La contribution de Spielberg au cinéma est indéniable. Depuis Les Dents de la mer (son premier chef d’œuvre), il a toujours marqué au box office, et si ses derniers succès ont été moins marquants que ses productions dans les années 80 (l’âge d’or de Spielby), il reste toujours une référence incontestée du septième art. Si il prépare ses successeurs (Captain américa, Super 8…), il continue néanmoins à nous produire de jolis morceaux de bravoure, comme les deux derniers qu’il nous a offert à quelques mois d’intervalle : Les aventures de Tintin et Cheval de guerre, deux visages assez différents du cinéma Spielberg, mais réussissant chacune, à sa manière, à divertir.
Les aventures de Tintin : L’adaptation était attendue au tournant, et alors que le film était au cinéma, elle a relancé toute une campagne marketting autour de tintin, des albums jusqu’aux produits dérivés (pour ma part, j’ai trouvé dans une galette des rois une effigie du professeur Tournesol). En l’état, le film se propose d’adapter plusieurs volumes, en compressant les intrigues et en évinçant du casting tous les personnages secondaires. En découle un produit hybride, qui prend de belles distances avec le matériau d’origine. Le soucis du film (et c’est revenu dans de nombreuses critiques) tient dans le fait qu’il y a trop d’action dans ce film, que l’aventure avance trop vite, se révélant par exemple beaucoup plus rythmée que Les aventuriers de l’arche perdu. A l’époque, la comparaison avec Tintin était plus évidente, en tout cas plus pertinente, le rythme favorisant davantage les explications et le contexte historique que l’action pure et dure. Dans le nouveau Tintin, les explications sont réduites au minimum, et l’action trouve ici la part belle, nous gratifiant de courses poursuites trépidantes, de plans séquences ébouriffants et de morceaux de bravoure étonnants (le capitaine Haddock tirant au bazooka…). L’univers est planté, les personnages sont là (encore que le capitaine Haddock soit ici un véritable soiffard, pire que dans la bande dessinée, malgré le passage de l’hallucination supprimé) et ont leur caractères plutôt fidèles à l’esprit de la Bande dessinée. Si le rythme bouge trop vite, impossible cependant de s’ennuyer, le résultat est tout simplement enthousiasmant, ménageant quelques arrangements de script qui permettent à l’intrigue de nous réserver encore quelques surprises, comme un duel final inattendu et frappadingue de combat entre grue de cargo. On en viendrait presque à douter du potentiel d’action de The A team ! Après, point de grand génie dans le récit, mais affranchi de conditions de tournage réelles, Spielberg s’éclate à mettre en scène des travelling d’actions qu’’il n’espérait plus nous offrir. A défaut d’un Tintin respectueux, on a un Indiana Jones dans la fleur de l’âge qui va aller en découdre pour le Sceptre d’Ottokar !
4.5/6
2011
de Steven Spielberg
avec Jamie Bell, Andy Serkis
Cheval de guerre : Spielberg l’a prouvé avec ses premiers films (La couleur Pourpre…) et son chef d’œuvre (la Liste de Schindler), le drame fait partie de son cinéma, et il sait très bien le mettre en scène. Avec Cheval de Guerre, il se propose de filmer un parcours à la fois humain et animal pendant la guerre de 14-18. Avec un casting assez hétérogène (les nationalités des acteurs sont variées, on y verra d’ailleurs quelques acteurs français) et un bel animal en dressage, voilà un film qui s’annonçait pour le moins classique. Et en effet, tout au long du film, Spielberg nous offre un film à l’ancienne, avec de magnifiques scènes de combat et quelques moments de cinéma sympathiques. Il faut comprendre par là que le film est bon, mais que les bons sentiments deviennent parfois envahissants, aussi nobles soient-ils. On commencera avec une introduction agricole, un père grincheux achetant ledit cheval pour faire la nique à son propriétaire, mais étant incapable de le dresser, il laisse à son fils le soin d’effectuer la tâche. Ainsi se tisse les liens sentimentaux entre la bête et l’homme, qui devront par la suite subir les épreuves de la guerre. Si la partie agricole tire un peu sur la corde (l’agriculteur au champ, c’est beau, c’est besogneux, mais pendant une demi-heure, ça tire un peu sur la corde, même pour s’achever par le malheur de notre famille de héros (à la mère autoritaire). Voilà la Guerre, la grande dévoreuse d’hommes, qui réquisitionne les chevaux pour les armées de cavalerie. Il faut reconnaître au film qu’au niveau des séquences équestres, il assure, en nous offrant régulièrement de magnifiques plans de chevauchées et une reconstitution d’époque largement à la hauteur. Il insiste aussi sur quelques réalités historiques intéressantes, comme l’évolution de l’art de la guerre, qui a connu un tournant avec le début de la première guerre mondiale. Avant, c’était une guerre de mouvement, avec des déplacements de troupes et des combats à découverts. Avec l’arrivée d’armes plus meurtrières (canons performants, mortiers, mitrailleuses…), les soldats devaient fortifier leur position, et c’est ainsi que sont nées les tranchées. Avec un massacre des forces de cavaleries, le film annonce déjà le bouleversement des stratégies guerrières, et chose inespérée, nous fait découvrir la guerre dans les deux camps, les chevaux changeant souvent de main au fur et à mesure des mouvements de troupe. Mais si les parties guerrières sont plutôt intéressantes (notre dresseur entrant bientôt lui aussi dans la mêlée), le film s’attarde aussi sur des épisodes gentillets, mais dispensables (la petite fille française qui dresse les chevaux, c’est 20 minutes qu’on aurait pu abréger, ou encore le loooong final où on tente de nous faire stresser avec la mise à mort du cheval… suspendue par le sifflet du dresseur qui retrouve enfin son cher cheval, que tout le monde se met instantanément à aimer et à soigner). Le défaut des grandes œuvres de Spielberg, c’est qu’il en fait parfois trop en se regardant filmer, comme c’était parfois le cas dans Il faut sauver le soldat Ryan. Mais malgré ces quelques longueurs, les intentions sont là, et elles sont honnêtes. Ce n’est pas le meilleur Spielberg, mais c’est à mettre dans le haut de la pile, c’est clair.
4.9/6
2011
de Steven Spielberg
avec Jeremy Irvine, Emily Watson