Avec Ultimate game, Neveldine et Taylor sortent de leur saga régressive Crank (la série d'action la plus énervée et la plus indigeste jamais vue sur grand écran, sorte de Besson sauce GTA lubrifié au kérosène) pour se concentrer sur un projet un peu plus sérieux, mais tout aussi fendard. Bombardé comme un film de SF/action subversif, le film se ramasse un petit tollé, et finit par s'aplatir mollement sous des critiques acides venant de toutes parts. Cependant, le film est à sauver. Si, car le duo de scénaristes/réalisateurs a plus d'une qualité, et qu'il serait dommage de condamner une oeuvre qui y va un peu trop fort, en délaissant l'intelligence pour faire parler les muscles.
L'histoire : futur proche, les nouveaux sont de manipuler des humains dans deux arènes différentes : Society (sorte de sims grandeur nature) ou Slayers (combats à morts dans de gigantesques ruines).
Certes, on ne pourra jamais parler de subversion avec un film qui tire de tellement loin qu'on le voit venir avec un pas tonitruand. Oooh ! Contrôler les humains, c'est mal ? Naaan ! Bref, on passe sur cette morale neuneu pour en venir à l'essence même du film. Un bon gros défouloir. Ce film donne à nouveau dans l'action frénétique, limite imbuvable (les travelling de fou imposés par la caméra, alliés à un montage survolté, sont redoutables pour les nerfs), mais qui parvient toujours à créer un certain potentiel de jubilation. Et chose étrange, malgré sa joie de faire tout péter, il ne prend jamais de distances avec la violence, résumant bien les contradictions qu'un tel projet impliquerait (les scènes de combats sont toujours des boucheries). On rajoute à ça des idées totalement barjes (boire de la vodka pour aller la pisser dans réservoir et faire démarrer une voiture, c'est juste parfait) et on obtient un projet qui met toujours en avant son potentiel jouissif, tout en conservant toujours un premier degré avec son histoire (les séquences dans Society mettent parfois mal à l'aise). Les acteurs dans tout ça sont de vrais monolythes, on ne change pas la politique de Neveldine/Taylor. Butler tabasse tout ce qui se met dans son chemin, sa femme est la victime éternelle... A vrai dire, la surprise vient surtout du génial Michael C. Hall, étonnamment à l'aise dans la peau du méchant magna de l'informatique, et faisant au final un maître du monde tout à fait convaincant au vu de ses ambitions démesurées. Assumant, comme un certain Rollerball, son côté beauf à souhait, Ultimate game fait sourire, divertit et s'offre un rythme qui ne débande pas pendant une heure trente. Avec une image plutôt soignée malgré les tremblottements de caméra et quelques concepts amusants, c'est l'actionner tape à l'oeil généreux comme on les aime, avec certainement moins d'intelligence qu'un Nolan, mais avec un punch qui ne laissera personne mécontent.
4/6
2009
de Mark Neveldine, Brian Taylor
avec Gerard Butler, Amber Valletta