la SPA qui arrivent au ralenti avec une musique de suspense en filmant bien les collets). Babe, le cochon dans la ville réussissait à nous intégrer dans la communauté d'animaux, et quand les méchants gardes de la SPA venaient virer les squatteurs, là il y avait spontanéité et émotion. Ici, le film montre constamment du vide. A la rigueur, quand le chien montre les crocs, quelque chose passe. Mais sinon, tout le reste est incroyablement terne. Il suffit de regarder la séquence de séparation pour se rendre compte combien personne ne s'investit dans ce film : la gamine qui voit son chien se faire distancer par la voiture tente à peine d'ouvrir la portière en répétant à son père de s'arrêter, puis regarde platement le chien s'éloigner. Une larme coule, mais vu son visage, elle vient d'être déposée par la maquilleuse. White god n'est pas sincère une minute. Alors, si c'est en plus pour dénoncer le nazisme, vous parlez d'un film digne d'intérêt !

Parlons en de cette dénonciation ! La loi qui impose les critères raciaux des chiens n'est pas justifiée une seule fois (alors que c'est toujours le contexte qui permet de comprendre une loi, ici un contexte de crise économique poussé à un paroxysme) ! Une haine irrationnelle, mais c'est toujours par là que ça commence ! Alors tout le monde se met à traiter les chiens comme des boulets ! Comme certaines minoritééés ! On les abandonne dans la rue et là, des patrouilles omniprésentes les récupèrent pour les parquer dans des camps ! Ils auraient dû leur mettre des brassards rouges pour que ce soit plus clair... Et pendant ce temps, la jeune maîtresse du chien, toute gentille et contrainte de devoir abandonner son ami, doit jouer dans un orchestre contraignant avec un professeur très antipathique qui l'humilie en public en lui disant bien combien l'ordre c'est important... Pitiééééé ! Au milieu, le film fait n'importe quoi, car il faut faire de la symbolique pour qu'on croit que c'est sérieux. Ils nous foutent donc le coup du clochard nazi (le comportement du chien est complètement aberrant pendant cette scène, mais on n'est plus à ça près), l'entraînement du chien pour les combats (parce qu'un cliché facile et payant ne se refuse pas) et son évasion façon je cours sur une musique vivante, ses petits tours de passe passe avec le petit compagnon chien tout crasseux... Et enfin, la grande rébellion des chiens. On ne dira pas que les scènes où l'on voit cette horde de canidés déferler ne sont pas impressionnantes, mais elles n'ont aucune ampleur sérieuse. Ils suffit de regarder les figurants humains dans le flot, qui font semblant de tomber, d'avoir peur. Comme si vous voyiez trois chiens courir à côté de vous, alors vous renversez votre caddie de supermarché en hurlant "c'est l'anarchiiiiie !". C'est complètement illogique et vide de sens ! Et voilà que les forces spéciales de police arrivent et tirent dans la meute de chiens en mode répression sanguinaire...

Je passe sur la scène finale qui n'a absolument aucun sens (à part mettre du beaume au coeur, genre un peu de douceur peut calmer la tempête, sans la moindre nuance ou subtilité dans le sens, et d'ailleurs, c'était quoi cette tempête ? C'était quoi le message ?), pour finalement retenir le caractère absolument vague de ce film, qui ne sert finalement qu'à dénoncer la loi absurde qui crée cette situation (elle a été réellement promulgée en Hongrie en 2011, dans un contexte de crise visant à renflouer les caisses de l'Etat, les critères raciaux ont toutefois fait jaser beaucoup, les races non hongroises étant taxées, et les races "dangereuses" davantage que les autres) et qui filme ses animaux avec moins d'empathie que La belle et le clochard 2 (et j'insiste, je parle bien de la suite pourrave qu'a fait disney, qui avait au moins la sincérité du cahier des charges dans sa confrontation bourgeoisie / peuple de la rue). Un film allégorique qui peut bien remercier cette loi pour lui donner le seul contenu dénonciateur plausible (sinon, aucun lien avec le réel, on aurait aimé aussi qu'on parle des abandons massifs en Roumanie et en Ukraine qui ont suscité une recrudescence de hordes de chiens errants, suite aux abandons liés à la crise économique), avec son parti pris audacieux et ses beaux plans de chiens, bien dressés.

2/10

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6 novembre 2015 5 06 /11 /novembre /2015 17:32
Un français

Un français est un film que j'attendais un peu anxieux, le côté skin head facho pouvant très facilement devenir une dispense d'argumentaire pour charger à bloc le front national en insistant bien sur la corde sentimentale sans jamais se donner la peine de fournir un argumentaire politique construit. Forcément, le film s'y engouffre volontiers, mais il tente l'immersion avec une certaine efficacité qui recèle quelques points notables. A tel point qu'on se demande un peu pourquoi la sortie en salles de ce film a été si timide...

Un français

Marko, c'est le nazi au blouson de cuir qui trouve dans son extrémisme une mouvance pour exprimer sa bestialité. Le film le met en scène d'une façon complètement exagérée (on commence avec trois agressions consécutives pendant la même journée, dont celle d'un bar), mais avec un premier degré qui en impose. Le film est cru et sec à ce niveau là, sa gestion de la violence correspond exactement à la réalité, avec une utilisation régulière de plans séquences qui fonctionnent particulièrement bien. Et si notre nazillon se remet petit à petit dans le "droit" chemin, c'est avant tout par saturation totale du milieu qui l'entoure. Après un mort et deux autres tentatives de meurtre (toujours perpétrées sur des skin, ces derniers étant plus à l'aise dans la simple bastonnade), il sature du manque d'ouverture et de discernement de l'intégralité de son entourage, aveuglés par leurs opinions politiques unilatéralement tournées vers la xénophobie et l'islamophobie (et un brin d'antisémitisme qui vient toujours se rajouter par dessus). Mais la démarche lui coûte, perdant sa compagne (particulièrement agaçante) et la garde de sa fille, et cultivant petit à petit une attitude de non violent qui le rend logiquement assez sympathique. Un cogneur qui prend sur lui même quand toutes les raisons sont là pour taper, ça plaît car c'est la Force. A ce titre, il me paraît important de relever les performances d'acteurs (on suit le personnage sur une trentaine d'années), qui ont toutes la franchise de l'incarnation, et dont le jeu ne faiblit pas une minute. C'est la principale qualité du film qui lui donne un cachet d'immersion rare aujourd'hui dans le cinéma hexagonal. Le film prend place toutefois dans un contexte intimement lié avec le Front National, et sur ce terrain, le film a une démarche toujours descriptive, implicitement orientée qu'il faut aussi décrypter.

Le FN est toujours vu par l'angle des skin head, l'association est constante tout au long du film, et la bestialité des skins (qui ont les mêmes attitudes agressives entre eux (quand ils ne sont pas de la même bande)) n'est jamais mise à distance des opinions politiques. C'est le trajet de Jean Michel Keyrol (appelé affectueusement "Braguette" dans le film, un surnom qui prend tout son sens quand il se fait flinguer le service trois pièces et qu'il continue de défendre la haine avec ses mots et en se radicalisant) qui l'incarne avec le plus de clarté. Vociférant toujours sa haine des étrangers, de l'Islam et par extension des juifs (ce rejet est complètement parachuté au milieu du discours, mais cela va avec, c'est dans la logique), il milite toujours davantage, commençant son ascension dans le parti avec quelques petits séminaires privés (interdits dans des lieux publics), jusqu'à repasser pour un flash spécial de distribution de soupe au cochon, service assuré par des skin head blouson noir bien remontés qui hurlent des chants patriotiques toutes les deux minutes et intimident tous les SDF qui s'approchent de leur installation. Ce qui m'a frappé au cours du visionnage, c'est l'absence de distance faite entre les skin head blouson noir et les petits vieux embourgeoisés. Ils sont d'ailleurs toujours dans l'émerveillement béat devant les interventions, mais quand il s'agit de toujours détourner les infos du JT, ça y va de bon cœur, en prenant toujours le parti des blancs ayant participé à la dernière rixe ou au dernier tabassage.
Le bilan est fait avec l'apparition de flash télé sur la manif pour tous, en montrant son ex et sa fille dans les rangs du quatrième cortège, des "catholiques intégristes désignés persona non grata" en référence à la présence de membres de Civitas dans les rangs, ainsi que plusieurs groupes extrêmistes (sentimentalement, la scène fonctionne une nouvelle fois). Entre temps, on aura vu la séquence marseillaise, chantée par des militants du FN pour célébrer le courage des auteurs de l'homicide (par noyade) de Brahim Brouaram en 95 suivie d'une autre marseillaise chantée par une foule métissée devant la coupe du monde de 98. Cherchez la bonne.

Nombre d'autres détails du film tendent à souligner cette absence de distance. Ce n'est pas un handicap quand on se focalise sur l'histoire du personnage principal, puisque son attitude est alors cohérente dans un tel milieu. Son parcours est sentimentalement logique, et on peut y sentir de la sincérité, dans l'écriture jusque dans l'interprétation. Mais tenter de faire du film un étendard politique serait une erreur. On pourrait alors entrer dans de longs débats sur cette "Haine" que tout le monde a dans la bouche et qui est finalement si difficile à décrire sans tomber dans la caricature. J'ai moi même commencé des ébauches avant de laisser tomber, car cela devient trop bancal. L'opposition au FN est totale, mais le film se réclamant opposé à la Haine, le rapprochement se fait (implicitement) et par des artifices qui sautent parfois trop aux yeux pendant plusieurs scènes. Un point clé qui a clairement réprimé mon enthousiasme, malgré l'immersion dans le milieu skin head qui parvient à capter une certaine authenticité. Malgré la recherche d'apaisement, je ne sais pas si ce film parviendra à incarner son idéal (risquant de blesser clairement les sympathisants d'extrême droite qui élaborent des raisonnement construits et qui surtout restent non violents). L'ambition était toutefois là, avec de puissants partis pris qui payent nettement dans la forme.

5/10

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 17:28
Sea Fog

Sea fog s'attaquait au délicat sujet des passeurs (ici, dans le contexte classique de passage entre les deux Corées) avec des promesses de noirceurs et de réalisme. Un bon sujet qui ne devrait toutefois pas être mené comme un Transperce-neige pour pouvoir prétendre s'inscrire un peu dans la réalité. Coup de bol, le film s'intéresse davantage aux actions des personnages qu'à un point de vue moral, ce qui donne quelques explosions de violence bien dramatisées car elles sont complètement logiques dans le contexte, et qu'elles s'enchaînent de façon cohérente. On suis donc toutes les étapes qui amènent une équipe de pêcheurs sur la paille à passer dans le traffic d'immigrés clandestins, assurant le passage d'un gros groupe d'entre eux. A ce stade, le film est sommaire dans sa caractérisation des protagonistes, et conservera sa démarche quand les choses se corsent (en trouvant un côté proche de Dogville, évidemment avec la touche asiatique qui exagère toujours un peu le trait). C'est un peu ce qui nuance le jusqu'auboutisme du film : les attitudes de ses personnages se manifestent parfois avec trop peu de retenue pour éviter l'appellation de clichés. Mais ces clichés fonctionnent, et jouent leur rôle dans la suite des évènements.

Le personnage du capitaine est surement l'un des plus intéressants à suivre, car il est celui qui lance la démarche et qui prend l'essentiel des décisions au cours de la traversée. Il est aussi celuiqui endosse toute la responsabilité de l'affaire si les choses tournent mal. Planté dans un contexte de délabrement moral lorgnant vers l'apathie (réaction molle et ton résigné quand il apprend que sa femme le trompe), il garde finalement comme stricte motivation la remise en état de son instrument de travail qui demeure sa dernière fierté. Et quand il s'agit de gérer les clandestins, c'est celui qui met rapidement les points sur les i en faisant preuve de violence quand il sent la moindre menace pesant sur ses responsabilités. C'est finalement en cela qu'il apparaît comme le plus radical des personnages, sans avoir toutefois de penchants pour l'humiliation ou la domination des clandestins (contrairement à une autre partie de l'équipage, qui les méprise plus ou moins ouvertement). Il est simplement sans pitié et assume toujours ses choix jusqu'au bout, avec logique et pragmatisme.

C'est d'ailleurs ce pragmatisme qui permet à Sea Fog de prendre un peu de distance par rapport à son message social (bien présent, parfois appuyé (surtout dans la VF, médiocre)), laissant les actes parler et contemplant avec impartialité le déroulement du voyage. C'est le retournement tragique de milieu de film qui le fait vraiment évoluer vers un climat beaucoup plus viscéral que le simple pensum humaniste, en lorgnant vers une sorte de thriller survival bien plus immersive et efficace que ne renierait pas dans le glauque un certain Lars von Trier. Précis et efficace, il brode sa fiction sur une issue potentielle de ces voyages illégaux, en se retenant de passer dans le registre tragique par de nouveaux enjeux qui assurent l'originalité et la tension du récit. Très bonne surprise que ce Sea Fog, qui rejoint Deephan dans la case des films sur l'émigration qui touchent juste.

7/10

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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 17:21
The green inferno

C'est principalement la saveur old school qui contribue au buzz de ce Green inferno, jeune héritier de la bisserie italienne qu'Eli Roth a toujours cité dans ses goûts de cinéphile éclectique. Il décide donc de retourner braconner dans la jungle avec un petit coup de modernisation, en dopant le gore à l'ancienne avec un peu de numérique pour redonner une nouvelle jeunesse à ses cannibales. Car on n'y croit plus vraiment, aux cannibales. Depuis qu'on a les photos satellites, ces zones inexplorées de notre planète ont perdu leur charme, ou ont été oubliées. Il s'agissait donc de nous rappeller qu'il suffit d'un rien pour se retrouver dans un bourbier sanglant.

L'histoire : un groupe de militants écologistes prépare une expédition en forêt amazonienne pour empêcher le déboisement d'un secteur isolé dans lequel vivrait plusieurs tribus indigènes...

The green inferno

Le cadre est suffisamment modernisé pour faire illusion, empruntant beaucoup à Cannibal Ferox (le second sur l'autel des cannibales, Cannibal Holocaust restant l'intouchable de référence). Eli a donc remplacé l'étudiante en sociologie et les chercheurs d'or (qui à l'heure actuelle restent toujours une plaie en amazonie, empoisonnant les cours d'eau au mercure pour y récupérer les moindres traces d'or) par des militants écologistes mené par un leader complètement irresponsable. Le choix est à la fois caricatural et attachant, ces derniers étant assez variés au niveau des caractères (un peu gras, au niveau du registre d'humour auquel Eli nous a habitué), du manipulateur affilié aux ennemis de la forêt au fumeur de joint en passant par les anti racistes. L'orientation politique du groupe est manifeste, et le scénario prend un malin plaisir à les mettre à mal, parfois avec un gratuité qui se faisait rare sur les écrans (les mises à mort les plus spectaculaires n'ont pas forcément lieu sur les personnes les plus agaçantes). Il faudra toutefois attendre de voir le groupe en action pour que les tensions éclatent manifestement, et que le trip cannibale prenne alors son envol.

The green inferno a beau toujours rester un divertissement un peu craspec, il pêche par plusieurs scènes numériques un peu approximatives, et décevantes dans l'état actuel du film (aucune idée de l'éventuelle censure qui a eu lieu,ou si une version uncut est à prévoir). Des imperfections qui nous laissent toutefois profiter des sympathiques décors de village cannibale et la qualité du maquillage des figurants, qui viennent apporter de belles couleurs au film. Les rites sociaux restent assez énigmatiques, mais sont toutefois décrit avec une certaine minutie. Enfin, à quelques petites erreurs près (le rêve de la fin, la séquence de masturbation...), le déroulement redondant (l'évasion de chacun, incertaine) parvient à capter l'attention tout du long, jusqu'au dénouement qui ne réservera aucune surprise pour les amateurs du film d'Umberto Lenzi. Une petite récré, le charme vintage en prime ^^.

6/10

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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 17:09
Les rencontres d'après minuit

La bande annonce pue le mauvais goût et la prétention. L'affiche est d'un minimalisme laid. Ce sont autant de mauvaises raisons qui ont contribué à laisser Les rencontres d'après minuit au bord de la route des cinéphiles, puisqu'il s'agit avant tout d'une pépite visuelle. Objet cinématographique calibré pour passer ou casser (l'artificialité des dialogues et du jeu d'acteur va faire très vite le tri dans les spectateurs), Les rencontres d'après minuit promet le sexe, mais va davantage pencher vers l'étude des désirs, par le biais de chacun de ses protagonistes...

Véritable surprise que ce petit film sorti de nulle part, sorte de fusion improbable entre le cinéma de Catherine Breillat et d'un Xavier Dolan à maturité. Film théâtral qui oublie les prénoms pour n'appeler ses personnages que par leur représentation (leur caractère souvent : le couple, la gouvernante, l'étalon...) et par leurs façons d'interagir les uns sur les autres. Volontier verbeux, toujours ancré dans le ressenti, on évoque le passé (l'étalon fasciné par son membre, l'histoire du couple romancée par une intriguante pièce au registre antique), on flirte dans le présent, et au final, on se projette dans l'avenir. La partouze tarde, mais les tatonnements sont entamés dès le départ, fréquemment entrecoupés de pures séances d'onirisme qui, loin de brouiller les repères, offrent surtout de magnifiques visuels constamment tournés vers le fantasme. Les rencontres d'après minuit aborde différents visages du désir, il n'en brime aucun, même si celui de la Chienne est considérablement frustré au cours de l'aventure (sans être vraiment jeune, elle en a l'impatience, et une petite arrogance nécessaire à exciter ceux qui l'entourent). Mais le film a le bon goût d'entrecouper les diverses réflexions par de régulières pauses musicales (plus ou moins dynamiques, toujours envoûtantes grace à la contribution électrisante de M83). Film posé mais actif, il avance toujours dans l'expression des désirs, rompant régulièrement avec la logique et la cohérence pour mieux suivre les fantasmes. Il s'aventure même (un court instant) dans le registre fantastique avec un nouveau visiteur inattendu qui débouchera sur une conclusion inattendue, surement un peu étrange car délaissant le terrain du fantasme complètement (plus aucune dimension sexuelle), mais qui a le bon goût de garder un peu d'énergie pour faire décoller le spectateur une dernière fois avant le générique. Petite splendeur visuelle aimant disserter sur les attirances diverses de ses personnages (Eric Cantona surprend dans son rôle), les rencontres d'après minuit est le petit OFNI charmant qui surprend, donne un visage complètement intellectualisé du sexe (l'inverse d'un Noé, avec pourtant cette obsession du visuel) avec le bon goût nécessaire pour faire passer le mauvais (le caméo de Béatrice Dalle, ouch !). Electrisant.

8/10

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 17:04
L'enquête

Film colossal que cette Enquête passée relativement discrètement dans les salles, surement un complot de l'Etat ou que les spectateurs saturent déjà trop de la crise pour se replonger dans le feuilleton de Clearstream qui nous avait valu une des interventions les plus accrochantes de l'ami Sarkozy. Peu de fioritures, beaucoup de fausses pistes et de démêlés entre experts, L'enquête nous propose de revisiter les débuts de l'affaire et le lancement de la polémique, tout en s'impliquant aussi sur l'affaire des Corvettes, occupant alors le cabinet de justice indépendant chargé de l'enquête.

Le film est un véritable sac de noeuds, à l'image de l'affaire qu'il tente de démêler. Il y a tant de connexions entre tous les suspects, tant de données à analyser, tant d'enjeux et de circonstances à cerner qu'à échelle humaine, le problème semble inextricable. Le film nous épargne donc la revue régulière des preuves matérielles, et s'attache à la trajectoire du journaliste lancé en indépendant sur le sujet, qui ramasse petit à petit de gros morceaux tombés des archives pour faire éclater la bulle. En s'attirant dès lors les foudres d'une multitude d'ennemis puissants et inconnus ayant eu recours aux pratiques financières de Clearstream.

Le film donne donc une certaine orientation à ses révélations, et présente chacun des protagonistes avec un rôle précis. Plusieurs étant des personnalités politiques toujours au pouvoir, il faut donc prendre un peu de distance entre ce matériau et l'affaire réelle. Elle en est toutefois un exemple percutant et démonstratif, qui fonctionne à merveille dans le monde moderne. C'est là qu'il faut se régaler dans le film. Que ce soit sur le rôle des médias, de l'utilisation de l'opinion publique, des magouilles pour détourner l'attention le temps de faire place nette, des moyens de pressions, des simples enjeux personnels (qui font prendre une tournure décisive dans la crédibilité du journaliste en question)... Tous ces éléments fonctionnent dans un sens cohérent et sont un reflet ultra réaliste du fonctionnement de la grosse machine qu'on surnomme "systeme". Même si le film conclut par l'hommage au courage du journalisme critique, il nous a offert une plongée vertigineuse dans le mouvement quotidien des liens de pouvoir. Film impersonnel ultra immersif et foisonnant, on tient là un égal des plus grands films d'Oliver Stone dans l'ambition, et une image nette du fonctionnement d'un organe financier et d'un mécanisme de corruption moderne. De quoi compenser largement sa facture technique faiblarde et son manque de "cinématographie" (c'est un téléfilm ni plus ni moins).

7/10

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