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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 13:19
Let the punition fit the child

Let the punition fit the child

Attention, cet article contient des photographies explicites et ne devrait pas être vu par des mineurs sans l'accord de leur tuteur légal. Pour les agrandir, cliquez dessus.

Maria Beatty est une réalisatrice qui a œuvré toute sa vie dans le cinéma lesbien à tendance underground. Dans le genre masturbation cérébrale, on pensait que ça serait difficile de faire pire. Pourtant, au fur et à mesure de ses différents travaux, la réalisatrice fait toujours preuve d’une recherche esthétique explorant différents terrains (noir et blanc, esthétique punk agressive, variations d’ambiances (allant du bondage chinois aux roads movie en mode cow boy…)), et surtout en s’assumant pleinement comme des pornos lesbiens réalisés pour le plaisir esthétique (en plus, évidemment, de mettre en scène le plaisir/désir des « actrices » en action). Le résultat est assez... variable, puisque chaque moyen métrage porno (dont les durées varient entre 20 et 50 minutes) explore un nouveau terrain esthétique.

Ecstasy in Berlin

Ecstasy in Berlin

Si on doit faire un tri dans les moyens métrages de Maria Beatty, on peut déjà séparer le noir et blanc de la couleur. Le noir et blanc a beaucoup inspiré la réalisatrice, car elle adore mettre en scène son fétichisme dans des contextes rétro (the elegant spanking ou Ecstasy in Berlin). Car si ces films sont traités ici, c’est surtout pour l’angle esthétique (et pas pour la pornographie, allons allons ! Quel homme succomberait au cliché des lesbiennes ?). C’est donc avec un grand soin de l’ambiance et du cadre qu’elle a réalisé chacun de ses travaux, qui partent tous dans des directions artistiques imprévisibles. Avec toutefois un goût prononcé pour le cinéma allemand. Mon avis personnel est que le noir et blanc a donné les meilleurs films de Beatty, dont le meilleur (et le plus connu) se révèle être The black glove. Intemporel, surréaliste et d’un fétichisme extrêmement travaillé (le contraste du N&B poussé au maximum) en font un véritable OFNI, un objet graphique ultra sensoriel pas toujours de très bon goût (le gode en métal, arhem…, la bougie phallique et la séquence cire), mais d’une pureté graphique qui fait immédiatement mouche. Let the punishement fit the child (littéralement : « laissez l’enfant choisir sa punition », totalement sadique et d’un raffinement certain) et Ecstasy in Berlin (un peu trop prononcé sur le léchage de botte en cuir, mais habité par une splendide vision dans les dernières minutes) suivent le classement question qualité graphique, et. Un dernier travail en N&B, Ladies of the night, tente de partir dans le fantastique vampirique, c’est hélas un échec, la timidité de son esthétique et de ses visions le faisant paraître bien fade au regard de ses prédécesseurs.

Photos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in BerlinPhotos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in BerlinPhotos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in Berlin
Photos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in BerlinPhotos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in Berlin

Photos 1 & 2 : the black glove, 3 : let the punition fit the child, 4 & 5 : Ecstasy in Berlin

Dans la couleur, c’est là que Maria Beatty a fait le plus preuve d’originalité, en cherchant vraiment dans tous les styles. Hélas, c’est dans cette catégorie que les résultats sont les plus aléatoires, et en fonction des goûts de chacun, beaucoup seront rejetés. Histoire de clarifier mon angle de jugement, je m’aligne sur The black glove, à savoir un fétichisme exacerbé, une esthétique évidente (un peu expérimentale), une ambiance forte et une sexualité tolérable (c’est purement subjectif, je justifierai ce critère par « une intensité sexuelle adaptée à l’esthétique et au contexte, qui n’agresse pas l’œil au détriment de la recherche esthétique). C’est sans doute un peu vain de ma part de vouloir « borner » la sexualité d’un porno lesbien, mais comme je m’y confronte sous un angle esthétique… Histoire d’illustrer mon propos, on commence avec mon préféré de la catégorie « couleur » : Lust (le bien nommé). C’est une esthétique jaune aux couleurs ultra saturées, dont le caractère fauché fait davantage écho aux VHS des vidéos clubs plutôt qu’à la froideur esthétique de ses précédents travaux. Néanmoins, la chaleur qui se dégage de la pellicule est bien là. Question saphisme, ça y va avec quelques fessées, sur fond de musique affreuse qui se révèle être le principal handicap de cet essai. Silken sleeves arrive juste après (un de ses travaux les plus connus également), rendant hommage aux productions japonaises accros au bondage. Même si je préfère La maison des sévices de Takashi Miike, les couleurs chatoyantes et le modeste fétichisme des cordes donne un certain intérêt à ce travail (je précise que ces deux films sont muets). Enfin, The seven deadly sins (qui pour peu qu’on ait de l’humour, peut recevoir une gentille moyenne (quelques beaux plans, et le ridicule nanar de la soubrette en tablier d’appartement se faisant dominer par une maîtresse de maison très attachée à sa cravache…)). Pour le reste, c’est là que mon dernier critère en dévalue beaucoup. Certains, comme Sex Mannequin (très belle intro) ou Strap on Motel (beau rendu des éclairages des néons) partent d’une bonne idée, mais s’abandonnent à une sexualité bien trop frontale et directe pour prétendre à une recherche artistique. Bon, on sait à quoi on s’expose en regardant un porno lesbien, mais l’étiquette de la maîtrise artistique ne peut guère être avancée ici (oui, la photographie est jolie, mais les détails anatomiques m’intéressent moins que l’ambiance autour). D’autre enfin, comme The Boiler room ou Skateboard kink freak, sont de simples porno lesbien, très underground dans leur approche (complètement SM pour le premier, punk chez le second), mais focalisés sur le sexe et non sur l’ambiance. Au rayon des fantasmes, je préfère laisser chacun chercher ce qui l’intéresse, et dans mon cas, la recherche d’esthétique exotique s’arrête à un certain stade de pudeur. Un petit débroussaillement sur les terres du fétichisme raffiné et du porno lesbien, c’est quand même autrement plus stimulant que la prochaine adaptation de 50 nuances de grey…

Photo 1 : Sex manniquin, 2 & 3 : Lust
Photo 1 : Sex manniquin, 2 & 3 : LustPhoto 1 : Sex manniquin, 2 & 3 : Lust

Photo 1 : Sex manniquin, 2 & 3 : Lust

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 23:58
La planète des singes : l'affrontement

Avec la planète des singes, on avait découvert un blockbuster audacieux qui transcendait la commande du matériau original et nous propulsait au coeur d'une révolution simiesque aussi enragée que communicative. La suite, on l'attendait tous avec impatience. Et la voilà qui arrive, sous la houlette de Matt Reeves, plutôt bon dans l'art de remaker (Let me in). Verdict : on est sur la mauvaise pente, mais ce n'est pas honteux.

L'histoire : Alors que 10 ans se sont passés depuis la propagation du virus, les humains survivants tentent de remettre en état un barrage pour subvenir à leurs besoins en énergie. Toutefois, ce dernier est sur le territoire des singes savants, plus nombreux.

La planète des singes : l'affrontement

Ah, il y a un parfum de déjà-vu qui flotte sur cet affrontement. Pourtant, c'était pas faute d'essayer de détourner nos attentes au cours d'une première moitié qui se révèle être la meilleure du film, à savoir une tentative de cohabitation direct entachée par un cliché humain si con qu'on souhaite direct sa mort. Mais le titre étant ce qu'il est, on sait que la situation va dégénérer, mais hélas, pas pour les bonnes raisons. Le film se vautre en effet sur plusieurs points, à la fois dans son scénario et dans ses détails. Si le cliché du connard à la gâchette facile est le principal problème de la première moitié, celle ci est un bon exemple de continuité vis à vis de son prédécesseur. En effet, elle se révèle plutôt conforme aux méthodes de communications des singes (via le langage des signes), ces derniers ne pouvant prononcer que des mots à une syllabes ou aux sonorités rudimentaires (un excellent point qui impose de regarder le film en anglais, la VF détruisant intégralement ce fragile équilibre). Et sur l'évolution politique et sociale des singes, elle est plutôt bien construite (même si on se demande quel rôle social jouent les guenons portant des ornements sur leur visage, ils n'ont pas encore de culte ou de concubines, que je sache). Et ce fragile équilibre se brise en mille morceaux quand la piste principale du script est découverte.

SPOILER :

Koba, le singe balafré du premier film, tente le coup d'état en assassinant César avant de faire accuser les humains. Ce singe développe dès le début une haine des humains. Mais cette haine, franche et simple, est sans cesse remise sur le tapis, alors qu'on a déjà compris, et de voir alors ce personnage clairement secondaire squatter le devant de la scène, alors qu'il cumule toutes les tares en mode gros cliché, c'est frustrant comme pas permis. Un banal putch avec en prime César qui a l'indécence de survivre pour revenir lui péter la gueule). Raahhhhh ! Putain de scénaristes paresseux ! Le plus frustrant, c'est qu'ils avaient en plus les bases du futur conflit : les singes s'estimaient supérieurs aux humains. Fascisme, ingérence, régulation d'un peuple menaçant mais aujourd'hui faible, il y avait largement matière à faire de la SF politique infiniment plus recherchée que ce cliché de scénario pondu en 5 minutes. Mais bon, le public est venu se divertir, on ne va pas se baser sur son intelligence. Et voilà que Koba (je vais l'appeler kabo à partir de maintenant) se met à parler en sortant des phrases construites avec des notions sortant du cadre simiesque ("on va leur faire payer !" vraiment ?), ils traquent les humains mais ne les tuent pas (ou pas beaucoup), Kabo agresse tous les principes de base de la société des singes et personne ne le remet en question... Les tares s'ajoutent les unes avec les autres. La meilleure, Gary oldman (bon personnage, moins con que ce que la bande annonce laissait présager) se sacrifie pour faire s'effondrer un immeuble... qui s'ébranle à peine avant ce rester bien en place. Un épic fail digne d'un The dark knight rises.

FIN DES SPOILERS

On arrive à la fin du film en se disant : "tout ça pour ça", un blockbuster à la carrure de suite faible qui exploite sans vergogne les bases sans les développer davantage. Heureusement, la débâcle scénaristique fout les singes dans la panade, les voyant maintenant obligés de faire face à un conflit qu'ils ont déclenché, plantant des bases solides pour le 3ème épisode (hélas annoncé à nouveau sous la direction de Matt Reeves). On peut s'attarder sur la facture technique, je laisse les geeks admirer le réalisme des singes, naturellement plus poussé ici pour filmer les nombreuses scènes d'action du métrage. De même, les personnages humains sont plutôt réussis dans l'ensemble. Côté singe, tout le monde est au rendez-vous, on ne peut hélas que déplorer la présence du fils de César, qui affiche une gueule de benêt pendant l'ensemble du long métrage. En résulte un gros morceau décevant, qui se révèle être le gros pétard mouillé de l'été, gâchant le potentiel qu'on lui offrait sur un plateau.

2014
de Matt Reeves
avec Andy Serkis, Jason Clarke

3/6

La planète des singes : l'affrontement
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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 10:03
L'étrange couleur des larmes de ton corps

L’étrange couleur des larmes de ton corps nous était promis (et vendu) comme un giallo psychologique un brin expérimental, misant à fond sur l’expérimentation visuelle et nous immergeant à fond dans son trip. Les critiques mitigées devant les premières projections confirmaient à la fois les espérances et les craintes qu’on pouvait redouter d’un tel projet, et quelques soit le chemin pris, la frustration semble être la seule issue.

L’histoire : un homme rentre d’un voyage d’affaire et constate la disparition de sa femme. Alors qu’il la cherche, il découvre plusieurs faits étranges ayant eu lieu dans l’hôtel où il réside.

L'étrange couleur des larmes de ton corps

Film labyrinthique nous ramenant toujours à son centre, miroir multiple qui multiplie la même image, L’étrange couleur des larmes de ton corps et un tourbillon circulaire qui ne trompera plus personne passé la seconde vision. Dans la mesure où l’on s’attendait à une œuvre psychologique (l’ambition avec Amer était évidente et atteinte), toute l’attention du spectateur sera focalisée sur la recherche de la clef du récit qui nous ouvrira la porte des merveilles et nous permettre d’apprécier pleinement le spectacle, en sachant tout en profitant à 100% du récit. Ben non. L’étrange couleur est un exercice de style intelligent qui échoue complètement, et qui ne peut compter que sur l’indulgence du cinéphile pour recevoir des compensations (essentiellement pour sa technique, flamboyante, et une certaine cohérence dans son organisation). Sinon, tout ce film n’est que vanité. Une compilation d’effets de styles ininterrompue qui n’aura pour principal effet que d’attiser l’agacement du spectateur, se mordant sans arrêt la queue dans un exercice autocentré qui se révèle aussi fourni que stérile. Quand le spectateur n’a pas encore la moindre idée d’une piste d’interprétation, il se heurte à un mur constant, car le film ne fait pas d’effort d’ouverture et joue sur la redondance de certains éléments avec une insistance qui contribue encore davantage à son isolement (appartement fermé de l’intérieur, redondance interminable de la scène de sonnette, plans régulièrement circulaires…). Et quand le mystère est dévoilé… il tient en une phrase. Plus que la frustration d’être dans l’impasse, la frustration de se rendre compte d’autant d’efforts développés pour si peu. Et la prise de conscience de la stérilité du projet, voué à illustrer sans fin une idée résumable en une minute.

SPOILER : on ne va pas tourner autour du pot, la seule explication au film, c’est que le personnage principal, absolument seul pendant tout le film, est l’assassin. Les procédés le centrant au cœur de l’attention sont si démonstratifs qu’ils agaçent, il tue des femmes qu’il nomme toutes Laura (sa femme Edwige disparaît peu à peu complètement), et se révèle si confus dans son quotidien extérieur (métier vague, répétitions confuses, sentiments à côté de la plaque…), qu’il devient impossible de passer à côté. Chaque plan a été conçu pour illustrer le concept, tout en restant dans une logique de séquences dont l’esthétique est toujours poussée au maximum.

FIN DES SPOILERS

Mais même en se contentant d’un niveau esthétique, le film finit par devenir lassant dans son usage abusif de procédés ultra lourd graphiquement, qu’il utilise sans arrêt et sans la moindre notion de dosage. Les réalisateurs sont tellement obnubilés par leur envie de giallo bigger than life qu’ils en oublient d’avoir une histoire à raconter, et que l’abus de procédés visuels conduit aussi à un rejet, passé l’esbroufe visuelle. L’excès atteint un tel degré de kitsch que la beauté recherchée se noie, et nous étouffe (les ¾ des split screens sont complètement inutiles, les séquences noir & blanc saccadées… dont le tiers sont floues ou sombres). Surabondance d’effet et script lacunaire, voilà ce qui creuse la tombe de L’étrange couleur. A cette image, l’usage de la musique est complètement dans cette logique, parfois massacrée par un montage beaucoup trop abrupt (la scène des interphones, insupportable), ou entrecoupée de bruitages tonitruants), participant là aussi à cette impression de dégoût qui n’avait jamais été entrevu dans Amer. Au regard de ces énormes défauts, les maigres moments de bravoure du film (admirable séquence de suspense auditif pour la séquence de la chambre, intéressante parenthèses hors sujet de l’inspecteur…) passent tous au second plan, tant l’effondrement de la formule trahit les volontés initiales du projet. Sitôt créé, le giallo psychologique n’a déjà plus rien à offrir, sinon une auto-citation ultra-stylisée qui ne pourra assurer sa durée que dans la redondance. Une sacré déception dans son genre, mais dire qu’on est surpris serait un peu se mentir. Si « O is for Orgasm » avait consacré cette sensibilité visuelle optimale sur 5 minutes, la voir étalée sur une heure quarante, en plus de contribuer à endormir le spectateur (régulièrement réveillé par les bruitages assourdissants (seul replis pour rappeler au spectateur de garder les yeux sur les images)), renforce son impression de foutage de gueule. Si L’étrange couleur n’oublie jamais le langage des images, il a oublié qu’un film devait aussi enrichir un genre plutôt que de le paraphraser stérilement.

1,5/6

L'étrange couleur des larmes de ton corpsL'étrange couleur des larmes de ton corps
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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 09:58
Je t'aime moi non plus

Si on sait que Serges Gainsbourg a été un sommet de provoc avec ses chansons aux paroles évocatrices (Love on the beat…), il s’est aussi essayé à l’art cinématographique. A une époque où la nouvelle vague fait rage et où le moindre message peut donner au film un caractère engagé propice à son succès, le petit Serges attrape une caméra et passe à la strict réalisation, avec encore un film qui va choquer le bourgeois. Il s’agit de Je t’aime, moi non plus, dont les relens carrément homosexuels (plantés dès l’introduction) contamineront chaque parcelle de cette œuvre, sans la moindre subtilité et avec une insolence qui frise le génie.

L’histoire : Crasky et son compagnon Padovan, éboueurs, s’arrêtent pour manger dans un snak peaumé en campagne. Il remarque alors une serveuse, surnommée Johnny, à la silhouette particulièrement masculine.

Je t'aime moi non plus

Exemple typique d’un film qui n’aurait pu être tourné qu’en France, malgré son étrange visuel sans repères (malgré le français, plusieurs inscriptions sont en anglais). Aucun scénario, tout est directement appelé à n’être qu’une illustration, une variation de son sujet. Aussi, le film ne parle pas vraiment d’homosexualité (bien qu’il envisage la sexualité essentiellement sous cet angle), mais plutôt de la déliquescence naturelle de la structure du couple ou d’une relation durable. L’amour n’existe pas, il n’existera jamais, ce film en est la négation absolue, le porte-étendard des partouzeurs et du free-sex. Il nie même l’importance des sentiments, et affiche un égoïsme constant dans la relation, une cruauté et une large prédominance des pulsions sur le partage. C’est exactement ce qu’on pouvait attendre de Serges Gainsbourg, lui qui a souvent (et parfois avec virtuosité) parlé des maux d’amour. Partant de là, chaque personnage servira à illustrer une idée, sera l’incarnation de telle ou telle pulsion. La forme que prend Je t’aime moi non plus est l’aboutissement du style film d’auteur français, qui mise tout sur sa mise en scène en ayant rien à branler de son scénario, d’ailleurs, est-il seulement important d’en avoir un ? C’est illustrer l’idée qui compte, car le cinéma, c’est l’image et le son. Aussi, on constatera que les cadrages sont immondes, que le montage est approximatif, que la prise de son est dégueulasse. Mais que la bande originale est merveilleuse (souvent sur le décalage, sa petite mélodie romantique accompagnant les pulsions de chacun), et que la mise en scène est d’une maîtrise assez incroyable, en tout cas d’un aboutissement qui justifie à lui seul le visionnage du film. Petite cerise sur le gâteau, la présence de Depardieu dans les seconds rôles, ce dernier jouant un homo toujours accompagné de son cheval, cantonné dans son ambigüité sans jamais tenter un pas vers l’autre. On retrouve aussi Michel Blanc dans la carrure d’une petite tante que tout le monde écrase perpétuellement, et Jane Birkin dans le rôle de Johnny. L’homme pivot, c’est donc Crasky, qui séduit Johnny au nez et à la barbe de son ancien amant. On note donc la satisfaction de cette dernière, les brimades homophobes qu’elle lui fait subir quand ses goûts remontent lors des ébats, l’anéantissement de Padovan. Tout est clairement explicite, et tout énumérer serait long et inutile. Le film met essentiellement en exergue la futilité de continuer à croire en l’amour, de quelque espèce, ce qu’il englobe n’étant finalement qu’envie ponctuelle, pulsion et intérêt personnel. Absolument tout ce que j’ai tendance à détester, mais l’efficace fluidité de la mise en scène crée finalement un tout cohérent, et parfaitement fonctionnel. A la base, ce qui comptait était surtout de choquer le bourgeois. Formellement dans l’insertion en milieu gay où les repères sont brouillés, et dans le fond, avec cette négation ultime de toute forme de profondeur ou de transcendance via l’amour. Cette quête est une impasse, alors autant profiter des opportunités qui passent à portée, tant qu’elles restent dociles et conformes aux règles de vie qu’on s’est établis. Mieux vaut brandir et assumer son égoïsme que tenter de croire en une idée qui n’a, de toute façon, jamais existé concrètement.

1976
de Serge Gainsbourg
avec Jane Birkin, Joe Dallesandro

4,5/6

Je t'aime moi non plus
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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 09:50
I love you Phillip Morris

I love you Phillip Morris a remporté un sacré succès lors de sa sortie, essentiellement pour la prestation inattendue et très appréciable, mettant son style au service d’un arnaqueur gay de gros calibre, avec l’argument de l’histoire vraie et le côté bigger than life qui vient appuyer la démarche gentiment iconoclaste du film. Qui a l’avantage d’avoir de vrais moments de cinéma et des leçons pertinentes sur l’amour, cohabitant avec les clichés connotés les plus criards auxquels on pouvait s’attendre.

L’histoire : Steven, un arnaqueur homosexuel tombe amoureux d’un camarade de cellule : Phillip Morris. Dès cet instant, ils décident de rester ensemble indéfiniment.

I love you Phillip Morris

Voir Jim Carrey dans la peau d’un gay, c’était déjà l’idée qui justifiait le film. Personnage sans ambigüité (si ce n’est dans ses activités professionnelles), le premier degré qui l’entoure (à l’image de son humour très cartoonesque, utilisé ici pour les séquences arnaques, les fraudes à l’assurance ou ses passages au tribunal) fait du bien et permet à l’ensemble de prendre son envol. Sorte de Attrape moi si tu peux avec la romance gay pour marquer l’identité du film et honorer les promesses de l’affiche. Dans ce rayon, pas de problème, le film remplit largement ses quotas, avec même l’humour « trash » habituellement de rigueur (le sexe cru, l’exposition des attirances de Steven) pour bien marquer ses sympathies et assumer sa carrure. Mais le trash sait parfois aussi se montrer discret, comme dans l’exposition du milieu carcéral (jouant beaucoup sur les clichés du milieu). Sur les questions qui fâchent (la « prédisposition » notamment), le film se montre en revanche plutôt léger, évoquant l’idée via le running gag des nuages, anecdote plutôt légère en soi. Le film surprend en revanche avec plusieurs constats édifiants, en intégrant complètement que la relation amoureuse s’entretient en délaissant le monde extérieur, ou en l’exploitant à son profit. Steven se payera toujours la vie luxueuse avec Phillip en arnaquant, sans qu’il soit possible de jamais l’arrêter (ses vagues promesses intérieures sont oubliées dès l’instant où elles sont prononcées), et cela quelqu’en soit le prix (le tabassage du voisin bruyant en prison). Une petite claque dans le genre, et un constat plus intelligent et sensible que ce que les promesses comiques promettaient. Il en est de même pour les séquences cinématographiques (la danse en cellule, les retrouvailles…). Inattendu de trouver quelques tentatives virtuoses d’étoffer la romance en cours, parfois en s’offrant le luxe du muet pour mieux laisser s’exprimer les émotions. Toutefois, le film a tendance à accumuler les clichés, dans une mesure parfois agaçante (les chihuahuas…). La gestion du cliché dans ce genre de projet est délicate, car leur utilisation témoigne aussi de la volonté du film de ne pas non plus trop se prendre au sérieux, et de rire un peu de ses personnages en leur donnant des détails caricaturaux (et souligner ostensiblement un cliché, c’est un trait de provoc assumé et jubilatoire), mais leur accumulation pèse parfois un peu, et à plusieurs reprises franchit un peu la barre très subjective de la dérision (le golf, par exemple, un gag un peu long qui ne fonctionne pas). Le ton gentiment insolent du film en diminue parfois la portée, en diminuant l’impact sentimental car la volonté comique est parfois trop privilégiée, car on est là pour rire, en premier lieu. Mais quelques belles séquences, et le refus du film de céder au pessimisme (l’énergie que déploie Steven à s’évader pour se faire cueillir à chaque fois chez son amour) en font une comédie finalement sympathique, avec quelques traits de bravoure insoupçonnés, et la prestation d’un Jim Carrey qui redore son blason.

2009
de Glenn Ficarra, John Requa
avec Jim Carrey, Ewan McGregor

4,4/6

I love you Phillip Morris
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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 21:00
The raid 2 : Berandal

Autre grosse attente de l’année, the Raid 2 était prévu pour être un bon poids lourd de l’été 2014. Polar, action, violence interdite aux moins de 16 ans, les mamelles du cinéma d’action moderne qui se lance corps et âme dans le combat. N’en déplaise aux détracteurs, question rythme, The Raid était un sacré modèle du genre, se donnant 5 minutes pour planter l’introduction, puis embrayant direct sur un rythme ininterrompu (on ferme les yeux sur les 5 à 10 minutes de temps mort au milieu) qui ne nous lâchait qu’à la toute fin. Ici, the raid 2 a en plus un scénario. C’est tout gagné, il va enfin pouvoir passer auprès de tous les publics ! Et bien non.

L’histoire : Le frère de Rama est exécuté par Bejo, un escroc bouffi d’ambition qui cherche à s’implanter par la force en Corée. Afin de s’en rapprocher, Rama s’infiltre dans le milieu criminel via le fils d’un des grands parrains, détenu en prison.

The raid 2 : Berandal

C’est vraiment marrant, car le seul reproche que je faisais à The Raid, c’était le manque de scénario, sa trame rachitique et ses gros clichés pour ne pas avoir à développer. Ici le scénario, même si il fonctionne lui aussi avec quelques clichés (ah, cette bonne vieille rivalité père-fils dans les milieux du crime), est suffisamment développer pour avoir une petite consistance. Le problème, c’est qu’il fait passer la durée du film à 2h30. Résultat : il n’y a plus de rythme. Les chorégraphies qui nous semblaient si efficaces dans le premier semblent ici beaucoup plus artificielles et plates, les grands espaces dans lesquels les combats ont lieu diminuant l’immersion et la proximité. Ce n’est même pas une question de lisibilité, l’action se suit parfaitement. Mais le climat étant clairement moins axé sur la peur et l’urgence, la formule se révèle tout simplement moins efficace. Comme en plus, le film fait 2h30, l’action est diluée dans le lot, sous la forme d’une scène costaude toutes les 10-15 minutes histoire de se rappeler qu’on est dans The raid 2. Mais le résultat est clairement moins impressionnant. Curieusement, même si ce n’est pas faute d’avoir voulu élever un peu le quota de violence (marteau, batte, machette, sourire de l’ange au cours de la baston boueuse), le résultat est moins percutant que son prédécesseur, qui s’attardait à peine sur ses effets gores, privilégiant clairement le rythme. Du coup, chaque combat n’a pas vocation a marquer durablement le spectateur, on zappe même facilement ceux du milieu. Seul le combat dans la boue (bordélique, mais doté d’une certaine esthétique) et l’assaut final (qui donne enfin le quota de violence et d’intensité à la hauteur de son prédécesseur) remplissent le cahier des charges. Soit en tout et pour tout 20 à 25 minutes sur 2h30. Le reste tient de l’accessoire et du gadget, naviguant entre le cahier des charges et le superficiel, la personnalité des protagonistes étant toujours gentiment éludée, et les enjeux ne sortant jamais du cadre du polar classique. Une ou deux révélations ça et là, un brin de suspense pour quelques séquences… C’est finalement le manque de surprise qui mine les fondations de The raid 2. Le premier bénéficiait clairement de l’absence d’attentes, et avait fait monter les enjeux si haut en termes d’intensité combative qu’on s’attendait à une explosion pour le 2, qui n’est somme toute qu’un film potable. Une gentille direction artistique, et quelques idées sympathiquement efficaces qui hélas ne rachètent pas la débâcle. Une belle déception.

2014
de Gareth Evans
avec Iko Uwais, Julie Estelle

3/6

The raid 2 : Berandal
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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 20:52
Welcome to New York

Welcome to New York nous a été vendu comme le film à scandale du moment, tentant de mettre sur le compte de la polémique les torrents d’avis mitigés qu’il a suscité lors de sa découverte en public. Et maintenant qu’il est relâché en VOD, les critiques assassines pleuvent ! Palsambleu ! Se pourrait-il qu’Abel Ferrara, monsieur Bad Lieutenant, ce génie qui nous a offert des chefs d’œuvres intemporels, soit lui aussi au bord de la déchéance ? Oui, c’est le cas.

L’histoire : Deverau/DSK, président d’une institution bancaire mondiale (FMI), est un gros porc. Faisant un arrêt dans un hôtel de luxe, il est pris d’une pulsion incontrôlable sur une femme de chambre (Nassifatu Diallo). Repartant en France, il est arrêté dans l’aéroport, et commence alors son procès.

Welcome to New York

Je ne comprends pas pourquoi le film a remplacé les noms de tout le monde dans l’affaire, tant il s’échine à la reconstituer avec tout ce qu’on a pu lire dans la presse. Dans ce film de deux heures, seule la dernière demi-heure est digne d’intérêt. Tout le reste ne change pas d’une ligne ce qu’on a pu lire dans les médias, et c’est peu dire qu’on n’a pas raté une miette de l’affaire, et combien ce film arrive en retard. On est tous passé à autre chose, et par la reconstitution, le film n’atteint rien, et ne montre rien. On aurait aimé croire à un brûlot polémique sur le pouvoir, avec un Abel Ferrara osant forcer la proximité entre le public et le gros porc et une performance de Depardieu à la hauteur. Mais au lieu de cela, c’est la déchéance totale. Pas de Depardieu, lui c’est déjà consommé depuis longtemps, et il s’en amuse très bien (son physique dégueulasse convient parfaitement au personnage). D’ailleurs, lui avoir laissé le pré générique, où il vomit sa haine des politiques et dit combien il déteste Strauss Khan (il ne parle même plus de son personnage), avant de bredouiller une connerie sur le jeu d’acteur, ça annonçait direct combien le projet était foutu. Et là, on a une caméra à l’épaule tremblotante, qui cadre maladroitement Depardieu en train de peloter ses secrétaires, avant de rejoindre une partouze, pendant laquelle il pousse des grognements d’animaux. Le degré zéro du jeu d’acteur interprétant la décadence, rien d’autre qu’une sex tape lubrique sensée jouer la provoc. S’ensuit la scène de « viol », mécanique, et les étapes de l’arrestation (où est mon black berry ?) puis le procès. Et pendant cela, rien. Le vide. On a l’impression que Depardieu a été laissé en pleine improvisation, et qu’on est en face d’un film de Herzog en mode commercial, qui tourne pour vite sortir le film. Cette facture anti-cinéphile (c’est un TV film grossier), navigue sur les eaux calmes de la nullité vide, malgré quelques éléments qui entretiennent l’espoir. Depardieu notamment, malgré la puanteur de ses motivations, l’interprète sans problèmes, il peine en revanche à lui donner de la profondeur. C’est enfin ce qui arrive dans la dernière demi-heure, après un mémorable « qu’ils aillent tous se faire enculer ! » prononcer face caméra à tous ses détracteurs. Enfin, le personnage commence à vouloir parler de ses désillusions, de sa complaisance dans ses vices devant l’énormité de sa tâche et devant les attentes de tous ceux qui l’entourent. D’intéressantes idées, ne dépassant hélas jamais le cadre du monologue, à la rigueur, un dialogue animé. Entre temps, le reste, d’une mollesse gluante, manque de noyer le spectateur. La déliquescence, c’est ce qu’on pourra retenir de Welcome to New York, qui marque la fin d’une carrière, et aucun renouveau. Même plus de couilles, ou alors vidées depuis longtemps…

2014
de Abel Ferrara
avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset

1,4/6

Welcome to New York
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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 20:44
American nightmare 2 : anarchy

American Nightmare (aka The purge) était un film avec un sacré potentiel qui restait sous exploité. L’accession au rang de saga avec l’arrivée d’une suite plus ambitieuse (étendant son concept au-delà des limites de la simple demeure) était une assez bonne nouvelle, dans la mesure où le concept pouvait prendre une ampleur dépassant de très loin son modèle. J’y croyais, à cette purge anarchiste. Bien mal m’en a pris…

L’histoire : une serveuse mexicaine et sa fille politisée, un mystérieux inconnu sur-armé, un couple au bord de la rupture se retrouvent dehors pendant la nuit où il ne fallait pas.

American nightmare 2 : anarchy

On ne va pas reprendre les éloges sur le potentiel énorme d’une idée de légaliser le crime durant une nuit aux USA, il y a tellement de bonnes idées sociales qui en découleraient qu’on valide direct n’importe quel projet allant dans ce sens. Ici, la multiplicité des personnages principaux, ainsi que le cadre urbain de la purge nous promettaient un survival riche en rebondissements, tout en se frottant à des sujets sociaux. Encore aurait-il fallu que le scénariste s’y attaque avec subtilité. Car c’est bien là que le bas blesse. L’introduction, meilleur passage du film de très loin (personnages plutôt bien introduits, différentes menaces potentielles qui se profilent avec des figurants patibulaires encore tenus par les laisses de la loi en attendant que commence la nuit de purge), a le don de planter des thématiques fortes (lutte des classes, enjeux politiques derrière la purge, détails qui la rendent crédibles (banques vidées, barricades plus ou moins efficaces, et ses étranges balets de camions chargés de militaires surprotégés s’attaquant à des immeubles entiers), en bref tout ce qu’il fallait pour faire décoller le film et l’élever à un rang de brûlot politique, malgré sa ratification -12 ans (autant dire que le gore du premier épisode est considérablement affadi). Mais comment retenir sa rage de voir tout ce potentiel gâché par un film qui finit par s’embrigader dans un des aspects les plus caricaturaux de la situation créée par la purge, et surtout, pour notre plus grand malheur, d’en prendre un parti démagogique au possible. Peu à peu, malgré les multiples digressions à base de suspense et d’action, le chemin qui se trace est aussi clair qu’atterrant : la purge, c’est le moyen pour les riches de tuer les pauvres. A croire que le 1% n’ait pas déjà assez de phagocyter les richesses du monde qu’ils doivent en plus soulager leur psychopathie latente (l’argent corrompt et vous transforme en requin sanguinaire) en trucidant des pauvres (pour de l’argent, du coup). Oh, certes, il y a quelques petits personnages qui montrent les tiraillements intérieurs dans les classes (le voisin lubrique, les petits gangs rabattant le gibier pour le livrer sur un plateau d’argent aux richards), mais c’est bien à cette réduction des enjeux que le film se livre. Pire même, il se range du côté des pauvres, sous le commandement d’un négroïde à lunettes absolument imblairable, qui enchaîne conneries sur conneries dans ses spots publicitaires (je le voyais dès l’introduction comme un agitateur tentant de plaquer sur la Purge ses propres idées politiques (un des risques sur internet quand on se calque sur des sources alternatives d’informations sans les remettre en question) histoire de former une mini armée ayant pour but de trucider les riches pour s’approprier leurs richesses, c’est dire ma rage en me voyant obligé d’adhérer à sa cause). Tout, dans la conclusion, confine au pathétique, rabaissant les ambitions à un duel presque indigne d’un Elysium, dont la plus grande connerie consiste à manifester contre la purge… en purgeant les riches. L’épilogue a beau essayer de relancer un message social fédérateur au premier degré (qui peut donc facilement passer pour un cliché agaçant), la dernière révélation qu’elle nous fait explose à nouveau les quotas de connerie politique, à savoir que c’est le gouvernement qui purge les indésirables, essentiellement dans les logements sociaux, histoire de maintenir les quotas. Mais tout ceci est aberrant. Si le film faisait le moindre effort pour rendre ses idées crédibles (en prenant ces éliminations visées sur des critères de dépendance aux allocations, sur les hôpitaux… là, on aurait des éléments terrifiants retournant la bureaucratie contre ses usagers (un sujet excellent pouvant parler du patriot act de façon déguisée), on pourrait adhérer à une révélation nazie de cette taille, mais là, c’est juste impossible. Tout comme il est aberrant de croire que le gouvernement enverrait ses propres agents faire le boulot (les compagnies privées qui sous-traitent, c’est quand même plus discret…). A force de raccourcis et de simplifications, American nightmare 2 s’enfonce dans la connerie et accouche finalement d’un simple film bis. Certes, le suspense fonctionne gentiment pendant quelques scènes et les parcours en ville procurent leur taux d’adrénaline. Mais les grosses couilles reviennent régulièrement (le héros surarmé aide les autres personnages parce que, il continue à les protéger après le tour de cochon qu’on lui a fait, les snipers sur le toit ne tirent pas un seul coup, la fille nous casse régulièrement les couilles avec ses revendications politiques communistes), et quand arrive la scène du music hall, où les riches tout sourire font monter les enchères pour se payer une chasse au pauvre en mode laser game version purge, c’est plus possible. Les espoirs s’effondrent, les maigres restes (luttes internes, individualisme d’autant plus fort qu’il s’agit de survie, sous texte politique…) s’envolent et seul la merde semble s’être incrusté. Reste les scènes urbaines, au suspense parfois efficace. C’est d’autant plus glaçant quand nos personnages passent devant le cadavre d’un trader mis en pièces devant sa maison, à peine gratifié d’un « il l’avait sans doute mérité ».

2014
de James DeMonaco
avec Frank Grillo, Carmen Ejogo

1/6

American nightmare 2 : anarchy
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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 14:05
Dragons 2

Dragons 2 se paye la luxueuse réputation de suite dépassant l’original. Pour l’un des meilleurs films d’animation de la nouvelle décennie, c’est un coup de pub phénoménal. Il faut dire qu’on a mit les petits plats dans les grands en voulant réunir à la fois le public enfantin, familial et les amateurs d’épique avec ce divertissement de gros calibre, qui nous promet du dragon à la pelle, une scène de bataille épique et un petit renouvèlement familial bienvenu. En l’état, le film tient-il la comparaison avec son prédécesseur ? Pas vraiment…

L’histoire : Le village viking de Burk vit maintenant en harmonie avec les dragons. Harold en profite pour faire des explorations qu’il pousse toujours plus loin. Jusqu’au jour où il découvre un nouveau nid de dragons protégé par un étrange dragonnier.

Dragons 2

Ne soyons pas trop sévères quand même, Dragons 2 a un potentiel divertissant tout à fait à la hauteur de ses arguments. Les dragons sont toujours là, les différentes scènes de vol sont toujours grisantes, et le scénario, en plus de ménager davantage de passages épiques, a la bonne idée de développer les bases de son prédécesseurs sur l’organisation sociale des dragons et ici l’exploiter pleinement. Les scènes de bataille apportent largement leur quota de rebondissements, et on ne s’ennuie jamais avec un récit qui progresse sans arrêt. On relèvera le grand soin apporté à la facture technique, les décors sont impressionnants et le cadre toujours enchanteur, tout à fait propice à l’aventure enthousiaste. Alors, qu’est-ce qui cloche dans Dragons 2. Quelques petites choses ça et là qui parasitent un peu l’ensemble, et qui alourdissent le tout malgré les excellentes pistes (je pense à la mort d’un protagoniste principal particulièrement inattendue et réussie). Dans le scénario par exemple, les enjeux consistent ici essentiellement à retrouver Drago et son armée pour en finir une bonne foi pour toute. Mais chose curieuse, on ne nous dévoile jamais les origines de ce personnage, ni comment il a réussit à dresser (par la brutalité, il va de soi) le dragon lui donnant autorité sur les autres (il n’a aucun don particulier dans ce registre). Les liens familiaux d’Harold sont davantage explorés avec l’arrivée de sa mère, gardienne d’un nid de dragon et protectrice de l’alfa, créature millénaire défendant le nid. Mais les retrouvailles entre les deux parents donnent lieu à une séquence chantée dont on se serait passé volontiers (pas la peine de montrer que les vikings savent chanter pour montrer qu’ils ont des sentiments). C’est ponctuellement, par détail, que Dragons 2 déçoit. Tout comme le design de l’Alfa de Drago… pompé directement sur celui du nid. Dans le genre déception, elle est de taille. De même que l’issue de la bataille, où le gigantisme des créatures peine clairement à être mis en valeur, avant de conclure en une minute chrono la séquence (il est vrai que le protagoniste secondaire important meurt aussi à ce moment là, mais autant monopoliser l’attention sur son cas élude beaucoup l’impact catastrophique. Musicalement parlant, John Powell s’est surpassé, c’est la bande originale du premier, en mieux. Sauf pour un remix un peu électro totalement anachronique (qui ne doit même pas avoir été composée par lui) exploitée pendant les scènes de vol qui n’a rien à faire ici (un peu comme si d’un coup, on entendait du M83 pour créer du lyrisme). Encore un détail. Et on peut en citer encore (le combat final avorté, l’amitié plus forte que l’hypnose (ben voyons !)). A titre personnel, les enjeux de cette suite m’ont moins intéressé (étoffe d’un chef, découverte de caractères insoupçonnés dans sa famille) que ceux de son prédécesseur (amitié inter-espèce, évolution des mentalités, émancipation), qui se révélait ambitieux tout en respectant la carrure de ses personnages (modestes ou bourrins). Alors qu’ici tout le monde est bourrin pendant les combats, mais distingué limite poète pendant les séquences émotions. C’est ce dernier point qui fait la différente, les deux films étant qualitativement comparables. Cette suite est simplement plus hétérogène que son prédécesseur, en cumulant de bonnes idées (revirement de krokmou inattendu et dramatique) et les lourdeurs (la love story entre la blonde et le chasseur de dragon à base de « j’te kiffe ! »…) qui en amoindrissent la portée. Le film n’a pas enflammé la salle, mais bon, c’est tout à fait correct.

2014
de Dean DeBlois
avec Jay Baruchel, Cate Blanchett

4/6

Dragons 2
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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 14:00
Jimmy ScreamerClauz, la réévaluation

Suite à beaucoup de discussions, de plaisanteries vulgaires et d’interrogations personnelles, voici que vient le temps d’une réévaluation de Jimmy ScreamerClauz et de son œuvre. Il apparaît en effet qu’une fois la baffe digérée, Jimmy ne soit pas aussi glauque que ça, ou plutôt que son glauque n’a pas beaucoup d’emprise, pour peu qu’on ait un minimum de culture dans le malsain et le déviant. Histoire d’appuyer mon propos, j’ai revu le dvd de Where the dead go to die avec les commentaires audios de Jimmy, et c’est finalement assez amusant de l’entendre délirer sur sa création, puisqu’il y avoue, sur le ton de la farce, n’avoir jamais tenté d’y délivrer une œuvre construite. Chacun de ses segments a été réalisé indépendamment de l’autre, seul l’ordre chronologique de parution justifie la redondance de certains éléments. Il apparaît surtout que malgré son ton résolument sérieux, Where the dead go to die est un condensé d’humour trash typique de son auteur, qui mixe un globi-boulga de références personnelles (extra terrestres, symboles sataniques, mais aussi Lassie avec le désormais culte Labby (sodomise moi sur un cadavre putrescent)), en souhaitant faire régulièrement des orgies de mauvais goût qui le font régulièrement partir en fou-rire. Curieusement, Where the dead semble finalement être une comédie ratée, où la déconnection de son auteur a créé les passages les plus traumatisants de son œuvre (enfin, à l’époque, Jimmy a depuis fait bien pire dans ses clips, qui surpassent en violence l’ensemble de Where the dead). A cet autisme se rajoute une fièvre créatrice folle alliée à une paradoxale réduction de ses thématiques. Quoiqu’il entame, on sait déjà qu’on retournera à des visions organiques entremêlant insectes, vagins, fœtus avortés, asticots et saillies brutales, avec des combinaisons plus ou moins difformes d’animaux et d’humains. Mais malgré cette réduction, chaque vision de Jimmy parvient à trouver de nouveaux monstres, de nouveaux cauchemars, dont l’agressivité excessive heurte toujours puissamment le spectateur.

Jimmy ScreamerClauz, la réévaluation

Jimmy reconnaît être un artiste médiocre. Il admet être nul en dessin, et être une vraie bille en modélisation 3D, ce qui explique les graphismes hideux de ses œuvres. Mais parce qu’il doit se vider la tête pour continuer à vivre, il accouche œuvre sur œuvre, en les avortant parfois sans se retourner car d’autres sont déjà en cours de maturation. Jimmy est polymorphe, il fait de la musique speedcore absolument abjecte, de la peinture, du coloriage mêlant crayon de couleur et extraits de magazines porno, et au cours de where the dead, on voit clairement l’évolution de ses techniques. Ce foisonnement donne au moins à Jimmy la carrure d’un artiste. Il n’obtient pas de résultat dépassant le stade du brouillon, mais il n’a pas la patience d’attendre deux ans pour faire un film. Tout doit sortir, au plus vite. On tient un artiste esclave de sa création, qui à défaut de lui rendre justice, produira avec foisonnement jusqu’à la fin. En cela, il mérite peut être une reconnaissance, après bien sûr son titre d’artiste le plus choquant d’Amérique.

Toutefois, la troisième partie de Where the dead a tendance à me hanter. Pour une raison assez simple, son protagoniste principal. Contrairement aux deux premières histoires qui n’installaient aucun lien sentimental susceptible de provoquer la sympathie du spectateur, la troisième met en scène un authentique freak, dans un quotidien glauque. La déformation physique (hommage revendiqué à Basket case) et le climat familial qu’il traverse sont insupportables et ont tendance à provoquer une immédiate compassion. Et ce rapprochement se trouve davantage renforcé quand commence cette amitié avec sa voisine, de son âge. Mais Jimmy ne tient pas compte de l’affection du spectateur, et salit volontairement et copieusement ce qui s’est installé avec l’introduction de pornographie infantile, incluant peu à peu la participation active de notre protagoniste dont on se sentait si proche. Si Jimmy est sans limite, il n’a pas non plus de respect pour ses créations et pour avoir une démarche construite. Il se fout des attentes, celle qu’il crée sont accidentelles, et chaque personnage génère un chaos, plus ou moins perturbant selon les tabous qu’il agresse. Toutefois, si le statut de personnage en 3D permettait juridiquement de laisser passer les visions dérangées de son auteur, la pornographie infantile qui m’avait révulsée n’est pas directe (la suggestion n’a en revanche aucune ambiguité, on sait parfaitement ce qu’on est en train de voir), preuve quand même que la 3D a quelques limites question juridiction.

Jimmy et ses films

Jimmy et ses films

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