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24 décembre 2014 3 24 /12 /décembre /2014 13:59
Atlantide, l'empire perdu

Atlantide, l'empire perdu est une tentative intéressante de Disney, qui mise sur le filon de l'aventure à l'ancienne le temps d'un film bien trempé qui mélange pas mal de sources d'inspiration, aboutissant à une histoire clichée à l'univers merveilleux.

L'histoire : Dans l'Angleterre victorienne, un apprenti archéologue est contacté par un ami de son grand père pour monter une expédition ayant pour but de trouver l'Atlantide, selon les indications laissées par ce dernier dans un journal.

Atlantide, l'empire perdu

Bon, ce scénario est pétri de facilités. Le journal indiquant l'entrée d'une faille souterraine à des milliers de mètres de profondeur et répertoriant l'ensemble du savoir des atlantes en étant basé sur des textes anciens et des multitudes de documents poussiéreux ou perdus, c'est aussi crédible qu'une paire de lunettes pyrogravées en antarctique (Transformers, pour ceux qui ne suivent pas). L'avarice technologique a bon dos, mais le principal défaut du film reste surtout les graphismes de ses personnages. Le style de dessin est particulier, et d'ailleurs, le côté composite mélangeant dessin à l'ancienne et animation 3D cohabite plutôt bien (alors que cet essai sera un échec sur Ghost in the Shell 2 quelques années plus tard). Mais le traits est grossier dans les angles, et les designs angulaires ont ce côté à l'arrache des dessins animés bouclés en vitesse. Mais ce sont surtout les dessins des personnages qui pâtissent de ces défauts, les décors sont merveilleux, grand soin des arrières plans qui permet grandement à l'univers de prendre forme). Et c'est là que le film émerveille et marque de nombreux points. Passant au mixer l'oeuvre de Jules Vernes en lui rajoutant un design steam punk qui fait immédiatement plaisir (les véhicules rétro-futuristes, le dynamiteur et l'équipage du sous marin...), le film réussit immédiatement son pari de nous faire vivre une aventure à l'ancienne, autant dans la forme que dans le fond (classique découverte d'un peuple, de la compréhension de ses valeurs et de sa préservation). C'est l'ancêtre d'Avatar, avec ce côté à l'ancienne prompt à enflammer l'imagination nostalgique qui sommeille chez le spectateur. A un tel niveau, on ne cherche rien d'autre que son plaisir, et le parcours de nos aventuriers ne cesse d'enchaîner surprises et révélation, pour sans cesse nous en donner à voir encore et encore. Même les personnages secondaires cabotins sont attachants, sans cesse enchaînant les vannes de caractère ou de profession, sans occulter la simplicité de leurs trajets. Petite merveille aux éclats imparfaits, Atlantide, l'empire perdu a largement de quoi contenter l'amateur d'aventure, en sachant sur quoi mettre l'accent pour créer l'émerveillement, le suspense et la satisfaction.

2001
de Kirk Wise, Gary Trousdale
avec Michael J. Fox, James Garner

5/6

Atlantide, l'empire perdu
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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 13:48
Le hobbit : la bataille des 5 armées

Ah, c’est beau… J’en pleure de joie ! Enfin, un cadeau de Noël à ma mesure, un vrai mastodonte avec lequel je vais pouvoir m’amuser encore et encore en ces temps bénis de fin d’année. Le Hobbit, la bataille des 5 armées était fait pour moi ! Un grand, un énorme, un titanesque navet de noël indigeste bouffis, qui chie de la médiocrité par tous les pores de ses pustules scénaristiques. Enfin, ma mauvaise foi sur les premiers opus trouve une spectaculaire confirmation, car autant le dire tout de suite, mes attentes personnelles mises en veilleuses, La bataille des 5 armées est le film le plus décevant de l’année !

L’histoire : une fois Smaug abattu, les immenses richesses contenues dans la cité des nains attirent bien des convoitises. Non seulement des peuples alentours, mais aussi du cœur même de Thorin, qui cède à l’horreur de l’avarice…

Le hobbit : la bataille des 5 armées

Attention, il n'y a que des spoilers dans cette critique, mais lisez la, elle peut vous éviter une déception.

Il y a tellement de mauvais points dans cette bataille des 5 armées que je ne sais pas par où commencer. D’habitude, j’essaye de réserver quelques surprises à mes lecteurs, mais là, désolé. Il faut convaincre de ne pas aller dépenser de fric pour voir ça, alors on va spoiler comme des putois, pour démontrer à quel point de nullité on est tombé. Et comme je suis sans pitié, je commence par les bons points. Enfin, le seul bon point : l’univers visuel. Cette bataille des cinq armée est une splendeur visuelle. Les armées avec leurs techniques d’attaques, les designs des armures, les décors somptueux, le lourd budget des effets spéciaux qui lèche les détails… L’équipe technique et les concepteurs graphiques de la bataille des cinq armées sont promis à un bel avenir dans le monde du cinéma, leur travail est merveilleux, et les multitudes d’idées qu’ils ont eu (les trolls catapultes, les trolls béliers, les différentes créatures, les centaines d’armures personnalisées…). Ce sont eux qui ont fait gagné des points au film. Tout le reste n’attire que le mépris, et finalement, l’hilarité tant la lourdeur du spectacle devient affligeante, tant on finit par sombrer dans le ridicule et l’hypocrisie. Ca commençait pourtant bien. Après le tour de cochon de la fin du 2, Jackson et son équipe savaient qu’il fallait étaler la monnaie direct pour se racheter, et on commence direct dans l’action avec Smaug qui déboule et qui détruit la ville. Et là, l’archer qui se prend pour Aragorn… fait une arbalète avec son fils… avec un arc cassé… et tue Smaug à 1 kilomètre avec une flèche en fonte qui passe dans un trou de balle ? Ridicule (comme si la corde de l’arc était extensible, déjà). Là, on retourne à Erebor, et pendant ce temps, Thorin, qui avait une lueur dans les yeux à la fin du second épisode, est devenu en quelques heures le sosie de Picsou. Mais quand on vous dit sosie, c’est qu’il en fait des tonnes, insiste sans cesse sur l’avarice, se met des couronnes en or sur la tête, soupçonne ses potes de lui piquer du fric… Mais il nous refait carrément Louis de Funès dans la folie des grandeur (voir la scène hallucinante où il glisse au milieu d’une dalle en or, comme dans une piscine olympique en faisant des grimaces impayables… D’ailleurs, comptons la dénonciation de l’avarice. Thorin, qui aime en deux heures l’or plus que la vie des autres, Tranduil qui déclare la guerre pour un collier (tarlouze !), le maire de la ville qui fuit avec l’or (salopard !), l’assistant du maire de la ville (un side kick comique sorti tout droit des années 90, qui finit en robe avec des pièces plein le soutien gorge…), et enfin Thorin, qui en mourrant, nous met en garde contre les méfaits de l’avarice. 5 fois, on nous ressort le message au premier degré, avec une symbolique tellement voyante qu’on hurle (même dans Gravity, la thématique maternelle était plus subtile !).

Y en a encore beaucoup, alors, on se contentera de donner simplement quelques exemples (vous chercherez les incohérences quand le film sortira sur internet, croyez moi, vous ne serez pas déçu, il y en a toutes les 5 minutes). La scène de libération de Gandalf. Bon, il est prisonnier. Cette scène ne sert pas à grand-chose, mais faut que le public soit content. Alors, y a tout le haut conseil, Saroumane, Elronde, Galadrielle, qui viennent pour péter la gueule à Sauron et à son armée de fantôme. Et quand ils ont fait toute une série de combo sur les fantômes, y a le grand œil qui apparaît avec les effets psychédéliques qu’on avait vu dans le 2. Avec son armée de fantômes en face de lui façon power rangers. Parce que même si y a du pognon, on est à ce niveau. On assiste alors à un duel de grimaces entre Sauron et Galadrielle, et cette dernière tire une tronche tellement dégueulasse que Sauron pleure un coup et s’en retourne en Mordor. Privé de télé, petit sacripant !

Entre temps, Thorin refuse de donner du flouze aux survivants de la ville détruite par Smaug, parce que ses potes arrivent qu’on ne sait pas comment ils ont été prévenus, mais bon, ça a dû être prévu en hors champ. Et autant dire qu’avec la bataille finale, on a une incohérence par minute. Les nains arrivent tous à pied, et 15 minutes plus tard, des chèvres des montagnes en selles sont apparues au milieu du champ de bataille. Des trolls catapultes apparaissent pendant 30 secondes, et disparaissent purement et simplement du terrain (même chose pour les mange terre, qu’on nous vendait comme les meilleures créatures du film) Et tout le temps, alors que le combat a lieu, le montage montre les personnages principaux en train de parler pendant la mêlée, nous forçant à écouter leurs conneries faisant office de remplissage. Et les combo de Legolas. L’équipe du film les fait de façon volontaire, car ils savent qu’on s’agace de Legolas ultra cheaté. Mais ici, question ridicule, c’est le panard ! Legolas tire des épées avec son arc, saute sur des pierres en train de tomber, fait un pont avec une tour en pierre et se bat dessus… Il y a un moment où question ridicule, faut se remettre un peu en question et voir qu’on fait de la merde.

Une seule scène encore, le combat entre Azog et Thorin. La scène qu’on ne peut pas rater. Et de loin la pire du film. Ils commencent à se friter sur un lac gelé. Bon, ça passe. Puis, on ne sait pas pourquoi, Azog ramasse un caillou avec une chaîne, et il se met à taper la glace partout, en faisant manifestement exprès de rater Thorin à chaque tentative. Pendant six minutes. Je ne plaisante pas, non stop, pendant six minutes, on voit Azog qui tape sur la glace comme un mongolien pendant que Thorin le regarde faire. Et puis la glace elle se craquèle, la fourbe. Alors Thorin il s’enlève du morceau de glace. Et là Azog il tombe à l’eau et il coule. La fin la plus merdique de tous les temps. Puis là, le corps d’Azog revient contre la glace. Ah, ben il flotte maintenant ? Et là, il casse la glace et fait un bond de deux mètres de haut avant de venir planter Thorin. Au secours, le come back le plus mauvais de tous les temps ! Et là, Thorin le plante aussi, mais plus fort, donc Azog meurt, alors que Thorin a le temps de nous redire que l’argent, c’est mal. Bon sang ! En fait, comme c’est le dernier film, mon avis est que les producteurs ne se sont pas fait chier, et n’ont pas fait le moindre effort sur le scénario. Parce que c’est Le Hobbit ! Ca va passer ! C’est trop gros pour que ça ne passe pas ! Personne n’osera aller contre le rouleau compresseur. Et entre temps, tout le monde palpera les billets. Rarement blockbuster aura été aussi hypocrite, car en insistant avec lourdeur sur son message débilitant anti-monétaire, il met en relief tout le côté opportuniste de la saga du Hobbit, qui racle depuis le début sur les terres du seigneur des anneaux, faisant tout pour palper le fric. La montagne d’Erebor, c’est les poches du spectateur, en fait. Et faut le dépouiller vite fait, parce que c’est la dernière fois qu’on peut bouffer au râtelier. Alors, des centaines de combo de jeu vidéo et un scénario aux abonnés absents, pas grave. On chie sur Tolkien, mais bon, on s’en fout (tous les raccourcis sont insultants, rien que l’exemple de la côte de maille en mithril, bradée en solde chez le babou poussiéreux de la colonie naine…). Peter Jackson va y laisser des plumes, sur ce coup. On ne peut pas se foutre à ce point de la gueule d’un univers. La bataille des cinq armées est une parodie de seigneur des anneaux. L’histoire d’amour entre Taurielle et le nain dont j’ai oublié le nom est à ce titre une merveille de niaiserie. On a des dialogues de ce calibre : « Mais ça ne peut pas être l’amour ! Pourquoi ça fait aussi mal ? » « Parce que c’est un véritable amour. » . De dieu ! Je sens que je vais me taper de ces barres, à la prochaine soirée navet entre potes. Comme le suggérait assez subtilement un confrère de Senscritique, ils auraient collé la chanson des pink floyd Money ! au générique avec la trombine des différents personnages (dessinés sur du papier comme des visages de billets de banque) qu’on n’aurait pas été surpris. Et après, le film joue les timides en refusant de citer le nom d’Aragorn (vu les pathétiques copies qu’on s’est tapé ici (mention spéciale au personnage de Bard, sosie de l’héritier du Gondor, sauf qu’il hérite des pêcheurs pouilleux de Lacville, beau prestige…)), mais on te remet le début du Seigneur des anneaux pour faire la boucle. On n’a jamais vu ça, et heureusement, ça vient de se terminer ce soir.

A la fin du film, un seul spectateur a tenté un applaudissement. Toute la salle, muette par la sodomie qui venait d'avoir lieu, s'est tournée vers lui, et il s'est tassé sur son siège. Au moins, le bon sens semble toujours être d'actualité. Voyons les notes génér... Ok...

2014
de Peter Jackson
avec Martin Freeman, Richard Armitage

1,5/6

Le hobbit : la bataille des 5 armées
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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 17:02
2001 & 2010, réévaluation
2001 & 2010, réévaluation

Cette chronique arrive assez tard, pour confirmer une tendance qui avait déjà ressurgi dans plusieurs de mes avis. Il s'agit bien d'une critique de 2001 et d'une réhabilitation 2010. Au delà de la jubilation d'être à contre courant (je suis sûr que mon usage du mauvais goût sera retourné contre moi), j'estime que si 2001 mérite des louanges pour ses effets spéciaux, il se révèle discutable sur plusieurs points. Et pour faire une petite démonstration et me faire plaisir, je place en exclusivité un lien de téléchargement pour récupérer une version de 2001 que j'ai intégralement remonté, en enlevant tout ce qui me semblait inutile et en changeant complètement l'accompagnement musical (à bas Ligetti ! Et j'ai sélectionné essentiellement des musiques des années 60 pour montrer ce qu'il aurait été possible de faire, à quelques facilités près), pour donner une version plus personnelle de l'expérience, en tout cas beaucoup plus agréable à regarder selon mes critères. J'ai hâte de lire vos avis et d'en débattre.

2001 & 2010, réévaluation

2001 l’Odyssée de l’espace… Chef d’œuvre immaculé, éblouissante démonstra tion technique doublée d’une portée métaphysique s’interrogeant sur l’évolution de l’homme et de l’outil, c’est un simple incontournable du cinéma (qui ne semble avoir retenu de lui qu’un œil rouge robotique). Un mastodonte inégalé, inspirant les plus grands (Noé, DePalma…) et dont la liste des qualités se révèle tout simplement infinie (en termes de techniques cinématographique, Kubrick est tout simplement le précurseur de Cameron). Et pourtant, il s’agit aussi d’un des films les plus éprouvants à regarder…

L’histoire : en contact avec un étrange monolithe, de grands singes inventent l’outil, servant à la fois pour la chasse et pour le premier meurtre. A l’époque de la conquête spatiale et de l’exploration minière de la Lune, un second monolithe est découvert. 17 ans plus tard, une mission spatiale est lancée en direction de Jupiter.

2001 & 2010, réévaluation

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa façon d’aborder les thèmes et de faire ressurgir un climat mystique dans toutes les apparitions du fameux monolithe. Il est tout bonnement inutile de revenir sur les effets spéciaux, éblouissants pour l’époque. Les décors sont tout simplement parfaits, il n’y a rien à critiquer sur l’épatante direction artistique de l’ensemble du projet. Et pourtant, c’est bien dans la forme que 2001 se révèle être aussi agréable qu’un arrachage de carie chez le dentiste. Premier argument : 2001 est un film chiant. Mais vraiment chiant, sans le moindre temps mort question ennui. Le rythme est constamment au point mort, la faute à une ambiance sonore souvent ratée et à un montage qui ôte toute trace de dynamisme. Si le film n’a pas vieilli question effets spéciaux (même dans la forme technologique, les écrans ne font pas écran plat), il l’est considérablement dans son rythme et sa narration (oui, il prend son temps au cours de sublimes séquences à effets spéciaux, mais certaines phases de son histoire aurait clairement pu être dynamisées par une musique appropriée). Solaris de Soderbergh, film chiant par excellence, prenait en tout cas soin de son public en lui donnant un film agréable à contempler, lui aussi incapable de dynamiser son récit, mais prenant au moins soin de lisser ses formes (et on peut à cet effet remercier la musique de Cliff Martinez, un régal auditif de tous les instants). 2001 voulait de toute façon être un film culte, c'est pour cela qu'il fait autant durer ses séquences à effets spéciaux. Mais aujourd'hui, ce genre de détail purement technique est devenu quelconque avec l'usage du numérique. Et donc 2001 ne se retrouve vite bientôt qu'avec plus rien d'autre que la technique à offrir, et rien d'autre. Prouesse technologique pour l'époque, mais vu d'aujourd'hui, la longueur des plans retarde surtout l'intrigue, finalement pas très dense.

Balançons maintenant la bombinette : la musique de 2001 est ratée. Il est certain que la fameuse ouverture sur Ainsi parlait Zarathoustra, culte, est efficace, et que la musique de Ligetti, souvent inaudible, parvient pendant quelques minutes à être en phase avec les images. En dehors de cela, le choix de la musique classique pour les séquences stellaires se révèle tout simplement insupportable. Complètement en décalage, sans la moindre logique et surtout en détruisant l’ambiance (ok, on a compris la valse des vaisseaux et de la musique), ce choix, souvent acclamé par les critiques, est un gros point noir de 2001. Le rythme déjà lent s’en trouve considérablement rallongé, et surtout, rarement images et sons n’auront semblé aussi déphasés. En termes d’ambiance musicale rétro sur fond de space opera, Wall-E se révèle considérablement plus agréable et fluide. Mais c’est le choix de 2001 de miser constamment sur la mystification de l’ambiance et un fort sentiment d’oppression pour trouver une efficacité hélas bien discutable quand elle empêche le spectateur de s'immerger par la gêne qu'elle suscite. Et ces séquences où seule la respiration des spationautes occupe le son et qu'on voit des actions se dérouler à vitesse ralentie sans coupure... Osons le dire, le vide, c'est chiant.

Enfin, dernière attaque de mauvaise foi : le final nawak. Comme je l’ai précédemment dit, 2001 est très habile dans sa façon d’aborder les thématiques (l’outil, l’évolution, la quête mystique des origines…). Et il est bien conscient qu’il faut laisser une conclusion ouverte (c’est ce qui fait la puissance d’un chef d’œuvre : sa capacité à parler à tout le monde). 2001 tente alors le joli coup de l’esbroufe avec le trip sensoriel. Séquence psychédélique inoubliable dont le bordélique s’ajoute au nawak total. Jusqu’à la fameuse séquence où personne ne comprend rien, où notre personnage se contemple en train de vieillir avant de se changer en fœtus. Métaphore évidente de la renaissance de l’Homme, diront beaucoup. Fumisterie ! leur répondrais-je ! La séquence semble insister sur énormément de détails dans lesquels tout le monde cherche une signification, alors que visiblement, la scène a été complètement tournée « à l’instinct » (la séquence du verre cassée ne montre selon moi rien de plus qu’un verre cassé). Irréversible et ses scènes très improvisées parvenait lui aussi à suggérer beaucoup plus que ce qu’il montrait réellement. C’est complètement le cas de ce final, dont la transformation ultime reste la plus belle énigme. Dans ce regard final du fœtus faisant face à la caméra, que peut-on lire ? De l’incompréhension, je pense. Dans un magnifique pied de nez aux analystes méticuleux et aux fans de SF les plus endurcis, ce final est l’un des plus ouverts et des moins explicites qui soit (l’accession à un stade supérieur de conscience, l’interprétation Nietzchéenne de l’enfant en tant que surhomme… autant d’outils qui nous laissent complètement désarmés dans la déroute de cette… ouverture). Il délaisse ce qu’il a abordé pour partir vers quelque chose de nouveau (qui vise la transcendance, autant être ambitieux…).

1968
de Stanley Kubrick
avec Keir Dullea, Gary Lockwood

3/6

2001 & 2010, réévaluation
2001 & 2010, réévaluation

Après avoir attaqué gentiment 2001 et son aura impérialiste dans le monde de la SF (je le reconnais, nombre de ses choix ont été intelligents, notamment celui d’oublier la guerre froide, situation qui a longtemps parasité le cinéma de SF des années 50 à 80, Alien est une belle exception), venons en à 2010, qui parle de guerre froide en 2010. Mouhahaha ça commence bien pour la défense du film. Et pourtant, c’est un cru que j’ai toujours préféré à son prédécesseur.

L’histoire : Sept ans après les évènements de 2001, de nouveaux évènements sont enregistrés sur les mouvements du Discovery en orbite autour de Io, satellite de Jupiter. Alors en pleine concurrence dans les avancées du domaine spatiale, la Russie prépare une mission d’inspection. Des scientifiques américains tentent alors de négocier leur place pour participer au voyage.

2001 & 2010, réévaluation

Première constatation, on n’échappe pas au gimmick du communisme. Et le film affiche d’office quelques défauts à l’impact formel certain quand on compare à 2001. Ce dernier avait des airs de space opera en ne posant les pieds sur le sol que dans son introduction, ici, on a vraiment l’impression d’avoir un film des années 90 sous les yeux, qui rompt la continuité avec son prédécesseur. C’est bien ce qui est problématique dans son évaluation, car difficile de tenir compte de ses qualités si il ne respecte pas les règles établies par son prédécesseur en revendiquant tout de même la filiation… Autre écueil de taille : les effets spéciaux. Pas mal de plans sont très bien réalisés, mais plusieurs montrent des résultats décevants (je pense au catapultage gravitationnel autour de Jupiter, où la moitié des plans montrent une boule en feu qui brûle dans l’espace (avec même quelques petites gouttes d’essence enflammées qui « tombent »), pendant que des écrans de toutes les couleurs défilent devant nos russes). Et cette première sortie extravéhiculaire qui sent bon l’incrustation… Et ce poste de pilotage russe constellé de millions de boutons de couleurs différentes qui n’ont rien d’ergonomique… Ce côté a indéniablement vieilli, un peu la honte quand le prédécesseur n’a toujours pas pris une ride. Et enfin, certaines lourdeurs apparaissent dans son contexte social. Le petit passage de Bowman sur terre, entre autres, qui ne sert à rien. Mais aussi dans son fond. Vu que nous avons les deux camps de la guerre froide, on se doute que la coopération va devoir se tourner en collaboration et en rapprochement des peuples. Mais à plusieurs reprises, le film fait quelques erreurs un peu lourdes, comme cette petite ruscoffe qui vient se blottir contre Roy Scheider pendant le catapultage, ou encore l’absence d’apparition de Bowman auprès des russes, qu’il aurait été bien plus avisé de traiter davantage, plutôt que de les voir comme de simples taxis de l’espace. Car c’est finalement davantage leur rôle, malgré les quelques avancées scientifiques qu’ils font. Et les américains auraient alors eu à faire confiance aux russes sans avoir eu de preuve de leur côté, en les obligeant à mettre aussi leur suspicion de côté.

Pour le reste, je trouve 2010 passionnant à bien des niveaux. Il a déjà une fonctionnalité qu’avait moins son prédécesseur (qui envoyait une mission en un battement de cil de deux ans aux confins du système solaire parce qu’un signal a été détecté là bas, et après on vient chier sur Prometheus…) dans les motivations des américains et des russes, et surtout, il est foisonnant et veut apporter des réponses. Je trouve que l’ambiance fonctionne clairement mieux ici que dans 2001, car l’ensemble n’est plus uniforme. 2001 est un film sans relief (sauf pour son final), 2010 mute sans arrêt, change ses objectifs selon ses découvertes, et tout en parvenant à conserver une part de mysticisme (l’excellent entretien entre Scheider et Bowman pendant lequel le film brise des codes cinématographiques avec des faux raccords montrant un personnage changeant sans arrêt de forme et disparaissant d’un changement de plan à l’autre, un procédé efficace et particulièrement bien trouvé). On part en sachant à peu près ce que l’on va trouver, mais de nouvelles découvertes (entamées par les analyses sur Europe) viennent changer la donne et vite rajouter de nouveaux intérêts. 2001 ne réussissait à introduire cette peur « cosmique » que lorsqu’il arrivait en face du gigantesque monolithe. Ici, cette peur est constante, le film s’appuie beaucoup dessus. Rarement on aura eu la sensation d’être aussi proche d’éléments colossaux, capables de détruire les modestes observateurs simplement en poursuivant les évènements cosmiques qui sont à l’œuvre. Et par-dessus cette peur, l’escalade vers la guerre entre les deux blocs rend les choses intéressantes entre les équipes russes et américaines, qui se voient donner des ordres par leurs gouvernements respectifs alors qu’ils ne sont plus sous leur juridiction. Le rapprochement par la science était initialement le bon moteur pour entamer les relations (c’est moins le cas aujourd’hui, vu que la science protège jalousement ses résultats pour en tirer un max de profits), cette peur était aussi une bonne piste, mais le film n’a pas réussi à conclure d’une façon très probante cet axe, puisque finalement, ils ne font que fuir ensemble et rentrer au pays.

Mais c’est aussi le traitement sur Hal-9000 que j’ai beaucoup apprécié. Quand on est cinéphile, il est impossible de ne pas parler de son revirement meurtrier dans 2001 et de ressortir cette interprétation sur la dégénérescence de l’outil, que 2001 marquait comme spontanée (une petite erreur étrange qui semblait se répercuter et qui gagnait en puissance avec la non remise en cause de la machine), 2010 la recadre comme une erreur humaine ayant entraîné un conflit entre les paramètres de mission de la machine. Le film joue alors sur l’indécision des hommes concernant son statut d’ordinateur meurtrier, et surtout par la reprise des mêmes erreurs pour se simplifier la tâche (ignorant les réactions de Hal concernant la perspective de son autodestruction, ils lui cachent le destin du Discovery pendant leur fuite. Par ce petit procédé, le film parvient à garder d’un côté les craintes actives, et de l’autre appuyer son message sur une vision plus morale de la technologie, la machine étant enfin programmée de façon cohérente par le créateur.

Enfin, 2010 regorge de faits scientifiques. Question réponses, le film développe considérablement les pistes de son prédécesseur, montre les mécanismes de création de vie (et ici, d’une étoile rendant la vie possible sur un monde), affine le statut de l’entité monolithique (plus perçue comme se rapprochant du contexte divin que des aliens), détaille le fonctionnement de Hal (avec quelques maladresses, les concepts émotionnels comme la joie et la satisfaction auraient dû être traités avec un peu plus de retenue, tout comme cette insistance sur les rêves). De ce côté-là, le film est passionnant, fonctionnel, et ouvre de nouvelles pistes constamment.

Au final, 2010 se révèle tout simplement plus vivant que le désincarné 2001, il a plus de reliefs aussi, malgré ses erreurs qui le rabaissent surtout dans la forme. La prise de risque du film est à nuancer, puisqu’il s’inscrit dans un contexte un peu différent de son prédécesseur, mais néanmoins, les pistes qu’il privilégie pour les icônes héritées de Kubrick possèdent un intérêt, tout en assurant un certain spectacle (chose qui ne venait jamais à l’esprit de 2001, radicalement ancré dans sa rigidité de ton. Plus souple et plus riche, à défaut d’être vu comme du bon goût, 2010 est une suite qui me semble honorable, qui parvient ici à trouver un équilibre que je trouve nettement plus satisfaisant en termes d’immersion que le trip mégalo de Kubrick. Pas toujours très bien inspirée hélas, mais constamment dans la progression, et ambitieuse de par ses conclusions, au sens cosmique en tout cas (les petites suggestions cathos des paroles de Scheider sont un peu regrettables, mais l’évocation du concept divin est appropriée).

1984
de Peter Hyams
avec Douglas Rain, Roy Scheider

4/6

2001 & 2010, réévaluation
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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 19:59
Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3
Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3

Avec un brin de culture manga, difficile de ne pas connaître Berserk, série culte ultra violente qui base son succès sur des monstres, du sexe et de la noirceur bien intense. Une pointure de la dark fantasy qui passe au mixeur pour accoucher d'une des oeuvres les plus violentes de sa catégorie. Je n'ai pas encore pu goûter à la série, en revanche, un groupe de 3 OAV intitulés Berserk, l'âge d'or, sont passés à ma portée. Et quelle bonne petite claque !

L'histoire : Gutz, mercenaire solitaire sillonnant les routes d'un monde moyenâgeux, se retrouve enrôlé par la compagnie du faucon, groupe de mercenaires menés par Griffith, roturier passé maître dans l'art du sabre. En possession d'un artefact appelé le Béhélit, il a pour projet d'être anobli et de fonder son propre royaume. Séduit par le rêve de son employeur, il décide de participer à toutes ses batailles.

Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3

Berserk, l'âge d'or est découpé en trois parties de longueurs inégales (1h15, 1h25 et 1h45), découpées d'une façon plutôt intelligentes car elles respectent toutes une gradation en termes de violence et d'enjeux qui les rendent assez fluides, et constamment dans la relance. Commençant sur des bases relativement classiques, le style berserk s'impose vite au cours des combats, qui se révèlent bien chorégraphiés et d'une intensité rare (les seuls combats moyenâgeux atteignant cette sauvagerie sont le méconnu Le sang des templiers ou le Jeanne d'Arc de Luc Besson). De quoi poser une certaine intensité et assurer le spectacle. Les enjeux du premier animé sont relativement simples, probablement pour ne pas encore trop dépayser le public et l'inviter à poursuivre son aventure. En posant la collaboration entre Gutz et Griffith comme un code de mercenaire peu à peu mêlé à une certaine forme d'amitié (plutôt d'attraction par idéalisme), la partie donne une base plutôt solide au début de l'aventure (et en nous ralliant à la cause de Griffith, autant pour son idéalisme que pour son charisme magnétique (le personnage semble presque féminin dans les traits et la voix, ambivalence sans cesse entretenue par l'admiration que tout le monde lui porte). Cette partie pose quelques enjeux politiques qui montrent l'ascension de la troupe du faucon au service d'un des royaumes de la région, ainsi que les jalousies des autres nobles et chefs militaires qui sentent monter la concurrence, d'autant plus agaçante qu'elle vient du monde des paysans et autre plèbe rampante. Seul la séquence d'affrontement avec un démon et la prédiction de ce dernier (en lien avec le Béhélit) donne quelques indices, et en tout cas une petite motivation pour poursuivre la saga. La seconde partie poursuit directement sur les bases de son prédécesseur, mais elle a le bon goût de faire croitre les enjeux à vitesse grand V. Batailles toujours plus impressionnantes, combats gores qui se lâchent, l'avancée inexorable des faucons semble être favorisée par les Eléments. A moins que d'autres forces invisibles soient elles aussi à l'oeuvre. La dimension fantastique de l'univers de Berserk disparaît presque dans cette partie centrale, éludée par les affrontements tribaux du siège de la grande forteresse de Doldrey, place forte imprenable et porte d'entrée dans la noblesse pour Griffith si la victoire est remportée. Je décide de ne pas spoiler l'issue de la bataille, mais c'est à partir d'elle que les choses se corsent, et que l'aventure prend un revirement plutôt méchant, très glauque en fait, laissant le champ libre à la troisième partie qu'il est convenu d'appeler un put*in de climax ! On est déjà impatient d'enchaîner à la fin de la seconde partie, la troisième se pose immédiatement comme un enfer pour nos personnages, s'ouvrant sur une attaque dévastatrice d'assassins ninja avec tout ce qu'il faut de gore pour mettre de la pression. Difficile d'en dire davantage sans spoiler la seconde partie, mais question noirceur, plusieurs personnages se mettent à prendre très cher, et le fantastique revient sans prévenir à la charge (lors d'une séquence déjà intense émotionnellement, pour nous projeter carrément dans une dimension occulte et se livrer à une véritable orgie de violence. Il est vraiment très rare de trouver des films qui se concluent en apothéose, qui placent nos personnages dans des situations critiques à ce point, qui poussent le désespoir aussi loin, la folie aussi, pour certain. Et au point culminant, qui se transforment carrément en clone d'Urotsukidoji ! On savait que Berserk contenait du sexe et de la violence, mais si ce premier aspect avait été éludé, la censure vole en éclat. Et un tel revirement forge véritablement l'étoffe de Berserk, puisqu'il s'agit d'une préquelle préparant le terrain, et s'achevant à l'exact début de la série des mangas. Pas de grandes surprises pour les fans dont, mais les néophytes y trouveront un divertissement intense, sorte de remake de La chair et le sang qui rajoute une dose de fantastique pour s'assurer de sa noirceur. Un sacré projet, vendu beaucoup trop cher par les éditeurs dvds (bandes de voleurs !), mais qui a le mérite d'impressionner.

2013
de Toshiyuki Kubooka
avec Takahiro Sakurai, Rikiya Koyama

4,5/6

Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3
Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3Berserk, l'âge d'or : 1, 2 & 3
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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 14:22
All Night long II : atrocity

Avec All night long, on tient une saga underground japonaise ultra-violente dont l’aura pourrait être comparée à celle des fameux Guinea pig. Elle se rapproche en tout cas de l’esprit du premier, dans ce qu’elle a de plus voyeuriste et malsain, focalisée sur la mise en scène d’histoires perverses à base d’ultra violence physique et psychologique. Si le premier assure sa mission sans grand génie, le second est celui qui possède la réputation la plus sulfureuse. Histoire d’aller au vif du sujet, commençons par ce que la saga a de meilleur à offrir.

L’histoire : un geek asocial (pléonasme) est harcelé et régulièrement battu par une bande de jeunes désoeuvrés, dirigés par un leader particulièrement attaché à lui, tout en laissant libre cour à un amour pervers…

All Night long II : atrocity

L’intérêt de ce petit film (une heure vingt, sans rapport avec les autres opus de la saga) réside moins dans son ultra violence physique que dans son climat psychologique. Particulièrement avec le personnage du méchant, qui ne peut s’empêcher de torturer inévitablement toutes les personnes auxquelles il s’attache, la psychopathie manifeste de ce dernier lui faisant mépriser le monde entier. En cela, son portrait est particulièrement abouti, jusqu’à l’excès quand on voit que sa bande le suit toujours alors qu’il a torturé l’un d’entre eux. Beau, lunatique et parfaitement ambigu d’un bout à l’autre du film, il est le genre de méchant qu’on affectionne immédiatement, car il jouera la carte de son caractère jusqu’au bout. Vient maintenant le côté troublant du film (qui me fait hésiter sur le ressenti global plutôt bon que j’ai éprouvé). Ce film est un film homosexuel. Mais au dernier degré. Souvent, dans le cinéma, les homosexuels sont des victimes plus ou moins coriaces dans le cinéma d’horreur (seule petite exception anecdotique : le nanar Hellbent). Ou à la rigueur, un psychopathe jaloux ou possessif (l’excellent Talentueux Mr Ripley). Mais ici, c’est l’ensemble du film qui est la tribune de psychopathes homosexuels déviants. La quasi intégralité des protagonistes sont masculins, et dès les 5 premières minutes, le grand nombre de comportements ambigus ou explicites ne trompe pas sur les tendances en cours. Notre personnage principal est introduit d’office comme un jouet victime (en bonne partie consentant), racketté et battus par les brutes pendant que l’apollon sadique contemple la scène avant d’y ajouter sa contribution mêlée d’avances. Le malaise introduit est total, d’une puissance comparable à celle de l’épisode 0 d’Ichi the killer. C’est sur la vision des femmes que le film m’a en revanche beaucoup heurté, et dont les intentions me semblent douteuses. Ces dernières sont humiliées sur toute la longueur du film. Mais une véritable humiliation, une dégradation totale et sans borne, de la Femme en général. Une adolescente violée transformée en chienne d’appartement, totalement consentante, et encourageant les pulsions vicieuses des hommes alentours, une autre qui n’a absolument aucune contenance, qui se défend en poussant de pathétiques gémissements inoffensifs, et qui une fois droguée se livre avec complaisance aux perversions du groupe d’ado. Dans chaque détail, le film fait l’apologie de la femme objet, inconsistante en dehors de ses organes sexuels (« si vous n’aviez pas ce trou, vous seriez totalement inutiles ») et réduite en bas de l’échelle du respect social. Autant d’acharnement a de quoi semer le doute, et braquer sans doute une bonne partie des spectateurs, même dans l’extrême, à son encontre. Cependant, ce viol moral soutient particulièrement bien cet étrange climat qui imprègne le film, qui consomme le malaise jusqu’au bout, conservant cette atmosphère gay délétère jusqu’à son paroxysme dans la demeure du chef, dont plusieurs scènes ultra violentes bien réfléchies permettent de pousser au maximum les déviances de chacun. Hélas, le film capote quand il cède à la boucherie, s’embourbant dans le classique pétage de câble sans queue ni tête qui fuit à défaut de conclure (cette phrase, « c’est demain la rentrée ! », n’ouvre sur rien). Mais malgré cette déconvenue, l’atmosphère qui imprègne ce film, particulièrement jusqu’auboutiste (notre geek affiche lui aussi des pulsions sadiques, parfois avec une virtuosité malsaine assez frappante), procure le malaise promis par la réputation. Une horreur ultime dans un univers ultra masculin, misogyne et partiellement ambigu.

1955

de Katsuya Matsumura

avec Masashi Endô, Ryôka Yuzuki, Masahito Takahashi

4,5/6

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 19:48
Necrofobia (3D)

Dire que j'attendais ce petit film avec impatience était peu dire. En effet, si le giallo connaît un retour au cinéma depuis quelques temps sous la forme d'un vintage dynamisé par les techniques modernes (le traitement numérique facilitant grandement les effets de style), les résultats convaincants peinent grandement à convaincre (à l'image d'un Tulpa cliché, dans les meilleurs des cas, un Yellow qui n'assurait le spectacle que dans ses visuels et sa mise en scène). Le prophète funeste de la catégorie est l'Etrange couleur des larmes de ton corps, sommet de masturbation artistique n'ayant plus d'âme dans son délire stylomaniaque. Et voilà qu'arrive Necrofobia, qui accomplit honnêtement son boulot.

L'histoire : un tailleur de costumes sur mesure perd son frère dans un accident. Lors de l'enterrement, il est pris d'une crise de nécrophobie, à savoir l'angoisse de sa propre mort. A partir de cet instant, son quotidien s'enfonce dans le délire macabre, mêlant l'ancienne compagne de son frère et un mystérieux inconnu à l'habit délicieusement fétichiste.

Necrofobia (3D)

Petit bijoux que ce Necrofobia, qui cumule avec jubilation le style des giallos (en partie seulement, en termes de style, on tient un curieux mélange de giallo argentesque (sans la fantasmagorie colorée) et les gros plans à la Coppola) et le trip fantastique total, qui tient presque de l'exercice de style. Necrofobia est moins un thriller policier qu'un film d'horreur à concept, d'autant plus original qu'il n'est pas possible de prédire un seul instant dans quelle direction l'histoire partira (enfin, si d'une certaine manière, pour mieux surprendre par la suite). Et quand le film se révèle enfin, c'est l'euphorie. On cède alors à l'envie de se transformer en catalogue de référence, le film mêlant dès lors de multiples ingrédients qui rappellent tantôt Angoisse de Bigas Luna, TimeCrimes de Vigalondo, Maniac pour les décors glauques. C'est un florilège de références involontaires, car Necrofobia a sa propre identité, et les petits effets qu'il semble emprunter ça et là servent tous à créer une ambiance qui lui est propre. Il est rare de tomber sur une pépite de ce genre, qui ménage véritablement plusieurs surprises, et qui surtout abandonne peu à peu sa cohérence pour privilégier le malaise dans lequel il plonge son personnage principal, et nous avec. Histoire de ne pas trop spoiler, on se contentera de disserter sur la miniboucle qui sert d'introduction au film. Brouillant sans arrêt les repères géographiques par un montage précis et une gestion habile du cadre, le film arrive à nous faire vivre cette crise de necrophobie à force de petits effets payants, qui créent véritablement une angoisse psychologique toujours à la lisière du fantastique, et la relation qu'entretient le film avec le temps (qui reste à vivre, donc) se développe d'une façon subtile, d'ailleurs plutôt bien développée. Quand son intrigue s'est lancée, on constatera bien vite que le film abandonne les justifications, faisant le paris de nous avoir déjà dans la poche et de nous emmener loin dans l'angoisse plutôt que de se contenter de clichés cohérents. L'utilisation des artifices du giallo n'est d'ailleurs que pur style, pour créer une ambiance visuelle fétichiste agréable à l'oeil, et ajouter un petit côté mystère à l'identité de ce tueur toujours dans l'ombre. On a moins recours aux gimmicks du style qu'à l'esthétique, et l'originalité s'en trouve ainsi préservée. Après, on a des personnages plutôt clichés (la policière, pas particulièrement utile), le principal reproche qu'on puisse lui trouver. Pour le reste, bien qu'un poil surchargé de style, Necrofobia se consomme avec curiosité et satisfaction, les œuvres d'ambiance manquant cruellement de nos jours. Pour ma part, le premier représentant purement spectaculaire du néo-giallo réussi, exploitant une bonne avec un sens aigu de la surprise.

2014

de Daniel de la Vega

avec Hugo Astar, Julieta Cardinali, Luis Machín

4,6/6

Necrofobia (3D)
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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 12:21
A day to kill (aka Mall)

A day to kill est un petit film de prime abord intéressant, puisqu’il part d’un postulat simple et couillu (un jeune peaumé déclenche une fusillade dans un centre commercial) pour faire des portraits humains et les entrechoquer les uns aux autres pour créer ces petites vagues qui forment la vie et son essence. De l’apprentissage via les rencontres. Magnolia en est l’exemple majestueux, A day to kill en est une version plus malade, s’attachant à des personnages cabossés, torturés, peaumés, dont on partagera les errances et les impressions. Hélas, le résultat est en dessous des attentes.

L’histoire : un jeune homme déclenche une fusillade dans un super marché. Une bande d’adolescent, un client arrêté pour voyeurisme et un jeune marginal vont voir leur destin bouleversé.

A day to kill (aka Mall)

Avec son intro couillue, le film partait pourtant sur de bons rails, filmant un punk impassible mettant à mort sa famille avant d’incendier sa demeure, brûlant les ponts qui auraient pu le détourner de la direction choisie. Etalant son regard pragmatique et son agressivité, il avait un soupçon de carrure qui pouvait faire illusion question menace. C’est surtout avec la gestion du personnage principal (enfin, ce n’est pas vraiment LE personnage principal, mais c’est celui avec lequel on passera le plus de temps) que le film commence à battre de l’aile. En effet, par ses élans perceptifs, il prend pour habitude de nous donner l’histoire de différents clients qui circulent dans le wall mart, décrivant sans pudeur leur passé. Une façon comme une autre de les introduire et de rendre hommage aux petites existences mornes qui pullulent sur Terre. Mais ce personnage principal est juste ultra agaçant. Enchaînant sans arrêt les citations philosophiques et les traités de morale qu’il a glané ça et là (alors qu’il pisse contre des voitures sur un parking), il affiche une hypocrisie morale d’une complaisance vite énervante parce qu’il ressemble à un petit intello faisant sa crise d’égo sans jamais mettre en pratique ses discours, qu’il étale généreusement devant sa nana pour la faire craquer. Mais heureusement, une révélation après 20 minutes nous révèle qu’en fait, il se fait des films, et que la jeune dont il est amoureux est une peaumée qui exploite son amour pour lui extorquer du fric, et qui se fout de son intelligence ou de ses sentiments (elle ne jure que par la queue). Enfin un peu de frustration et de complexité, qui posent l’état d’esprit d’un jeune sur la voix de la psychopathie (il subit tellement de pression dans ce monde qu’il ne comprend pas qu’il en vient à vouloir réagir avec violence, avec quelques analogies avec le forcené à la clef). Malheureusement, dans n’importe laquelle de ses digressions (le film est plutôt complet, prenant le temps de donner des éléments pour chacun des personnages qu’il a introduit), le film échoue à créer la floppée de sentiments qu’il recherchait. Il affiche une telle envie qu’on y adhère à fond et qu’on le voit comme un film sur la vie (comme si on n’avait pas compris dans quoi on mettait les pieds) qu’il rajoute de la musique classe, douce et mélancolique, et une voix off langoureuse qui accompagne les gens dans leurs parcours, quelle qu’en soit la tournure. On t’explique la vie sans te laisser toi-même faire ta propre expérience, tu vois ? Il y avait quelques honnêtes tentatives ça et là (une femme frustrée dévisageant des clients à la recherche d’affection, un suspect torturé par la bande d’ado sous prétexte des soupçons qui pèsent sur lui…), mais le traitement est si primaire, les personnages sont si quelconques (ce n’est pas vraiment à cause de leur carrure modeste, mais plutôt que la façon dont ils sont mis en scène ne crée pas l’empathie visée), que la virtuosité recherchée échoue tout simplement à exister. Reste un film bourré d’idées qui avait matière à se démarquer comme une bonne surprise (et dont la structure est plutôt bien construite), mais qui ne parvient pas à susciter l’empathie.

2014
de Joseph Hahn
avec Cameron Monaghan, Peter Stormare

1.6/6

A day to kill (aka Mall)
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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 14:32
Flower and snake

On a très souvent reproché aux japonais une certaine perversion dans les fantasmes sexuels, et j'ai le regret de constater que ce blog y a hélas participé à plusieurs reprises. Quid d'un urotsukidoji, d'un shogun sadism, ou encore des dernières all night longueries. Sans parler de l'affront aux bonnes moeurs qu'étaient les opus 2 et 5 des Guinea Pig. Il convient aujourd'hui de faire amande honorable et de rectifier la vérité : ces petites excentricités, c'était de la p'tite bière devant la montagne de bon goût que se révèle être Flower and snake. Partant sur les bases d'un scénario moisi pour virer sur des humiliations sexuelles psychologiques digne des pires bondages, c'était ce qu'il manquait à nos amateurs d'exotisme.

L'histoire : Une femme gagne gentiment sa vie en tant que chanteuse et danseuse dans un club branché. Son mari travaille dans un cabinet d'affaire. Malheureusement pour lui, une opération financière tourne mal, et rien ne va plus quand les clients se révèlent être un clan yakuza de mauvais poil. Désireux de joindre l'utile à l'agréable, ils décident de se venger en organisant une soirée partouze un peu spéciale dont les jouets seront nos pauvres larrons... Miam !

Flower and snake

L'insipidité du scénario est curieusement une des petites forces de ce film, car il évacue ainsi toutes les prétentions prompte à inhiber le divertissement (on est clairement pas là pour réfléchir ni révolutionner le cinéma). Il prend néanmoins le temps de poser son cadre et ses personnages, et fait patienter avec une petite scène de sexe assez généreuse dans la mise en scène (cadrée dans les plus extrêmes limites de ce que sa catégorie de censure oblige), le temps de faire jaillir le bourbier dans lequel se sont empêtrés nos personnages, et surtout pour nous présenter la femme au centre du récit, radieuse pauvre créature qui sera livrée aux perversions les plus abominables par nos yakuzas sans scrupules. L'introduction sert aussi à souligner ce qui sera l'une des principales qualités de Flowers and snake : la photographie. D'une très bonne tenue et soignant ses décors, c'est un petit cadre fastueux pour le simple plaisir bondage initialement promis. On part donc en toute confiance dans ce qu'on sait être un petit thriller malsain qui virera tôt ou tard dans la complaisance voyeuriste. Le générique d'intro offre d'ailleurs une bonne représentation du film : un hideux serpent numérique (hélas, c'était inévitable) enserre dans une interminable caresse un corps de femme avant de s'enfoncer profondément dans sa gorge. Inutile de se répendre en métaphores graveleuses, on sent déjà une ambiance stylisée tout à fait bienvenue pour satisfaire nos esprits dérangés. Et une fois que la machine se met en branle, tout le charme des coutumes japonaises opère. Dans un respectueux hommage au Eyes Wide Shut de Kubrick (ou un pompage éhonté, allez savoir...), une assistance masquée observe, sur une scène éclairée, notre chanteuse, son mari et son associé enchaînés et parés de costumes de latex, prêts pour le grand show. A laquelle se joindra une connaissance de nos chanteuse, ainsi qu'une dominatrice yakuza perverse qui ne recule devant aucun outrage moral, y compris le saphisme... Bref, bondage, mise en croix, muselières et autres accessoires vibrants, Flower and Snake ne nous refuse rien, et organise ses visions en crescendo, histoire de nous tenir en haleine jusqu’à son grand final. Grand final qui culmine assez jubilatoirement dans la catégorie des œuvres hentaï, et qui pousse son mauvais goût à retourner la situation en lui donnant une petite issue « morale » assez drôle, car même humiliée de la sorte, notre héroïne voit son pouvoir de séduction se décupler, et alors même qu’elle est livrée à l’appétit du chef des yakuza, elle se sert carrément du désir qu’elle suscite comme d’une arme. En fait, c’est une issue féministe, avec les hommes aveuglés par leurs désirs lubriques et la gentille épouse (pas la nymphomane de service, elle recevra une petite punition pour ses mœurs dissolues) qui reprend les choses en main. Ma foi, si le bon goût n’est pas toujours convoqué (le présentateur des orgies, toujours en vêtements de fille et hystérique), un certain sens des clichés pervers et une mise en scène d’assez bonne qualité font au final de Flower and snake un divertissement érotique d’assez bonne tenue, plutôt amusant pour le pervers qui sommeille parmi les spectateurs, et un sympathique essai quand il est pris au second degré (mais franchement, il serait mal avisé de l’aborder sous un autre angle).

2004

de Takashi Ishii

avec Aya Sugimoto, Renji Ishibashi, Kenichi Endou

4/6

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 19:20
Hunger games : la révolte - partie 1

Après un premier film médiocre et un second qui remontait largement le niveau tant question suspense que des mécanismes politico-médiatiques mis en jeu. On attaque maintenant la troisième partie, qui met enfin le feu aux poudres de la révolte. Ou pas vraiment.

L'histoire : Katniss, emmenée dans le district 13 se préparant pour la révolte, se voit proposer le rôle de porte étendard de la révolte. Elle finit par s'y résoudre, en négociant la protection des anciens vainqueurs des hunger games, alors que Pita est utilisé par le Capitole pour briser l'élan du mécontentement populaire.

Hunger games : la révolte - partie 1

Piteux retour sur à l'affiche de Katniss, interprétée par une Jennifer Lawrence qui continue sur la même longueur d'onde avec son profil d'adolescente. Malheureusement, cette première partie est en dessous des attentes qu'on avait après la seconde partie. Que s'est-t-il passé ? Ca s'est surtout ramolli au niveau du rythme, la faute à la séparation en deux parties et à une certaine aseptisation du matériau ( à part un charnier du district 12 et une légère évocation de torture, on en restera là). L'histoire se poursuit dans la continuité sans que rien de pleinement significatif n'arrive, comme si on jouait la montre en attendant l'année prochaine pour nous en mettre plein la vue question dénouement. Il n'y a aucune incohérence ici, tout est logique, mais laborieux, en tout cas sans la moindre surprise. Les règles médiatiques sont ici utilisées non plus pour dénoncer un divertissement à sous texte politique, mais pour propager une révolution. La propagande mise en scène (les premiers clips numériques absolument nuls) est vite abandonnée pour laisser la place à celle qui simule le réalisme. Pita jouant les amants brisés appelant les foules à l'apaisement auquel Katniss répond par des appels au combat dans plusieurs lieux touchés par la répression. A ce titre, mes plus sincères reproches au casting de l'équipe télé, un sacré combo de fautes de goûts, mais la saga Hunger games s'est révélée plutôt atypique sur ce terrain. Mais ici, tout se révèlera incroyablement laid et quelconque, le côté purement fonctionnel de cet opus semblant flinguer la moindre prétention artistique. Les enjeux psychologiques entourant Katniss sentent le réchauffé (sa relation avec Pita, qu'on sent être dramatique, se résume à gémir devant un écran, sa relation avec son copain chasseur à lui faire un kiss pour soulager sa souffrance), et on s'ennuie presque devant cette guerre médiatique dont on prédit à l'avance les évolutions. Le film essaye de se montrer immersif à plusieurs reprises (pendant le bombardement notamment). Peine perdue, on ne voit finalement plus rien, sans être davantage avancé. On a quelques scènes d'actions ? Las, elles durent toutes moins de 5 minutes (entre le bombardement, la prise du barrage et la révolte des bûcherons...). Et le reste du temps, on écoute de simples dialogues fonctionnels qui font avancer à bas débit l'histoire. Enfin, il est impossible de ne pas aborder la performance assez médiocre de Julianne Moore, qui réussit haut la main à rendre son personnage énervant, tout en échouant par la suite à la rendre sympathique (avec une telle coupe de cheveux, c'était de toute façon perdu d'avance). En bref, c'est la suite qui poursuit l'histoire, sans autre forme d'intérêt (les idées politiques sont vite envoyées ou déjà connues (l'oppression par la peur et la division médiatique)), ni grandes ambitions. Lawrence garde surement le meilleur pour la fin, et il a intérêt si il veut nous revoir pour la seconde partie, ce qui est déjà moins sûr...

2014
de Francis Lawrence
avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson

2/6

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 19:30
La prochaine fois je viserai le coeur

Le thriller français qui s'aventure sur l'un des cas d'authentique psychopathie observé dans l'Hexagone, à savoir celui de Franck (bel hommage à William Lustig), variation d'Alain Lamare, tueur de femmes et gendarme besogneux, que l'ironie du sort place dans l'enquête de ses propres forfaits. Et en se contentant de rester sur ses plates bandes d'immersion dans le quotidien du monstre, émerge alors un film qui gagne à la fois en efficacité et en subtilité.

L'histoire : Franck est un monstre qui se décrit comme dégoûté par l'humanité et déterminé à en finir avec elle. Dans les faits, sa frustration vis à vis du sexe féminin et de l'étouffante monotonie de son quotidien ont façonné un naturel froid, d'une agressivité critique constante, et une volonté d'endurcissement sans faille.

La prochaine fois je viserai le coeur

Dans les détails, LPFJVLC n'est pas forcément très subtil. La frustration de son incapacité à séduire les femmes est redondante (le film cherche à en saisir chaque aspect, en variant la mise en scène et les détails, parfois en frôlant la digression avec l'évocation des homosexuels), le film abandonne parfois le portrait psy pour donner dans le suspense (la battue), dans la digression inutile (le vieillard seul, vengeance d'un Barracuda?) et l'absence de conclusion, qui n'aide pas à y voir plus clair. Et pourtant, le film a le don de suggérer un contexte riche, notamment dans la façon qu'a Franck de s'investir dans sa propre enquête, cherchant également à se comprendre, au milieu de la foule, au dessus de tout soupçon. La sauvagerie des meurtres, la variation des effets de styles dans la mise en scène, tous les éléments qui font le classique portrait du psychopathes sont soignés, laissant le véritable atout du film délivrer sa performance : Guillaume Canet. Pour un tel rôle, Laurent Lucas aurait été tout désigné (mais il y aurait eu moins de mérite, il est habitué à s'habiller d'étoffes torturées). Mais le souriant Guillaume, tirant continuellement une gueule d'enterrement et campant son rôle avec un naturel bluffant, délivre peut être la performance de l'année. Parfaitement investi dans son rôle, escorté par quelques effets spéciaux insidieux dans les mauvais traitements qu'il s'inflige, il imprègne le film de sa présence glaciale, captant à chaque instant l'attention. Ses ressentis de frustration masculine, d'angoisse existentielle et de désir de s'affirmer sont naturelles, plus exposées que vraiment analysées. D'ailleurs, seul son ressenti compte vraiment, et cette tendance à petit à petit voir la boucle se resserrer autour de lui en la regardant avec passivité, en tentant néanmoins de poursuivre son existence (avec sa femme de ménage). Le film est efficace, le style concis, l'équilibre fonctionnel. On frôle les scènes marquantes, sans pour autant se lâcher à fond dans le glauque. Mais le film avance, avec cette efficacité qui ne trompe pas, à quelques lourdeurs de style près (l'expérimentation sur les insectes, étrange). Un travail très honorable, qui arpente les chemins du psychokiller avec une touche française bienvenue, tout à fait à la hauteur des attentes.

2014
de Cédric Anger
avec Guillaume Canet, Ana Girardot

4,5/6

La prochaine fois je viserai le coeur
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