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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 11:00
Terminator Genisys

De l'avis des détracteurs, le pire de la saga, et très peu d'avis vraiment favorables. Ce nouveau remoot (ou rebake, au choix) est mû par une formule rigolote qui de par son essence est vouée à s'aliéner les fans endurcis, puisqu'elle nie aussi les deux opus de Cameron. Elle leur roule dessus dèls le départ, malgré l'introduction très dark future, de très loin la plus fidèle de toutes les versions au matériau d'origine. Mais quand on voit commence les choses évoluent, difficile, en tant que gardien du temple Cameron, de croire que ce dernier ait validé le projet d'un "Vous allez aimer Terminator Genisys !"

L'histoire : Skynet est enfin vaincu, en ayant toutefois eu le temps d'envoyer plusieurs terminators dans le temps, John Connor envoie alors Kyle Reese pour rectifier le tir. Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu...

Terminator Genisys

La formule en question est cohérente avec la logique d'évolution de la saga, et en rupture avec la représentation du temps initiée par Cameron. Chez ce dernier, les évènements étaient fatals, on pouvait les retarder, mais jamais être sûrs de leur disparition. Ici, on peut aller et venir dans le temps, et forcément, comme on joue avec le continuum espace-temps, le destin doit changer, et le futur change à vitesse géométrique. Les introductions des films de Cameron sont ultra plaisantes à ce niveau, et même la façon dont elles dégénèrent par l'intervention de nouveaux détails qui bouleversent le déroulement des évènements. Le retour du T-1000 est en tout cas un bonheur, et le vieux modèle se targuant d'un "daté, pas obsolète !", on tient là l'atout charme qui a ravit mon âme de cinéphile. L'usure de la moyenne vient davantage sur la longueur. L'intégralité des scènes d'action numériques échoue à créer les moments de tensions nécessaires au rythme. Si une séquence comme celle de l'hôpital arrive à peu près à faire un concept avec le scanner, celle du bus scolaire achève de rendre le spectacle artificiel et en surenchère. C'est à trop vouloir étaler le pognon qu'on crée un effet Marvel alors que ça fait des années qu'on n'a pas vu de Terminator (et encore, les scènes d'action numériques de Renaissance avaient un petit punch attachant, car oui, je trouve que Renaissance supplante très largement le 3 et ce Genisys). Cette monotonie tue le vent d'originalité qui agitait ce bon début. Les acteurs ne viennent alors guère changer la donne, complètement vérouillés dans leurs rôles, et surtout sans jamais nous redonner l'essence des personnages originals de la saga. Sarah Connor n'est plus Sarah, et pourquoi je pense toujours à Die Hard 5 quand je regarde le nouveau Reese ? En fait, ils ont inversé les rôles, Reese a des oeufs au plat et un gros fusil à lunette alors que Sarah s'assoit côté passagé et fait du concours de chargeur avec le joujou de service. Final un peu décevant pour ce blockbuster qui commençait gentiment et qui se vautre avec un manque d'immersion, ce Genisys sera surement vite oublié, et illustre une nouvelle fois ce qu'on peut appeler la "moyenne" dans le blockbuster, facile à digérer mais absolument non marquant (vous vous souvenez du hamburger que vous avez commandé l'en dernier ?)

5/10

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 15:44
James Bond : Pierce Brosnan
James Bond : Pierce BrosnanJames Bond : Pierce Brosnan
James Bond : Pierce BrosnanJames Bond : Pierce Brosnan

La saga James Bond a acquis une telle renommée qu'elle constitue à elle seule un canon du genre cinéma d'action, qui se révèle très intéressant à étudier pour son évolution chronologique et ses grandes variation de qualité. Succédant à Timothy Dalton (moyenne performance malgré le notable Permis de tuer), il est lancé en 1995 avec Golden Eye, marquant à plusieurs niveaux. C'est sur la suite en revanche que viendront les critiques, notamment avec le cas Le monde ne suffit pas. Une injustice quand on le redécouvre aujourd'hui, ce dernier offrant bien plus que Demain ne meurt jamais et Meurs un autre jour, qui compte parmi les pires de toute la saga. Retour sur une séquence polémique...

James Bond : Pierce Brosnan

Golden Eye (1995) : Lancement de folie pour Pierce Brosnan, qui bénéficie du rôle titre dans l'un des opus les plus salués de la saga. A raison, déjà pour son script plutôt original fonctionnant encore sur quelques bases de la guerre froide avec un sens assez aigu du suspense, le ton alternant entre sérieux (le final, le vol du réseau satellite...) et foutraque (la course poursuite en char d'assaut). Peu importe que ce soit toujours plus gros (l'introduction), l'équilibre est trouvé, le film parvenant parfaitement à s'intégrer dans sa décennie en termes de style, l'exemple marquant étant la présence d'Eric Sera à la bande originale. Malgré les déboires de post production (il paraît qu'il aura fallu pomper les musiques de l'opus précédent pour combler les lacunes de partition), son style imprègne considérablement le film, alternant avec le lugubre (toutes les scènes satellitaires) et le rythme musclé du thème des scènes d'action qui envoie clairement de la pression. Efforts également du côté des méchants, avec un 006 roublard et interprété efficacement par Sean Bean, escorté pour le coup du parfait exemple de la méchante marquante, la grosse salope sadique qui étouffe ses victimes au cours d'étreintes mortelles. Mêlant constamment mort et libido, achevée avec une blague parfaitement dans le ton nanar qu'on attendait, elle assure le spectacle avec jubilation et efficacité. Enchaînant régulièrement les séquences d'action sans endormir pendant les explications de circonstances. Même dans la façon dont il gère les gadgets, le film est doté d'intelligence. La simple séquence du stylo illustre la gestion maligne des quelques petits trucs utilisés ça et là pour doper le suspense en respectant l'esprit de la saga. Avec en plus une associée enfin utile avec ce petit charme russe qui lui donne immédiatement un plus sur la standarde james bond girl. Et à titre personnel, l'usage régulier de maquettes pour les effets spéciaux a gagné ma sympathie. Quant à la performance du Pierce, le rôle lui va comme un gant, le naturel de sa carrure de héros parlant de lui même, en smoking ou en simple blouson de para. Un baptême du feu tout à fait concluant.

1995
de Martin Campbell
avec Pierce Brosnan, Sean Bean

James Bond : Pierce Brosnan

Demain ne meurt jamais (1997) : On tombe de trèèèèèès haut ! Ridicule dès son introduction, on sait déjà qu'on va être mort de rire pendant la séance, mais pas forcément parce que c'est un bon film. On retrouve les excès d'un Moonraker, sans en atteindre toutefois la nanardise (le panache de ce dernier est sans égal). Dès les 5 premières minutes, Pierce Brosnan se fait étrangler dans un cockpit, pilote un avion de chasse sans les mains en évitant un missile numérique dégueulasse avant de flinguer les ennemis à coup de sièges éjectables. Du Bond bigger than life incapable d'être sérieux qui va constamment étaler sa médiocrité, avec qui plus est un des méchants les plus ridicules de la saga. Enfin bon ridicule, c'est sur qu'un Goldfinder ne l'était pas beaucoup moins, mais il y avait une certaine classe... En fait non, ce mégalo qui décide de trucider des innocents pour créer des conflits et les filmer pour faire du buzz sur ses réseaux de communication, c'est au niveau de la saga question finesse. Mais qu'est-ce que ça en devient lourd. Il n'y a pas la moindre surprise, à aucun moment. C'est un déluge gras de pyrotechnie gratuite qui enchaîne les péripéties clichées sans jamais chercher à faire le moindre effort de tension ou de suspense, parce que c'est James Bond, mec ! James arrive à un endroit, fait son enquête, des méchants arrivent pour le tuer, mais James, avec ses gadgets, les tue avant. Et c'est ce schéma qui se répète 3 ou 4 fois, à chacun des temps forts en fait. Et voilà que la femme du méchant a connu James, et qu'elle craque à nouveau pour sa gueule, alors le méchant il la tue, et faut la venger... Il faut quand même noter que le méchant est ici interprété par Jonathan Price, un acteur que j'apprécie beaucoup. Qui fait ici un cabotinage bien poussé particulièrement lourd sur la longueur. Inutile de dire combien la dénonciation qu'il est sensé véhiculée est ridicule et en dehors de toute réalité, ce n'est pas la mission d'un Bond de toute façon (quoique certains se sont révélés beaucoup plus subtils dans la gestion de leur contexte). Mais en montrant dès la fin du générique sa façon de procéder, il n'y a plus la moindre découverte possible. Et puis normalement, il faudrait une heure au MI6 pour en déduire que le premier informé était forcément au courant que ça allait se produire, et hop, affaire réglée sans gadget et explosions... Quant à la deadline de 48 heures, elle comprime les enjeux avec autant de saveur qu'un Quick'n toast, marquant un peu plus la catégorisation de produit consommable de l'engin en cherchant à créer artificiellement un rythme qui n'existe pas. Tout le monde semble l'avoir oublié, et ce n'est vraiment pas un tort. Pierce aura beau jouer la carte de l'assurance dans la peau de l'agent secret, la direction d'acteur laisse tout le monde partir en roue libre, à l'image de cet homme de main, tout juste sorti de Beowulf (celui avec Christophe, le meilleur).

1997
de Roger Spottiswoode
avec Pierce Brosnan, Jonathan Pryce

James Bond : Pierce Brosnan

Le monde ne suffit pas (1999) : Avec Golden Eye, la plus connue des contributions de Pierce à la saga, épaulée par la belle Sophie Marceau, qui trouve un rôle cliché finalement fonctionnel (qui prendra enfin toute sa dimension pendant la séquence de la chaise, malheureusement tardive, qui n'éclipse pas la petite romance occupant la première heure et demie). Robert Carlyle se contentera efficacement d'être un petit personnage indestructible qui fait finalement le poids dans son rôle. Le film se paye même le luxe, disons le, du meilleur générique de la saga Brosnan, que ce soit la musique ou la cohérence de l'esthétique jouant avec les textures du pétrole. Le gros problème de cet opus, c'est son rythme. Clairement en dents de scie malgré les efforts que fait l'introduction (plusieurs séquences rythmées, malgré l'idiotie du script concernant le mystérieux tueur). Mais quand il s'agit de présenter les personnages, difficile de sortir des clichés tout en jouant le suspense. Ce dernier fait encore une fois défaut dans une grande majorité du film, mais le quotas d'action se révèle plus ambitieux. Entre la course poursuite en ski, l'attaque du centre de stockage militaire et l'intervention dans le pipe line, le développement se suit assez bien, ouvrant sur un final plutôt ambitieux qui lui, offre un peu de spectacle. Inattendue et plutôt bien gérée, la conclusion rehausse le niveau, assez pour rendre le film tolérable. Surement que les clichés rebuteront toujours les cinéphiles puritains, mais Le monde ne suffit pas est loin d'être le four qu'on nous décrit souvent. Qu'on se rassure, sa suite se chargera d'enterrer définitivement Pierce.

1999
de Michael Apted
avec Pierce Brosnan, Sophie Marceau

James Bond : Pierce Brosnan

Meurs un autre jour (2002) : Dernière contribution du Pierce, et on remercie grandement les producteurs de s'être arrêté là. S'enfonçant dans les abîmes du ridicule dès l'introduction (l'arrivée en surf sur les plages de Corée du Nord aussi furtive qu'une fanfare de quartier), ce James Bond se caractérise par la réalisation peu inspirée de Lee Tamahori, qui parce qu'il est asiatique, pompe le style de John Woo, mais une fois qu'il s'est importé sur le sol américain. Si la course poursuite en aéroglisseur est plutôt bien retranscrite, le générique est un supplice chinois. Quelques belles images (et surtout une cohérence dans ce qu'il représente, une première) sur une musique dégueulasse, sorte de techno pop immonde qui ruine toute tentative d'espoir. Avec une caractérisation du méchant parfaitement ridicule (le combat à l'épée qui n'en finit plus), le film se plante totalement avec sa surenchère technologique qui fait de James Bond un assisté (voiture cheatée, batterie de gadgets étalée plus que de raison...), et surtout de la surenchère numérique qui a totalement enlaidi le film. Il suffit de regarder les séquences d'explosion (comme la finale de l'avion, l'interminable poursuite avec le rayon de soleil...) pour que la laideur des CGI saute aux yeux et discrédite déjà ce style expédié, qui affadit considérablement sa mise en se reposant énormément sur la post production pour suggérer l'ampleur qui n'apparaît jamais sur le plateau. Soit, on est d'accord, le palais des glaces qui fond, c'était marrant. Mais qu'est-ce que ça en devient moche quand on a droit à un combat entre bagnoles tourné comme un fast and furious du pauvre ! Inutile de dire que la portée sentimentale est totalement inexistante, et pourtant, le film la joue à plusieurs reprises, histoire de faire avancer le script. Mais rien n'y fait, la fadeur du programme et sa totale absence de style personnel tue toutes les tentatives de sérieux. Alors on ricane quand les filles s'arrachent leur vêtements pour le combat final, mais on ne sera pas dupe. C'est la décadence des années 2000 façon Charlie et ses drôles de dames, et les tendances étant ce qu'elles sont, normal qu'on essaye de nous faire manger la même soupe. Heureusement, Bourne arrive peu de temps plus tard, et le sérieux premier degré marche si bien que James, lui aussi, devra faire peau neuve et se conformer au gabarit Jason Bourne, accouchant d'un Casino royal remontant d'office dans les cimes de la saga.

2002
de Lee Tamahori
avec Pierce Brosnan, Halle Berry

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 21:00
The raid 2 : Berandal

Autre grosse attente de l’année, the Raid 2 était prévu pour être un bon poids lourd de l’été 2014. Polar, action, violence interdite aux moins de 16 ans, les mamelles du cinéma d’action moderne qui se lance corps et âme dans le combat. N’en déplaise aux détracteurs, question rythme, The Raid était un sacré modèle du genre, se donnant 5 minutes pour planter l’introduction, puis embrayant direct sur un rythme ininterrompu (on ferme les yeux sur les 5 à 10 minutes de temps mort au milieu) qui ne nous lâchait qu’à la toute fin. Ici, the raid 2 a en plus un scénario. C’est tout gagné, il va enfin pouvoir passer auprès de tous les publics ! Et bien non.

L’histoire : Le frère de Rama est exécuté par Bejo, un escroc bouffi d’ambition qui cherche à s’implanter par la force en Corée. Afin de s’en rapprocher, Rama s’infiltre dans le milieu criminel via le fils d’un des grands parrains, détenu en prison.

The raid 2 : Berandal

C’est vraiment marrant, car le seul reproche que je faisais à The Raid, c’était le manque de scénario, sa trame rachitique et ses gros clichés pour ne pas avoir à développer. Ici le scénario, même si il fonctionne lui aussi avec quelques clichés (ah, cette bonne vieille rivalité père-fils dans les milieux du crime), est suffisamment développer pour avoir une petite consistance. Le problème, c’est qu’il fait passer la durée du film à 2h30. Résultat : il n’y a plus de rythme. Les chorégraphies qui nous semblaient si efficaces dans le premier semblent ici beaucoup plus artificielles et plates, les grands espaces dans lesquels les combats ont lieu diminuant l’immersion et la proximité. Ce n’est même pas une question de lisibilité, l’action se suit parfaitement. Mais le climat étant clairement moins axé sur la peur et l’urgence, la formule se révèle tout simplement moins efficace. Comme en plus, le film fait 2h30, l’action est diluée dans le lot, sous la forme d’une scène costaude toutes les 10-15 minutes histoire de se rappeler qu’on est dans The raid 2. Mais le résultat est clairement moins impressionnant. Curieusement, même si ce n’est pas faute d’avoir voulu élever un peu le quota de violence (marteau, batte, machette, sourire de l’ange au cours de la baston boueuse), le résultat est moins percutant que son prédécesseur, qui s’attardait à peine sur ses effets gores, privilégiant clairement le rythme. Du coup, chaque combat n’a pas vocation a marquer durablement le spectateur, on zappe même facilement ceux du milieu. Seul le combat dans la boue (bordélique, mais doté d’une certaine esthétique) et l’assaut final (qui donne enfin le quota de violence et d’intensité à la hauteur de son prédécesseur) remplissent le cahier des charges. Soit en tout et pour tout 20 à 25 minutes sur 2h30. Le reste tient de l’accessoire et du gadget, naviguant entre le cahier des charges et le superficiel, la personnalité des protagonistes étant toujours gentiment éludée, et les enjeux ne sortant jamais du cadre du polar classique. Une ou deux révélations ça et là, un brin de suspense pour quelques séquences… C’est finalement le manque de surprise qui mine les fondations de The raid 2. Le premier bénéficiait clairement de l’absence d’attentes, et avait fait monter les enjeux si haut en termes d’intensité combative qu’on s’attendait à une explosion pour le 2, qui n’est somme toute qu’un film potable. Une gentille direction artistique, et quelques idées sympathiquement efficaces qui hélas ne rachètent pas la débâcle. Une belle déception.

2014
de Gareth Evans
avec Iko Uwais, Julie Estelle

3/6

The raid 2 : Berandal
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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 11:33
Transformers, la saga
Transformers, la saga
Transformers, la saga
Transformers, la saga

 

 

Une réévaluation est toujours un exercice stimulant, car après des années à avoir lu les mêmes critiques, les mêmes jugements et finalement les mêmes conclusions (pourtant démenties par les chiffres du box office), confronter en toute objectivité sa vision à l’objet réel (la saga Transformers) relève du devoir moral (et masochiste devant la durée en constante surenchère des différents épisodes). Après un premier essai dont je n’avais pas entendu énormément parlé, Transformers 2 implante définitivement le phénomène dans le paysage cinématographique, plantant les polémiques (films de destruction massive, immaturité latente, enjeux régressifs, polissage des insignes de l’armée…) et le style Big Bay. Le 3 en est une petite consécration, ménageant la formule classique pendant une heure et demie avant d’exploser dans une surenchère bien sérieuse qui offre son lot de divertissement. Une saga dont on a sans doute un peu exagéré la réputation naveteuse (par endroits). Puis vient le quatrième qui fait déborder le vase.

 

Transformers : autant affirmer d’emblée qu’on a là le plus sobre opus de la saga, en termes de style (Michael Bay, cet homme de goût…). Le réal est avant tout conscient d’aborder un nouvel univers (à part Terminator, quel divertissement d’action notable avec des robots peut prétendre avoir diverti le grand public ? Virus ?), avec la matière nécessaire pour un gros blockbuster d’action bien épais. C’est l’occasion de créer quelque chose de nouveau, et l’occasion pour Bay de ressortir ses chevaux de bataille comme l’armée ou l’humour régressif (de beaux exemples dans Armageddon). Hélas, il y a dans ce premier opus les faiblesses que nous retrouverons par la suite, en moins grande quantité. On commence par le scénario lacunaire, qui avant de raconter quelque chose, essaye d’assurer tant bien que mal la cohésion de l’ensemble des éléments qui composent le film. Comme la moutarde dans la vinaigrette. Mais ici, il devient vite évident que les vignettes abordées par la narration (l’ado pas très dégourdi campé par Labeouf, les intrigues impliquant les militaires, le piratage de Air Force One…) n’ont en commun qu’une paire de lunettes sur lesquelles seraient inscrites les coordonnées du point d’enterrement de Megatron, qu’on nous vend comme la nouvelle Nemesis humaine. Plutôt mince, comme liant, mais les scènes d’action ont l’avantage, à quelques petits faux raccords près, d’assurer un peu de divertissement ça et là. Transformers premier du nom est peut être un peu moins riche en action que ses successeurs, il n’en reste pas moins le plus foutraque, variant constamment les lieux de tournage pour garder un rythme qui ne doit pas mollir. Si la découverte des robots par notre héros tarde un peu (une heure montre en main), le reste du film les dévoile largement, se préoccupant davantage de l’ampleur des apparitions plutôt que de leur cohérence (des robots qui apparaissent au combat ou en action, sans qu’on sache particulièrement d’où ils proviennent). Restent de nombreux affrontements qui font grincer les rouages, et qui bénéficient d’une petite ampleur quand le montage laisse aux plans le temps de montrer l’action. Reste que cet opus est le plus léger, notamment sur un point qui handicape continuellement Michael : l’humour. Incapable de la moindre finesse (au mieux, réduit au minimum sur The Rock, douloureusement étendu sur Armageddon), il est ici relativement peu envahissant, et finalement, passe avec l’ensemble, sans se révéler particulièrement notable. Le problème essentiel de Transformers reste sa grande limitation en termes d’implication de son public. Impossible de s’identifier (ou alors de loin) aux personnages du film, qu’ils soient sérieux ou non, et donc de rentrer pleinement dans la récré promise. La personnalité des différents robots étant elle aussi manichéenne au possible, l’identification n’y sera pas davantage développée, l’implication restant elle aussi limitée à ce niveau (un comble vu qu’ils sont les principales attractions promises). Mais même en affichant ces évidentes limites, Transformers reste un blockbuster inoffensif, faisant un gentil salut aux Marines et dégainant la marchandise sans se révéler plus malin que ses promesses. Un cru dont on a sans doute exagéré un peu la calamiteuse réputation.

 

2007
de Michael Bay
avec Shia LaBeouf, Megan Fox

2,5/6

 

 

Transformers 2, la revanche du Fallen : Incontestablement le plus exubérant opus de la saga, et malheureusement pour lui, le plus mauvais. Un des plus gros problèmes du film réside dans les arcanes même de son scénario. Transformers 1 a tellement montré de chose que cette suite est en quelque sorte un remake, qui augmente un peu les curseurs d’effets spéciaux pour garantir la surenchère. Las, si les effets sont effectivement plus impressionnants (avec un gros robot final), toutes les véroles qui gangrénaient déjà le premier essai connaissent un développement conséquent, qui ne parvient même plus à cacher la médiocrité intrinsèque de son auteur. On aura beau se répéter que les scénaristes sont en grèves (et ils avaient raison sur le fond, en regardant les films aujourd’hui, on se demande si certains réalisateurs n’oublient pas d’en embaucher sur leurs projets), pas grand-chose à sauver dans cette débâcle où, à la place du  cube, nous avons notre étudiant qui a emmagasiné tout le savoir des autobots, prétexte à une série de gags plus lourdauds les uns que les autres. Si la débilité de certaines situations prête encore à sourire, la plupart se révèlent complètement inefficaces, et l’aplomb avec lequel ils sont enchaînés n’aide pas vraiment à relativiser. Si le premier transformers était loin d’être sérieux, celui-ci le devient (et le troisième le sera encore plus), et tend davantage vers le navet peu sympathique. Malgré quelques petites idées amusantes (le robot ultra fin…), le quota de divertissement peine à rendre l’ensemble digeste (on atteint quand même l’indécente durée de deux heures et demie). Question médiocrité, on s’en prend une belle couche, les parents de Sam sont insupportables à chacune de leurs apparitions, mention spéciale pour l’épisode au pays des fromages qui puent avec des escargots à l’ail qu’on nous crache à la figure. Question enjeux, c’est le savoir des autobots qu’il faut donc préserver tout en recherchant la clé permettant d’activer une grosse machine prévue pour nous pomper le soleil (spoiler, au fait). Et le manque de subtilité notable de l’ensemble (la destruction donne de meilleurs résultats que les fouilles archéologiques ou les tripatouillages de geeks) contribue à la lourdeur du rouleau compresseur Transformers 2. Michael Bay salue davantage l’armée en lui laissant le soin d’abattre le gros monstre et en la filmant rodée comme une horloge, déclenchant un sourire gentiment ironique (qui n’a jamais ressenti l’appel du drapeau ?), mais bon, on reste au dessus de Battle Los Angeles (et ses petits mexicains qui saluent le drapeau avec la casquette du major sur trompettes triomphantes). Reste donc une grosse machine, qui répète le précédent succès en augmentant un peu la cadence et le quota de bruit. Pour le reste, une bonne tranche de bay.

 

2009
de Michael Bay
avec Shia LaBeouf, Megan Fox

1/6

 

 

Transformers 3, la face cachée de la lune : les anachronismes historiques, ça fait fureur dans le domaine des gros budgets. Depuis Watchmen, quelques travaux notables ont tenté d’utiliser la formule, à commencer par X men first class. Ce genre de détail, ça paye (et en mettant Tchernobyl sur le dos des russes, tout le monde est content). Nous commençons donc avec un flash back pyrotechnique impressionnant qui pose les bases de ce nouvel opus, qu’on nous annonce comme le poids lourd de la saga. Et dans la logique d’un Transformers, le bilan est plutôt atteint. Si la vulgarité de Bay s’étale complaisamment pendant une heure et demie, en se focalisant sur des enjeux ineptes (Shia va-t-il réussir à distribuer le courrier en échappant au chinois gay friendly de son étage ? Sa petite copine va-t-elle céder aux avances fallacieuses de son patron ?), les quelques petites séquences d’action préliminaires qui ponctuent le récit conserve une bribe d’attention du spectateur, puisque les grosses scènes d’explosions sont la magie de la saga. Toutefois, si on peut reconnaitre que ce film n’est pas un remake de son prédécesseur, les enjeux humains restent au plancher des vaches, sans surprise mais hélas aussi sans amusement de notre part. Il faut attendre pour que le spectacle décolle une heure et demie et de longues discussions nous annonçant déjà qui sera gentil ou méchant, une sympathique scène d’action du l’autoroute et quelques rebondissements (dont quand même un gros un peu voyant) avant de lancer le corps complet de l’intrigue. A partir de là, le budget explose et Bay fait enfin ce qu’il sait faire, avec un budget qui lui permet des excentricités aussi marrantes que la séquence du building et le largage des soldats en parachutes (défiant les lois de la gravité, ils remontent régulièrement de plusieurs centaines de mètres entre les prises). On peut toutefois relever une meilleure caractérisation des robots (on les voit un peu plus) ainsi qu’une lisibilité plaisante dans l’action. Et une fois la menace balayée, on peut enfin jouer au jeu d’où est planqué le drapeau américain du dernier plan, qui malgré les éclats d’obus flotte toujours au vent. Etrange, cette suite n’a pas grand-chose dans le ventre pour permettre une analyse, mais se révèle plutôt riche en séquences d’action, autorisant un visionnage en mode ludique-paquet de chips. Du consommable pas vraiment croustillant mais qui tient le cahier des charges.

 

2011
de Michael Bay
avec Shia LaBeouf, Rosie Huntington-Whiteley

2,5/6

 

 

Transformers 4, l’âge de l’extinction : Oui, je suis bien allé le voir en avant première avec des amis, et pour tout dire, je pensais qu’il ferait salle comble, ce qui n’était pas le cas. A nouvelle trilogie, nouveaux protagonistes humains, nouveaux designs des robots (mais toujours des chevrolets pour Bumble Bee), nouveaux robots, et nouvelles catégories de transformers plus gros, plus balèzes, et qui peuvent même se changer en dinosaures. Si avec ça, les gamins ne font pas de caprices pour tous en avoir un d’ici la rentrée… J’avais un peu oublié quel effet ça faisait de voir un film de Michael Bay (c’était la première fois que j’en voyais un au cinéma), la réponse est comparable à une glace de 5 kilos parfum vanille noix de pécan-spéculos-nutella-caramel beurre salé. C’est too much du début à la fin, comme si c’était un gosse qui ne savait jamais où s’arrêter qui avait écrit le script. Aucun des problèmes inhérent au rythme de la saga ne nous est épargné (on sent toujours passer les deux heures et demie parce que les enjeux sont abominablement mal définis, qu’il n’y a aucun sens du climax et du dosage, qu’on a à chaque moment l’impression d’assister à la fin du film alors qu’il ne s’agit que d’un rebondissement supplémentaire). Contrairement au troisième épisode qui était bâti de façon à conserver un maximum d’action pour la dernière heure (qui offrait, disons le, de belles séquences), celui-ci enchaîne les révélations à vitesse grand V, ainsi que les séquences d’action toujours filmées en mode Michael Bay (c’était beaucoup trop espérer qu’il s’améliore après No Pain no gain). Ici l’intrigue tourne autour d’une famille avec un ingénieur texan sans doctorat (parce qu’il ne travaille pas dans un laboratoire blanc high tech) et de sa fille, une bombasse étudiante qui s’entiche d’un pilote de rallye irlandais (qui est réglo, il a signé avec Red Bull). Des personnages stéréotypés au possible néanmoins un peu moins agaçants que les cabotinages de Witwiki et de ses parents (dans un éclair de lucidité, Bay tuera le personnage secondaire relou qui polluait son introduction seulement une trentaine de minutes après le début du film). Comme nous l’annonçait le trailer, l’ingénieur réveille Optimus Prime, et se met à dos la CIA qui collabore avec d’étranges transformers chasseurs de prime, qui prétendent conserver l’équilibre dans l’univers (c’est amusant, c’est typique le genre de rôle donné aux blacks dans les grosses productions, et ce robot est noir en ayant la voix de… Denzel Washington). L’intrigue se lance, les derniers autobots se regroupent, lancent quelques vannes (« oh mon gros cul est coincé ! ») et se mettent à chercher pourquoi on en est là. On découvre alors que la CIA utilise des drônes qui volent avec une hélice en axe vertical (autant essayer de faire voler un sèche cheveux), que les grosses industries produisent des transformers indestructibles sur la base des connaissance de Mégatron, et que tout ce petit monde ne se doute pas de ce qui l’attends. On avait commencé par l’extermination des dinosaures via les créateurs, inutile de faire les étonnés ! Bref, je passe sur les rebondissements, ils sont aussi inconséquents qu’exaspérants à énumérer. Au moins 5 ou 6 enjeux principaux, des tas de robots secondaires à se rappeler, une délocalisation en chine… De ce beau bordel, on retiendra deux choses : le seul passage sympathique du film pendant lequel nos héros déambulent dans le vaisseau de Mister Black, joli décors enfumé et seul climax que je trouve digne d’intérêt. On retiendra aussi la dantesque scène d’action asiatique (celle où on voyait voler un bateau dans le trailer) pendant laquelle le vaisseau méchant terraforme… pardon, utilise un gros aimant qui fait monter et descendre les trucs en métal pour casser les couilles aux autobots. Rien à voir avec Man of steel, c’est une coïncidence. Bref, alors que les nouveaux décepticons sont indestructibles, ils se font battre, le nouveau Megatron alias Gigatron fait de la figuration, et la conclusion dure 4 minutes montre en main. Bref, même si y a eu quelques explosions et pas mal de morts un peu partout, cet opus est moins impressionnant que son prédécesseur, et c’est pas parce qu’il y a des dinosaures robots qu’on va être plus clément.

 

2014
de Michael Bay
avec Mark Wahlberg, Stanley Tucci

1,5/6

Gné hé hé

Gné hé hé

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 11:31

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Notre ami Jean Claude Van Damme, pendant sa période de gloire, a eu plusieurs fois affaire à des scénarios où revenait son double. C’est à nouveau le cas quand il collabore avec Peter Hyams pour une série SF d’un ton particulier, à savoir TimeCop. Se basant sur un titre musclé qui résume assez bien l’intrigue, le film se distingue toutefois par un pitch réjouissant, quoiqu’un peu trop focalisé sur les performances physiques du Jean-Claude.

L’histoire : Un récent programme de recherche sur le voyage dans le passé vient d’être mis au point par un scientifique. Toutefois, le gouvernement constate alors une recrudescence d’anomalies temporelles où des objets de diverses époques s’échangent. Se doutant d’un coup fourré, le gouvernement met au point une agence chargée de protéger le bon déroulement du passé. Et qui va aller sur le terrain ?

 

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C’est le Jean-Claude ! On est d’ailleurs assez content de le voir dans cette production, vu qu’il n’a pas son pareil pour faire des mouvements originaux pendant ses chorégraphies de combat (vous pensez qu’il se baisse pour éviter un coup de pied ? Hin hin hin… ça serait trop facile ! Grand écart dans ta faaaaace !). Mais passons sur cette affection pour JC et concentrons-nous sur le scénario. C’est quand même génial, cette idée ! Car la gestion du temps du film est plutôt cohérente, et les hypothèses qu’il met en place ont tout pour se révéler stimulantes. Contrairement à ses concurrents (Looper, L’effet papillon, retour vers le futur) qui se plaisent à provoquer le doute quant au futur, les effets des boucles sont ici immédiats. Résultat : c’est une constante course contre la montre pour trouver les coupables, car les vérités du moment sont susceptibles de changer la seconde d’après, et qu’en cours de voyage pendant une boucle, elles peuvent radicalement changer. Des règles ultra stimulantes, qui sans se baser sur un concept compliqué, peuvent rapidement aboutir sur une série de paradoxes tout à fait jouissives ! Bravo Peter, tu nous ressors de la bonne série B à scénario qui en a dans le froc (comme l’inoubliable Outland). Après, le traitement de la science fiction, génial quand on nous expose les données, peine un peu à convaincre quand il est mis en images (les effets numériques ont carrément vieillis, et l’expédition dans le passé via l’espèce de cabine centrifuge ringarde fait plus sourire qu’autre chose). Et aussi quand l’intrigue préfère se focaliser sur les castagnes du Jean Claude avec une foule d’hommes de main (toujours nombreux, les salauds !), qu’il expédie à la chaîne pour trouver le grand ponte derrière le gigantesque complot temporel. Grand ponte qui est d’ailleurs plutôt bien campé par un Ron Silver jouissif quand il balance une mandale à son conseiller. Se défouler sur le personnel, rien de meilleur pour vous camper un méchant sympathique (rappelez vous des Incorruptibles et de la batte de base ball). Le film parvient néanmoins à garder le rythme, sans parvenir à rester sérieux (les punks, indémodables en tueurs à gage) ni a nous offrir les vagues temporelles espérées. Néanmoins, le dernier acte tendu dans la maison du JC, avec nos deux héros de différentes boucles affrontant les doubles correspondants de notre bad guy, on a ce qui s’appelle du gros climax temporel. Et un bon esprit série B, avec le running gag bon enfant du petit délinquant à roller (« t’as encore écouté du heavy metal, toi ! ») qui fait toujours sourire. Du travail honnête, toujours propice à divertir son public !

 

4/6


1994
de Peter Hyams
avec Jean-Claude Van Damme, Mia Sara

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 11:44

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Dès que les Aliens débarquent, Tom Cruise devient souvent le dernier espoir de l’humanité, incarnant la volonté de triompher de l’envahisseur, tout en nous rappelant  que les aliens existent vraiment. Enfin, cette enième invasion a la bonne idée d’ajouter un paradoxe temporel dans son intrigue, histoire de densifier un peu son scénario, et surtout de justifier de nous garder au cœur de l’action en nous faisant vivre maintes et maintes fois la même journée. Un parti pris intéressant qui trouve assez vite ses limites.

L’histoire : Un météore s’écrase en Europe, et en sortent de pugnaces mimics (rassurez vous, ils ne copient pas les gens) qui exterminent une bonne part de la population. Le commandant Cage, fervent partisan de la contre-offensive par les armes, se retrouve expédié au front par son supérieur borné (il ne se laisse pas faire chanter, le salaud).

 

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Alors, comment définir ce nouveau cru de Tom Cruise ? Il s’éloigne radicalement du film auquel tout le monde a pensé au premier abord : Oblivion. Aucun rapport, que ce soit visuel ou dans son sens de l’action, encore moins dans sa trame. Personnellement, j’avais un à-priori bien plus redoutable à en juger par le design des robots et la technique de filmage en caméra à l’épaule : World Invasion. Là encore, on peut se rassurer, ce n’est pas le cas. En fait, concernant la gestion du temps, on est clairement dans le cas d’un Jour sans fin, qui reprend toujours au même endroit quelque soient les actions du personnage. Un choix intéressant, dont on se réjouit à l’avance car il se promet de nous faire revivre à plusieurs reprises le gros débarquement, et donc de nous balancer des scènes d’action à foison. On déchante dès la première boucle. En effet, le problème de cette technique, c’est qu’elle annihile totalement l’impression de danger pour le spectateur. Si il crève, pas grave, on recommence. Dès les 20 premières minutes, les limites du concept sont découvertes, sabordant en partie la caméra à l’épaule immersive, qui à défaut de nous immerger, filme l’action d’un façon plutôt correcte (World invasion était irregardable, ici, on ne rate pas une miette de l’action, ce qui n’était pas gagné au vu de la rapidité des aliens). Comme on ne se sent plus vraiment impliqué (c’est une sorte de sauvegarde automatique de jeu reprenant sans arrêt), on peut toutefois apprécier la vulnérabilité du héros qui doit mourir une bonne soixantaine de fois pendant tout le métrage. Mais reprendre tout à chaque fois, c’est très long… Le film se laisse donc aller à la facilité (obligatoire ?) de faire continuellement des ellipses sous entendant que le héros fait tout pareil jusqu’à en revenir à ce point, ou mieux, qu’il a déjà revécu plusieurs fois la scène avant, et que donc il prévoit tout. Ce parti pris était prévisible, je le comprends tout à fait, mais il n’empêche qu’il est particulièrement facile et qu’il élude l’impact psychologique d’un tel phénomène. Mais on s’en fout de la psychologie, on est là pour l’action ! Je peux comprendre ça aussi, et sur ce niveau, le film ne ralentit pas le rythme. Sur près de deux heures, à quelques temps morts près, on est toujours dans le bain, le scénario est limpide et les enjeux clairs. Enjeux que je ne dévoilerai pas, ils sont purement ludiques et inutiles à l’analyse. En fait, il n’y a qu’une erreur qui m’ait vraiment blasé, les autres pouvant passer pour des partis pris. On peut à la rigueur accepter que Cruise soit envoyé au front sans le moindre motif apparent. Mais quand le film a passé son temps à nous montrer Cruise mourir dès qu’une couille se produisait sur le champ de bataille (il se fait tuer par tout), le voir au cours d’une scène d’action trainer sur le sol par un avion en marche qui explose avant de tomber de 3 étages dans un parking sous-terrain avec des blocs de bétons qui lui tombent dessus, et il se relève en rechargeant son fusil à pompe avec une pauvre égratignure sur le visage, je dis qu’on se fout de la gueule du public. Tom Cruise, on a failli croire que tu étais humain, mais là, ta nature divine ressort d’une façon bien trop évidente. Même quand il est sensé mourir vraiment, il trouve le moyen de revenir… Enfin bon, question action, le film délivre la marchandise, et les designs de ses exo-squelettes (très à la mode ces derniers temps) susciteront l’intérêt du geek comme du fan de SF (la prise en main catastrophique de Cruise lors de son premier jour, notamment). De la technique qui remplit assez bien les vides entre les différents éléments de l’intrigue, qui ne stagne jamais très longtemps sur ses positions et va toujours de l’avant. C’est en tout cas plus marquant qu’Oblivion, et même plutôt amusant quand on se prête au jeu des ellipses et qu’on rit de la dernière mort de Tom Cruise. Sans doute pas le film de l’été, mais un divertissement bien trempé à la hauteur des attentes.

 

4,3/6


2014
de Doug Liman
avec Tom Cruise, Emily Blunt

 

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 13:19

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Raiders, c’est le Tropas de Elite du cinéma dans la mère patrie russe. En s’engageant sur les thématiques de la manipulation médiatique et de la lutte contre le terrorisme sous l’angle du film d’action, le pari était plutôt audacieux, surtout dans un pays aussi rigide que la Russie sur des questions politiques. Va-t-il falloir proposer au réalisateur un passeport français (histoire de rendre la monnaie de sa pièce à Poutine, pour être à égalité) ? Fort malheureusement non, on a même un discours assez nul sur le sujet, qui feint l’esbroufe pour mieux rentrer dans le rang. Ouf ! On allait croire que la Russie n’était pas totalement unie.

L’histoire : un groupuscule terroriste canarde à tout va dans les rues de Moscou avant de disparaître dans une zone résidentielle. Alors que la police peine à s’organiser, d’odieux journalistes en profitent pour mettre à mal l’image de la noble institution policière. Conscient de l’enjeu, les généraux responsables de l’opération décident d’organiser une couverture médiatique totale de leur opération afin de redorer leur image de marque.

 

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C’est marrant, mais les russes qui se prêtent au jeu des méchants terroristes sortis d’on ne sait pour défendre on ne sait quelle cause (ils ne la donneront pas une seule fois), ça ne marche pas comme avec les américains. Mais maintenant que la mafia russe a complètement disparu de la circulation (on n’en parle plus depuis bien longtemps, Poutine a dû serrer les vis là où il fallait, quelle efficacité), faut bien s’attaquer à quelque chose qui parle à tout le monde. J’aime à penser que cette poignée de terroristes est ukrainienne d’origine, ça donne une dimension politique gratuite. A ce stade de ma chronique, je prie le lecteur de m’excuser de mon cynisme, mais dans ce cas présent, la posture du film est si non assumée que j’ai envie d’en rajouter une bonne couche. Les méchants ukrainiens explosent des rues entières, mettant en valeur l’incompétence notoire de la police (ça fait bizarre, quand les figurants sont les policiers et que les méchants savent tirer) et partent se planquer dans un HLM, prenant en otage une famille. Les journalistes arrivent sur place et filment un policier en train de pleurer, décrédibilisant totalement le corps armé auquel il appartient. Le haut commandement, soucieux de vouloir rattraper les dégâts, écoute donc les conseils de leur attachée en communication, qui les invite à faire une couverture médiatique totale de l’évènement. Dans le genre idée foireuse, top 1. Mais les généraux l’écoutent et se préparent à encercler les bâtiments suspects en déployant leurs unités avec un journaliste. Mais très vite, les impératifs du prime time jouent contre le déclenchement des opérations, les caméra-mans ne voulant jamais rater d’exclusivité. Ca au moins, c’est réaliste. Et pendant le reste du film, que se passe-t-il ? Une équipe de policier non suivie fait le boulot pendant que les militaires campent à l’extérieur en faisant un pique nique (une splendide suggestion de la conseillère en communication, qui s’accroche à l’idée de les montrer comme des hommes normaux, il aurait fallu pousser la chose jusqu’à les filmer aller aux chiottes, là, on se serait pleinement identifié), les méchants ukrainiens postent des vidéos sur youtube montrant que les militaires ne montrent pas les vraies images… Bref, ça stagne pendant près d’une heure. Et désolé, mais quand on voit tout le soin que mettent les policiers à respecter la vie des otages et à décaler les assauts, après de certains évènements ayant eu lieu dans un théâtre (auquel le film ne fait jamais mention), j’ai du mal à y croire. La fin perd totalement de vue ses thématiques initiales, se concluent comme un Die Hard du pauvre et redorant l’image de cette police russe dont la compétence ne fait aujourd’hui pas l’ombre d’un pli. Et voir que la journaliste (amoureuse du flic de choc) s’écrase et suit le protocole des généraux pour la communication avec la presse, ça fait plaisir. Pour un peu, j’aurais aimé la voir militer pour un meilleur encadrement des médias, qui ont trop tendance à contredire la version officielle produite dans le meilleur intérêt de tous (que valent quelques ukrainiens devant une image d’intégrité rayonnante ?). Bref, il n’y a pas que des trucs nuls dans Raiders, mais quand même, c’est sacrément mauvais et ça n’a pas les couilles du cliché de la mère Russie. Remboursez !

 

1,2/6


2009
de Anders Banke
avec Andrei Merzlikin, Yevgeni Tsyganov

 

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 16:49

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Le retour de Schwarzenegger à l’action bourrine n’avait pas convaincu tout le monde avec Le dernier rempart, mais le charisme de son interprète et une narration à l’ancienne lui permettait néanmoins de faire passer un moment agréable à son public, parvenant assez habilement à faire passer sa violence gore sur des mexicains camés sur le compte de la bonne fusillade à l’ancienne. Avec Sabotage, l’autrichien est rentré dans la danse, et on attendait du lourd. Manque de pot, la bande annonce laissait déjà présager de sérieuses faiblesses question intérêt. Et une fois en salle, ça empire…

L’histoire : Schwarzy, chef d’une équipe de mercenaires, non, d’agents spéciaux de la DEA, dérobe 10 millions de dollars au cours d’une opération de démantèlement d’un gang. Mais le butin disparaît très vite, et une fois l’enquête des services internes abandonnée, ses membres se font assassinés un par un…

 

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Le temps des héros est mort. Il n’y a plus rien, plus personne en qui on puisse croire, en qui on puisse se fier. Il n’y a plus que des intérêts personnels et des coups dans le dos, et quand ils viennent de face, c’est souvent pour le pire. Je pense qu’on est en train d’assassiner un genre en le balançant complètement dans ce que la censure a souvent pointé : l’amoralité ambiante (car question efficacité, on reste plutôt au niveau, même ici). C’est moi le héros donc je t’explose ta cervelle et je ne prends même plus la peine de tenter une vanne foireuse. Je n’avais pas ressenti de gêne de ce genre depuis Taken, et c’est d’autant plus un choc ici que c’est Schwarzy qui appuie sur la gâchette. On est en face d’un film complètement parasité par le cynisme d’une époque, qui sous couvert de réalisme nous plonge aux milieu d’individus infréquentables et tout simplement puants, qui vomissent leur beauferie dans toutes leurs répliques sans faire jamais preuve de la moindre intelligence ou subtilité (voir le tabassage du videur de boîte). Une bande d’irresponsables notoires qui étalent complaisamment leurs envies de meurtres, à qui on a fait la bêtise de donner des flingues, du calibre haute perforation et une carte en plastique leur assurant l’immunité. Et pour se consoler, on a droit à des vannes sur leurs pets (j’en ai relevé deux dans les 20 premières minutes), sur leurs exploits sexuels (la grave redondance des strip-teaseuses), sur leur alcoolisme et leurs passe temps. Quand un running gag tourne autour d’un tatouage en forme de bite, il y a quand même de quoi se tirer une balle. Et on aimerait que Schwarzy soit épargné par toute cette médiocrité, mais c’est pour mieux le transformer en néo-nazi dans le dernier acte. Usant de corruption à l'argent sale, abattant du mexicain à tout va, se contredisant en menaçant un membre du cartel d’abattre sa famille, avant de balancer un « moi, je ne suis pas comme toi » et lui exploser la cervelle face caméra avec du sang qui macule la pièce. Le réalisme de la violence, c’est une chose plutôt payante et que j’ai tendance à encourager (car elle augmente l’impact, sans se cacher derrière la censure tout public), mais ici, elle a la mauvaise idée de souligner l’amoralité totale dans laquelle on nage. Je venais pour voir un divertissement, je me branle d’un militaire pourri qui vient laver son linge sale en se tâchant les mains. Son traumatisme (famille torturée par un gang) aurait pourtant dû rendre le personnage sympathique (Schwarzy n’a jamais été aussi vulnérable depuis le bancal La fin des temps), mais rien n’y fait, c’est un mépris total qui s’installe pour ce tas de muscle égoïste, au final responsable d’hectolitres de sangs versés et glorifié après un dernier carnage qui laisse sur une image qui m’a immédiatement rappelé American Psycho. Bateman assis dans son fauteuil maculé de sang qui s’allume un cigare. On est dans ce registre ici, sauf que c’est sans ironie, sans distance, sans cervelle. Le plaisir s’est évanoui dans l’amoralité, et cette espèce de clone mal branlé d’Expendables n’a pas une once de charisme, un seul instant. C’est grave de griller le point Godwin (surtout qu'il m'arrive de faire parfois preuve de cynisme), mais ce Sabotage (ironie du titre) vient bouffer du côté de Taken ou d’un Man on fire (qui nous faisait bien rire quand on fourrait le gros cul d’un obèse à la dynamite avant de le faire exploser en plein cadre). Irrattrapable, et une énorme casserole pour l’ami Schwarzy, qui aura intérêt à peaufiner ses prochains rôles pour rester dans la course à la popularité (parce que question armement, ça va).

 

0,5/6


2014
de David Ayer
avec Arnold Schwarzenegger, Sam Worthington

 

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 15:19

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A peine sorti de la salle que les idées se bousculent dans la tête. Le destin d’un héros confirme clairement les tendances de son prédécesseur, et enchaîne les idées, les bonnes comme les mauvaises. Ce qui donne un spectacle un peu étrange, qui déçoit clairement les promesses annoncées en cherchant à compenser par la chaleur humaine de ses protagonistes.

L’histoire : Peter Parker vient d’être diplômé, et Gwen envisage de poursuivre à Oxford, menaçant sa relation avec Peter. Pendant ce temps, un scientifique d’Oscorp met ses doigts dans la prise, pendant que Harry Osborn réapparaît pour prendre le flambeau de Norman.

 

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Beaucoup de protagonistes secondaires pour cet opus, une tendance qui semble être en vogue. L’apparition de Stan Lee est bouclée dans le premier quart d’heure, et très rapidement, le film met en place son intrigue avec les indécisions de spiderman (hanté par le souvenir du père de Gwen et sa promesse de laisser sa fille tranquille alors qu’ils s’aiment), avec toujours cette petite piste sur son passé pour nous tenir un peu en haleine. En cela, le premier film s’appuyait déjà sur la liaison particulière de Parker et des araignées (qui légitimait un peu plus sa transformation), que cet opus explore gentiment ici (je dois toutefois dire que j’apprécie quand un laboratoire est laissé tel quel quand le scientifique qui y travaillait est porté disparu, desfois qu’il se repointe un jour comme ça pour reprendre ses recherches). En ce qui concerne les caractères des protagonistes, on retrouve une légère fraîcheur dans la relation entre Gwen et Peter, dont la franchise parvient à convaincre, et c’est sous cet angle qu’on peut effectivement se sentir un peu proche. Mais en aucun cas, au-delà d’une gentille empathie. On exagère considérablement la capacité de Marc Webb à créer des protagonistes touchants, moins d’ailleurs que dans The amazing spiderman. Peut être est-ce la facture de blockbuster qui anesthésie considérablement cette portée, mais les doutes des personnages sont lourds, et le ton hésitant. Les apparitions de spiderman, tout en humour et coolitude, ne sont fraîches en rien, et le portrait des méchants révèle ici de sérieuses limites. Rappelons qu’on nous promettait 3 méchants. Vous pouvez en enlever 2, qui apparaissent 5 minutes grand max chacun. Ecrire ça tel quel est un spoiler éhonté, je présente mes excuses au lecteur, mais la promo qui promettait de l’action à tout va nous a berné une fois de plus. Surtout que c’est à la chaîne, n’attendez pas des actions de groupe. Electro tient le devant de l’affiche, et tant mieux, on ne le connaissait pas encore. Et quand on voit sa personnalité, difficile d’être autre chose que mitigé. On nous sort le génie asociable transparent, qui flashe sur spiderman puis quand il a besoin de lui il ne l’aide pas alors il veut le tuer. Et on veut nous vendre ça comme de la fraîcheur ? Après un portrait de l’homme lézard un peu subtil, du cabotinage aussi éhonté. Commençant comme un clone pataud de créature de Tim Burton (un départ un peu lourd mais honnête), on vire de cliché en cliché, heureusement rattrapé par quelques scènes d’action spectaculaires.


 Arrive ensuite Harry Osborn/Bouffon vert. Le physique maladif et frêle de Dave DeHaan était bienvenu pour le rôle, et je dois dire que je plaçais quelques espoirs en lui. Surtout avec son cabotinage froid et assassin en face des avocats d’Oscorp, suivi de bribes de chaleur humaine en face de Peter. On nous annonçait un personnage un peu subtil, et surtout intelligent. Ben non, il veut quelque chose de spider man, mais spiderman ne veut pas le donner, alors il veut tuer spiderman… Pfff. Et autant vous dire qu’ils ont totalement foiré le bouffon vert. Un design dégueulasse, entre l’elfe mal lavé et l’orc fraîchement mis au monde, laid et puant avec des dents pas propres et qui veut faire souffrir Peter qui l’a trahi… Pitié, rendez nous Willem Dafoe ! Le pire, c’est que cette déconfiture arrive juste avant une révélation décisive. Un quasi tournant dans l’esprit Marvel, qui justement devrait donner de l’espoir au public mitigé de voir l’esprit évoluer vers quelque chose de plus… adulte. Mais encore trop de concessions handicapent l’envol de la bête. Inutile de parler du rhino, il n’est qu’un argument commercial. On pourrait relever les incohérences (Harry Osborn malade maîtrise deux gardes de sécurité armés à main nue, Electro fait disparaître et apparaître à son gré sa combinaison en métal solide), mais le blockbuster a toujours eu du mal à le supporter (à moins de s’appeler Paul Verhoeven). Restent quelques scènes d’action spectaculaires et un ou deux dialogues sentimentaux qui fonctionnent, le reste tient du cahier des charges honnêtement rempli, mais sans la fraîcheur promise. Le destin d’un héros déçoit néanmoins, sans pour autant susciter de haine à son égard. Pas ça qui nous fera oublier Sam Raimi…

 

2,8/6


2014
de Marc Webb
avec Andrew Garfield, Emma Stone

 

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Dave DeHaan, encore victime malgré lui, mais en moins bien que Chronicle...

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 14:00

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Captain America est l’un de mes Marvel préféré (impossible d’égaler Spiderman de Raimi). En prenant le ton du divertissement à l’ancienne avec une reconstitution d’époque anachronique et en nous offrant des méchants classes (les nazis dans des uniformes impeccables), nous avions droit à un affrontement à l’ancienne et à un numéro plutôt au point (et surtout un esprit héroïque sincère, avec un dosage appréciable d’humour et de bonne ambiance). Dans cette suite, Avengers est déjà passé. Il faut donc pousser les enchères un peu plus loin, tout en faisant évoluer le captain dans le monde d’aujourd’hui. En résulte un film un peu laborieux, qui compense la lourdeur de son script par de bonnes scènes d’action.

L’histoire : lors d’une mission de neutralisation de prise d’otages, Captain America se rend compte que certains de ses coéquipiers étaient chargés d’une mission de récupération de données parallèle. Il est alors mis au courant d’un projet de mise en place de plate forme armée en cours de construction pour l’élimination de menaces éventuelles.

 

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Ah, le monde d’aujourd’hui n’est plus très sûr… Les amis d’aujourd’hui seront-ils les ennemis de demain ? Qui est encore franc et qui magouille pour son compte ? Et contre qui tout cela va se retourner ? Brouiller les pistes et cacher le visage de l’ennemi (au moins pendant la première demi-heure), c’est le moyen infaillible de faire croire qu’on est intelligent et qu’on peut faire un divertissement moderne (regardez les succès : The dark knight rises, Skyfall, Star Trek into darkness, Iron Man 3…). Du coup, si on se lance dans une piste pareille, c’est le jackpot assuré ! On dira qu’on est un peu dark, et comme de toute façon on donne des éléments nécessaires à la compréhension des autres films, tout le monde va venir. Mais faut pas non plus se leurrer, derrière le discours sur la prédiction et l’anticipation de la menace, il y a un truc qui couve, c’est le fascisme… Et quand le fascisme est là, les nazis ne sont jamais bien loin, avec leurs uniformes, leurs bottes impeccablement cirées et leurs croix gammées en argent étincelant… Si le captain est de retour, et que son charisme n’a pas souffert de la modernisation de son costume (les aficionados auront droit à l’acte final avec la tenue rétro), l’intrigue dans laquelle il se dépêtre ne surprendra pas le moindre instant le spectateur.

 

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SPOILERS INSIDE !!

La fake mort de Samuel Lee Jackson (grosse étape de nullité qu’on savait déjà faire partie du programme), la résurrection de Hydra via un tour de passe passe historique, le discours complètement ridicule sur le fascisme où le film ne comprend visiblement pas de quelle manière c’est dangereux, mais juste que c’est pas bien d’avoir un truc qui tire des lasers en orbite piloté par une organisation dont personne n’a le contrôle (mais vraiment personne, à croire que c’est Skynet en fait).

FIN DES SPOILERS

 

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Autant d’exemples qui montrent combien la logique et la cohérence (même dans un univers héroïque) sont éclipsées pour être finalement cantonnées à des enjeux très limités, où la vision du spectateur est cloîtrée dans la fenêtre des 10 prochaines minutes. Assez rageant vu l’ampleur du phénomène visé par le scénario, et assez atterrant quand on entend la réponse de l'agent Romanoff pour le fin mot de l'histoire devant la commission d'enquête. Mais comme on est dans un divertissement, pas le droit de critiquer. Heureusement, le duo des frères Russo se révèle plutôt efficace dans la gestion de ses scènes d’action, offrant quelques jolies fusillades en milieu urbain et quelques dantesques explosions pour rythmer ces deux heures dix d’investigation en terrain trouble. Quelques cabotinages feront rire par ci par là (amusant Robert Redford


SPOILERS

dont la culpabilité est immédiatement révélée quand il mentionne ses états de service (et quand on sait aussi qu’il change de bonne toutes les semaines)),

FIN DES SPOILERS

 

et finalement, on s’amuse gentiment de ces bastons de chocs entre le captain et ce soldat de l’hivers dont l’identité sera bien évidemment dévoilée, histoire de faire une bonne petite mythologie (en revanche, on pourrait m’expliquer ce que fout l’étoile rouge de la mère Patrie russe sur son bras ?). Bref, sans retrouver un instant le charme initial de son prédécesseur, l’action fait le boulot, gentiment, et le fascisme, c’est mal. Pour ma part, la jubilation a résidé dans la séquence post générique, où on nous ressort enfin les nazis de bonne famille avec l’accent allemand et du « herr dorctorrrr ! » (je balançais de mon côté dans la salle du « ya wolk her guénéral ! », le pote fan de Marvel a fait comme si il ne me connaissait pas). Faut pas nous la faire à nous, on sait que les nazis sont toujours derrière tout ça, et qu’ils reviendront encore pour contrôler le monde ! Tremble, Amérique, les allemands n’ont pas dit leur dernier mot ! Merkel est à la solde de la loge occulte de Thulé, et ils réveilleront Cthulhu pour prouver leur puissance au monde ! Et là… on suppliera Poutine de venir nous filer un coup de main…

 

3/6


2014
de Anthony Russo, Joe Russo
avec Chris Evans, Scarlett Johansson


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Le vrai soldat de l'hivers...

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