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18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 15:19
It follows

It follows est un petit film d'horreur qui bénéficie d'un buzz assez exagéré, bien qu'on comprenne le contexte de sa sacralisation (petit film d'horreur indépendant, joli portrait d'adolescent...). C'est donc sur le terrain de la surprise que nous sommes sensés nous être aventuré. Pour un résultat qui laisse finalement plus mitigé qu'autre chose.

L'histoire : une jeune fille sort avec un gars craquant, qui lui explique une fois l'acte consommé qu'une créature va la poursuivre jusqu'à ce qu'elle la rejoigne pour lui régler son compte.

It follows

Slasher étudiant qui donne immédiatement dans le fantastique à l'ancienne, It follows aime donner dans l'ambiance, et cela se ressent. Que ce soit par ses banlieues automnales empruntées aux Griffes de la nuit (vous avez noté le numéro de la maison dans l'introduction ?) ou ses programmes télé vintage des années 50, le film brise la cohérence temporelle. Pourquoi ? Pour rien. Ca marche cependant. On passe ensuite à la présentation de notre étudiante, appuyée par une jolie photographie. Et la mécanique s'enclenche. Ce qui est assez intéressant, c'est qu'on note souvent des remarques qui réfutent le côté horrifique du film en disant qu'il ne fonctionne pas. C'est faux. Les premières apparitions de la créature sont un modèle d'efficacité. En particulier la scène de home invasion, particulièrement réussie et stressante. Le concept est bien exploité (même si il n'exploite pas tout). La séquence finale dans la piscine municipale est elle aussi intéressante, mais hélas, l'impact en est amoindri par une faute de mise en scène (l'identité physique prise par la créature, dévoilée seulement après). Néanmoins, la caractérisation des personnages ne faiblit jamais, ils méritent tous notre intérêt, et ce sont eux qui amorcent le prétendu discours sur la sexualité. En effet, pour faire le buzz et dire qu'on parle des étudiants, faut parler de sexe. On loue Larry Clark pour cela alors qu'il est un exemple même du genre underground fermé au grand public. Et ici, qu'est-ce qu'on dit sur le sexe ? Ben... on sait pas trop. La créature est liée à l'idée, mais on ne sait pas pourquoi, les relations entre les protagonistes sont bien exposées sans qu'elles mènent à l'illustration précise d'une idée (certains ont un charisme sexuel qui leur ouvre des cuisses, les autres prennent leur ticket d'attente...). Au final, It follows reste constamment dans le flou. Et c'est ce manque de parti pris qui finit par lui nuire, car à la longue, il souligne combien son contenu est une beaudruche. Avec des qualités formelles évidentes, mais qui ne mène à rien. On peut néanmoins ne mener à rien et être divertissant, mais alors, c'est le buzz et ses prétentions qui étaient malvenues (ce n'est pas la première fois qu'on surestime le genre. Et donc, à sa tiédeur thématique, on pourra sans doute lui préférer le DTV Inside, film fort peu connu et pourtant étonnamment proche en termes de mécanique de It Follows (un sort qui forçait une personne à se suicider et contaminait le premier témoin de la scène, en prenant la forme de sa propre apparence physique), qui assurait son fond avec des cathos intégristes et une lignée de sorcière jouant le rôle de mouton noir... Cliché, mais sans zone d'ombre, et efficace émotionnellement. Ici, le sentiment de superficialité culmine, réhaussé par un épilogue absolument mauvais, qui bâcle totalement sans donner le petit frisson qui s'imposait. Une excellente bande originale ne compensera jamais vraiment un script faiblard, aussi, il y a fort à parier que si suite il y a, le pompage d'Hidden s'imposera de lui-même...

2014
de David Robert Mitchell
avec Maika Monroe, Keir Gilchrist

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 10:11
Party Monster

Party Monster est un biopic punk assez maousse pour ses excès et le faste du phénomène qu'il représente. Avec un Macaulay Culkin qui brise son image et un Seth Green en roue libre, l'orgie de glamour vendue par l'affiche en fait un rendez vous de freaks gay friendly qui se donne un côté punk qui en fait un rival assez redoutable de Spring Breakers. Excès et crise existentielle au menu.

L'histoire : Michael débarque à New York sans moyens ni logement, avec la ferme intention de s'implanter dans le monde de la nuit. Formé par James, un jeune homosexuel excentrique financé par ses parents, il parvient à gagner la confiance d'un directeur de boîte de le laisser organiser des soirées.

Party Monster

Véritable plongée punk dans l'univers des boîtes de nuit, Party Monster a dans l'idée de faire à la fois une oeuvre générationnelle, un biopic fantasmé et un film punk. Punk sur les questions de la drogue et de brûler la chandelle par les deux bouts. Car c'est finalement cet aspect qui est fascinant. Cette persistance dans la superficialité et l'irresponsabilité, en promouvant une attitude sans concession, autodestructrice, qui mène cependant à une gloire instantanée. Le buzz de la nuit, une admiration dans la fièvre de la dance. Michael a déjà cette idée en tête, sans pour autant connaître les modes du glamour. Pour toute famille, une mère ultra laxiste qui accepte les frasques de son fils et participe aux soirées qu'il organise (jubilatoire séquence où elle raconte sa première prise de drogue à la télévision), et l'assurance de vouloir faire ses preuves. Et toujours ce matérialisme qui se manifeste dans toutes ses relations sociales. Séduisant son petit copain à coups de tickets conso, en concurrence chic avec James à chacune des soirées, c'est une surenchère constante dans la frivolité, et dans le cynisme quand les conséquences en sont évoquées. Car la fête répond à une ivresse instantanée et ne doit souffrir d'aucune limite. Les followers qui déménagent pour venir aux fêtes de new york et finissent à la rue, les descentes de police pour chopper du camé... Le film capte à la fois la vacuité du concept et son potentiel magnétique, avec même quelques bonnes séquences de cinéma (la commande au fast food, la fameuse "money, success, fame, glamour" bien qu'avortée) qui font preuve de l'empathie nécessaire pour capter l'euphorie. Et les errances des personnages dont le matérialisme s'exprime à chaque instant. La formule d'excès et de débauche est classique, sans surprise, fonctionnelle sans en mettre plein la vue. Le jeu d'acteur a en revanche visé dans la bonne catégorie, à savoir la référence décalée. Seth Green tape pile dans ce registre, et la performance de Macauley en totale roue libre (son costumier devait être mort de rire à chaque essai). Et pour les hard core, on mentionnera Marilyn Manson dans le rôle d'un travelo dégueulasse camé jusqu'aux yeux. Un petit moyen de doper le buzz logique sur ce film, qui surpasse largement Spring Breakers sur le terrain de la fête qui dégénère. On regrette simplement de ne pas avoir passé davantage de temps dans le hype et la surenchère, et c'est là qu'on devine la limitation des moyens du film (d'autant plus que la photographie n'a pas le côté saturé qu'il aurait fallu privilégier). Reste un bon petit drame, qui consacre la superficialité et lui offre toute la place qu'elle pouvait prendre.

2003
de Fenton Bailey, Randy Barbato
avec Seth Green, Macaulay Culkin

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 10:28
Sitcom

Avec Sitcom, j'effectue une nouvelle plongée dans le cinéma de François Ozon, qui m'avait jusqu'ici laissé plutôt de marbre (Dans la maison, jeune et jolie, Rickie, l'accident Potiche que je réévaluerai tantôt), et qui parvient enfin à remporter mon adhésion. Avec un cru particulièrement gratiné qui culmine dans l'outrance à la manière d'un Takashi Miike, mais les clichés français en plus. Bienvenue dans Sitcom.

L'histoire : une famille bourgeoise accueille un nouveau membre : un rat de laboratoire qui crée un peu d'animation. Suite à son arrivée, une série de profonds bouleversements vient secouer l'équilibre familial.

Sitcom

Sitcom est un défouloir. En cela, il est jubilatoire, car on ne sait initialement pas comment le prendre. Il commence même par la promesse d'un meurtre en masse froid en pleine fête d'anniversaire. Le ton du film est sérieux, mais l'excès de ses situations et l'outrance de ses clichés le transforme en objet masochiste particulièrement frappant. Et salutaire pour l'ensemble des clichés franchouillards qu'il épingle dans son incessante charge. Tous les personnages sont insupportables. Des clichés incessants qui confirment sans arrêt que leur physique retranscrit parfaitement leur état d'esprit. Cet étalage constant d'évidence, qui devrait finir par être lassant, se révèle au contraire particulièrement bien géré, car en plus de conférer une logique implacable à l'évolution des personnages, il suggère un ton de moquerie qui se relance toujours dans la surenchère. Le fils BCBG qui lit science et vie en silence avant de déclarer son homosexualité en plein repas de famille, cette fille pétasse large d'esprit et son petit copain bon sous tout rapport, cette mère directrice tradi qui voit toutes les situations lui échapper, ce père mou à la relativisation insupportable... N'oublions pas la bonne dissimulant mal son mépris des riches et son mari prof de sport et amateur de torses en sueur. Le postulat est simple, l'exécution parfaite, du moins jusque dans ses deux tiers. Jusque là, on continue de détester les personnages et de rire de leurs déconvenues, sans que le film parvienne à atteindre ses limites, qu'il repousse continuellement (partouzes, sado masochisme, frustrations et mépris, le climat humain est chaud bouillant). C'est une fois qu'il atteint l'inceste que la formule se calme (d'ailleurs, l'indifférence suscitée par le passage de ce palier secoue un peu). La formule s’essouffle alors un peu, ne trouvant plus qu'une issue en assumant totalement l'absurde via un final digne du Monstre du cimetière, du gros bis qui surprend une dernière fois avant la conclusion (finalement, d'une certaine justice, le personnage n'ayant pas connu le moindre changement en faisant les frais). Pour assumer encore un peu plus son statut de défouloir, Sitcom n'a pas de sens à proprement parler. Les dégénérescences comportementales qu'il met en scène suivent une certaine logique, une autodestruction motivée de diverses façons qui se lance dans les clichés les plus outranciers, en parvenant à caricaturer sans que la lourdeur ne plombe le rythme (la hargne du ton assurant une sensation d'agressivité bien distillée dans le film). Un petit OFNI français qui se sert astucieusement des codes du vaudeville pour en faire une parodie dégénérée, qui se livre aux pires outrances morales par simple goût du mauvais goût. Le vaudeville anti-vaudeville.

1998
de François Ozon
avec Evelyne Dandry, Marina De Van

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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 10:24
Les cavaliers de l'apocalypse

Ah, qu'est-ce que le thriller aurait fait sans Fincher ? Avec Seven, le choc a été si violent, ou plutôt, l'objet a réussi à atteindre une telle efficacité dans sa compilation d'éléments (très glauques) qu'il en a instauré des codes, depuis les mécanismes de suspense aux éclairages d'ambiance, qui font toujours loi dans le milieu. Cela a surtout desservi plusieurs tentatives de divertissement qui à trop vouloir imiter sont tombés dans le pompage et en ont subi les foudres. Un cas d'école donc que ces Cavaliers de l'apocalypse, qui auraient pourtant pu s'en tirer à meilleur compte.

L'histoire : un détective veuf néglige sa vie familiale pour boucler une enquête sordide sur la découverte d'une femme mise à mort dans un étrange instrument de sado-masochisme.

Les cavaliers de l'apocalypse

Faut dire que les cavaliers de l'apocalypse ne s'est pas trop retenu question glauquerie visuelle, puisqu'il nous montre avec suffisamment de détails poisseux les fameuses mises en scène des meurtres à grand renfort de peau tendue par des crochets de suspension (à la différence que ceux ci sont prévus pour ne pas être retirés). En matière de gore, le film offre donc un peu à voir. Pourtant, c'est un ratage formel monumental. La réalisation pompe Seven sans vergogne dans sa mise en scène d'éclairage (sans cohérence thématique, on passe du jaune au vert, dans le sombre et le surexposé, aucune cohérence), dans sa collecte des indices, dans la découverte progressive des morts... On n'a jamais la moindre sensation de surprise, et je peux comprendre que beaucoup se soient lassés avant de parvenir au dénouement. Pour ma part, seul mon affection pour Dennis Quaid m'a permis de tenir, en m'attachant davantage à son charisme visuel qu'à la banalité de son rôle de père raté qui néglige sa famille au prix de son travail. Absolument tous les personnages de ce film sont clichés (l'homosexuel victime, le chef de police noir, le fils aîné effacé, la chinoise qui se la joue surnaturel...), nouvel argument pour décourager le spectateur d'y trouver le moindre divertissement. Et enfin, la réalisation pêche par de nombreuses fautes de goût, par exemple quand elle tente d'esthétiser quelques scènes avec des inserts hors sujet (une transition d'allumage de clope), quand elle tente d'intégrer discrètement des infos capitales (une présentation d'un lieu si expédiée qu'elle en devient immédiatement louche), quand elle veut jouer la carte d'un surnaturel hors sujet... Direction d'acteur proche du minable, musique absolument quelconque... On peut lister encore des points négatifs pour enfoncer le clou.

Et pourtant, je trouve que les cavaliers de l'apocalypse est à sauver de la catastrophe pour son fond. Néanmoins, cela demande une certaine prise de recul vis à vis de sa nullité formelle, et surtout en développant des spoilers. Mais inutile de partir, comme son développement est posé sur des rails qui ne surprendront personne, il est peut être plus intéressant de découvrir le film avec les clefs en main. On sera toujours ennuyé par le remplissage évident de certaines séquences, mais au moins, on en connaîtra l'utilité et le sens. Car le fond du script est bon, mais le scénario en a foiré l'exploitation. Pour jouer la carte du twist en dernière partie et se donner un air faussement intelligent alors que son fond était nettement plus ambitieux. En effet, pour les deux premières victimes, on se retrouve en face d'une femme saignée à mort, dont on a arraché le fœtus in vivo, et un étudiant homosexuel saigné à blanc dont la mère est retrouvée ligotée dans le placard de l'appartement. J'insiste sur les détails car malgré le script fonctionne beaucoup avec eux. Le troisième, beaucoup plus développé, commence à introduire le doute, en montrant un jeune homo qui force son frère à regarder son suicide via le système de crochets. A partir de là, le film commence à donner davantage d'éléments et à brouiller les pistes. Les jeunes étaient tous raccordés à un forum de discussion aux thématiques inconnues, quoiqu'axées sur les fameux cavaliers de l'apocalypse. Le film se permet de faire de l'interprétation en traduisant le mot par "révélation". La révélation vient donc avec le quatrième cavalier, sensé apporter la révélation et donc tout éclaircir. Et là, le film prend le contrepied du chemin qu'il a tout le temps suivi, passant du thriller psychokiller à une série de suicides en présence d'un membre de la famille, les victimes étant alors consentantes et voulant illustrer le message du film : l'abandon des responsabilités parentales. Le script révèle alors ses subtilités (dans le cas du premier meurtre, la victime n'est pas la mère mais son fœtus, toutes les morts servant dès lors à mettre en scène un sacrifice de jeunes déçus par les attitudes respectives de leurs proches. Le film tente alors de devenir une bannière de la jeunesse sacrifiée par la négligence parentale, et justifie dès lors les clichés comportementaux qui ont remplis son intrigue. Ils sont lassants, mais justifiés. La véritable faute du scénario est cette absence de raffinement et ce travestissement en seven du pauvre, car les clichés qu'il utilise servent son propos sur les comportements parentaux destructeurs, la perte de repères de la jeunesse et son désespoir quant à son avenir... Le fond était plus dramatique et moins stupide que prévu. Mais la jouer happy end et rédemption, c'était là une belle erreur. Voir l'inéluctabilité de cet embrigadement, l'indifférence avant le choc... Ca aurait été l'angle intelligent, et c'est finalement réduit aux quinze dernières minutes, loin d'être excellentes (car laborieuses). Mais malgré sa gamelle, le film pouvait prétendre à parler d'un sujet intéressant. Rendez vous manqué qui ne rassemblera maintenant plus que quelques bisseux, les cavaliers de l'apocalypse mériterait un remake orienté dans le drame, dans quelques années histoire qu'on oublie cette piètre copie.

2009
de Jonas Åkerlund
avec Dennis Quaid, Zhang Ziyi

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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 10:19
Wall street 2 : l'argent ne dort jamais

Une petite irrégularité me force à traiter une suite avant son prédécesseur (qui d'ailleurs le surpassait), avec la promesse de rattraper la bévue très vite. Il s'agit de la saga Wall Street d'Oliver Stone. Courageux et plutôt habile dans les années 80, assez opportuniste en revenant en 2010, j'étais plutôt agacé en commençant la séance. Et par de petites touches, le film commence à remporter mon adhésion, puis mon intérêt. Jusqu'à la révélation du final.

L'histoire : alors que Gecco sort de prison pour ses frasques bancaires, sa fille coule des jours heureux à New York, en couple avec un trader protégeant les intérêts d'une filiale développant des énergies propres. Mais sa compagnie bancaire subit bientôt un OPA qui la dissout totalement et entraîne le suicide de son directeur.

Wall street 2 : l'argent ne dort jamais

Oliver Stone est un cinéaste que j'ai toujours apprécié dans les années pré-2000. Bons films, engagements politiques courageux, volonté de décrypter les systèmes et mécanismes, il est l'équivalent de Scorcese, parfois frileux (le timide JFK), mais toujours avec cette authenticité nécessaire pour immerger son public. Son premier Wall Street avait bon goût lui aussi, la foi candide découvrant peu à peu les impacts des manipulations bancaires sur les côtes en bourses. Wall Street, l'argent ne dort jamais, reprend sur ces bases, en considérant déjà que nous avons des bases en économie, ce qui nous fait plaisir car on se sent déjà en confiance. Et c'est par sa science de la transition et de l'usage du langage cinématographique que Wall Street 2 a réussi à me convaincre. Un travelling en rotation en plein centre ville s'élevant vers la cime des grattes ciels soulignant le merveilleux pouvoir de croissance. Des enfants jouant dans un parc à faire des bulles. L'argent qui s'interpose dans le couple... Les images sont claires, bien dosées, le cinéma à l'ancienne qui cherche encore à être intelligent sans avoir à beaucoup parler. Et le charisme trompeur de Gecco, toujours campé par le splendide Michael Douglas qui n'a rien perdu de son petit sourire carnassier, peaufinant son image de repenti pour mieux manipuler le monde qui l'entoure. En cela, Wall Street 2 pose largement des bases intéressantes. Le problème, c'est un peu cette histoire de vengeance bancaire. Après une petite qui tournait au cauchemar dans le premier, nous en avons une grosse, certes plaisante pour l'adversaire en titre (Josh Browlin en requin sec et intraitable), mais qui s'étend bien trop pour être honnête. Etaler serait un verbe plus approprié. Et au final, ça parle beaucoup mais ça bouge peu. Alors, on prend notre mal en patience. Et ça commence à redevenir intéressant sur la fin, quand certains petits masques volent. Et là, la chute. La purge totale. Le happy end. Oliver Stone fait un happy end sur la bourse. En fait, ils sont humains ces banquiers. Un peu vaches entre eux pour rafler quelques centaines de millions, mais rappelez leur quelles sont les valeurs de la famille, et leur coeur se remet à battre. Autant, je ne suis pas contre une humanisation (vu combien on s'est évertué à représenter le corps de métier comme de la merde), autant un truc pareil, c'est se foutre de la gueule du monde. Je comprends dès lors pourquoi le film s'est fait pourrir et trône avec une simple moyenne malgré sa construction virtuose. Mais bon, Oliver s'est grillé avec World Trade Center. Depuis, peut-on espérer autre chose que quelques reflets de ses anciens talents ? Alexandre avait au moins l'ambition de pousser la fresque historique dans de nouvelles directions, aussi moches soient-elles (les scènes de bataille, les décors numériques...). Wall street 2 n'est donc pas très utile, mais plutôt agréable à suivre. Seules ses 5 dernières minutes lui valent la damnation éternelle.

2010
de Oliver Stone
avec Michael Douglas, Shia LaBeouf

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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 11:20
Jupiter ascending

Avec Jupiter Ascending, les Wachowski se relancent dans de la SF ambitieuse, ou plutôt un space opera qui promet monts et merveilles dans sa bande annonce avec orgie de graphismes léchés et quelques truculentes séquences d’action en vol et apesanteur. Restait à savoir si le script était aussi planant ou flottait au ras des pâquerettes. Hé béééé….

L’histoire : une immigrée clandestine russe travaillant comme femme de ménage découvre qu’elle est en fait l’héritière d’un empire galactique immense, jusqu’ici dirigé par une famille aux relations tendues.

Jupiter ascending

C’est à un spectacle dantesque qu’on s’attendait. Visuellement, le résultat est au rendez vous. On ne pourra enlever au Wachowski qu’ils parviennent à composer des univers visuels d’une grande cohérence, quelques soient les clichés culturels qu’ils manipulent. Epate visuelle, et ambition de mise en scène, comme en témoignent les chorégraphies d’action qui réussissent à plusieurs reprises à flanquer le vertige. On retiendra surtout l’affrontement aérien en plein cœur de New York, et évidemment la scène de bravoure finale, où on copie un peu le style Michael Bay, pour le meilleur (très beaux effets spéciaux) et pour le pire (le scénario, mais nous allons y revenir). Le principal problème est dans le fond, mais c’est surtout de la part des Wachowski. Depuis Matrix revolution, ils ont fait de ce mélange amour & liberté une marque de fabrique. Ca s’était calmé sur Speed Racer (pour être remplacé par des tares immondes), et c’était consacré dans Cloud Atlas (avec une certaine virtuosité). Et là, ça ressort aussi, mais limpide, façon V pour Vendetta. Alors Jupiter ascending, disons le, c’est le film de trop.

Le traitement de l’héroïne est abominable. Elle est de très loin le personnage le moins intéressant, le plus prévisible et le plus lisse de tout le scénario. C’est surtout son absence de but qui agace. Elle est sans cesse dans l’émerveillement béat (« oh, mais c’est trop beau, je règne vraiment là-dessus ? » « Oh, mais vous êtes méchant en fait ! »…) et se révèle d’une vulgarité dans la compréhension des enjeux stellaires qui fait soupirer. Enfin, pouvait-on en attendre plus d’une héroïne qui est femme de ménage, qui conseille les pouffes chez qui elle bosse pour s’habiller et qui a le dernier I phone ? Je suis méchant, mais quand la conclusion d’un space opera s’achève sur une romance kikoo à voler sur les immeubles en disant « t’as vu, j’ai repris ma vie simple à récurer les chiottes parce que c’est ça être une bonne reine. », ça m’énerve. Ouais, les mains dans la merde, c’est là qu’est ta place, plutôt que d’essayer de changer ce qui cloche dans l’univers. Et c’est là qu’on arrive au cœur de la chronique, et aux monumentaux spoilers.

SPOILERS :
En fait, la famille désirant la mort de notre héroïne (et franchement, le bon goût leur dirait merci) est à la tête d’un empire galactique de colonies sous développées technologiquement qui sont moissonnées pour récupérer du matériau cellulaire brut et garantir la survie des élites pendant des millénaires. C’est simple, mais il s’agit de capitalisme ultra libéral, et de paraboles sociales basiques, mais très cohérentes avec notre époque. Le fond n’est pas mauvais, et il serait dès lors intéressant de voir comment cet impérialisme sidéral s’opère. Quitte à montrer des génocides planétaires et marcher sur les plates bandes de Star Wars. Mais le film gère mal son matériau. Surtout quand il plante le contexte familial (le frère tafiole charmeur, la sœur neutre, et l’aîné fin de race inquisiteur) sur une planète déjà ravagée qu’on sait qu’ils tuent des planètes entières. On capte dès les 15 premières minutes le danger pour les humains, et le scénario en devient hyper prévisible. C’est toutefois suffisamment rythmé. Et dans ses portraits de famille, on a des attitudes cohérentes avec de gros gérants de multinationales opérant dans un flou juridique pour se livrer à des génocides aux profits juteux. L’humain est transformé en sel génétique par barre de cent ans, et les races se bousculent auprès des humains qui gèrent l’industrie pour acheter leur longévité. Mais tout cela reste finalement assez en surface.
FIN DES SPOILERS

Et l’image du frère aîné me déplaît. Il est l’incarnation total du capitalisme. Un appétit constamment insatisfait. Représenté comme une fin de race pathétique, qui sait au grand maximum donner une gifle et qui pleure dès qu’on le frappe. La victime née. Alors que sa carrure aurait nettement convenue au rôle de Chaning tatum. C’est d’ailleurs marrant de constater à quel point inverser ces deux acteurs aurait été plus subtil et intelligent, Chaning pouvant dès lors incarner un capitalisme fort, conquérant et opprimant sans hésitation, et Eddy Redmayne la fin de race lycantropienne s’étant adapté par défaut, se révélant être une vraie teigne au combat. Mais voilà, on est dans une production clichée. Les wachowski se recyclent, et nous, on n’y croit plus vraiment. Il reste les explosions et une grande richesse d'univers. Mais quelqu’un pourrait me dire à quoi servent les gros lézards volants ? Y en a même pas des gentils, hein, ils sont tous méchants…)

Bref, Jupiter ascending, ça se mord la queue et ça tourne un peu à vide, puisqu’on sait très vite de quoi il retourne, et que la superficialité du traitement rend le résultat lassant à suivre. Visuellement toujours au niveau, mais visiblement moins inspirés que pour Cloud Atlas, la famille Wachowski devrait se calmer quelques années avant le prochain grand retour, qui espérons le, retrouvera le faste de Matrix.

2015
de Andy Wachowski, Lana Wachowski
avec Channing Tatum, Mila Kunis

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 00:30
Stanford, l'expérience et son remakeStanford, l'expérience et son remake

L'expérience est un petit film allemand, qui se propose de remettre au goût du jour une petite expérience sociologique menée en 1971 : l'expérience de Stanford. D'une durée initiale de 12 jours, prévue pour étudier les comportements de cobayes humains en environnement carcéral et sur les conditions de déshumanisation, elle fût interrompue au bout de 6, suite à une perte de contrôle de l'équipe scientifique qui suivait les comportements et la multiplication des mauvais traitements qui s'y déroulait. Un évènement intéressant, mais également largement controversé et contesté par la suite. Voyons comment cela est remis en scène.

L'histoire : une vingtaine de cobaye sont recrutés par la médecine militaire pour mener une expérience sociologique en milieu carcéral sur le stress. Les rôles sont répartis aléatoirement et les gardiens ont pour consigne de faire appliquer un règlement sans avoir recours à la violence physique.

Pour les faits, consulter le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Stanford

Stanford, l'expérience et son remake

Bon, on le savait dès le départ que ça allait dégénérer. Alors, virons les passages où le film fait du remplissage (l'introduction, tout ce qui précède le début de l'expérience, avec notamment la sous intrigue bidon du journaliste infiltré) pour se focaliser sur les véritables arguments du film. A notre époque, il lance donc une expérience sociologique, sur la base qu'aucune expérience de ce genre n'a déjà été faite. Et comme on s'y attend, on assiste très vite à des dérives, des maltraitances et des comportements sadiques. C'est maintenant sur leur apparition qu'on peut disserter et débattre. L'expérience initiale était réalisée avec des étudiants, la version 2.0 préfère des adultes consentants, la plupart étant motivés par l'argent. Lors de mon premier visionnage, j'avais été globalement convaincu, mais des manifestations de sadisme me semblaient expédiées, malvenues, gratuites. Comment distinguer dès lors le reproduit du fantasmé. Déjà en marquant une énorme scission aux deux-tiers du film, qui passe une ligne qui n'aurait pas dû être franchie (et qui d'ailleurs ne le fût pas pendant l'expérience). Cette ligne est celle de la structure extérieure. Je vais détailler la façon dont j'envisage les comportements sociaux intra-muros (le film semble plutôt fidèle aux faits dans ce registre), mais très vite, l'expérience dégénère et les scénaristes poussent alors un mécanisme de remise en question de la moindre moralité (cette connerie du "c'est un test en fait, donc on peut y aller, notre but reste de maîtriser la situation") qui finit par les faire attaquer directement les scientifiques en charge de l'expérience et à les soumettre à des traitements encore plus violents (et allez qu'on a une tentative de viol des bonnes familles, et vas-y qu'on a de la torture manifeste...). Là, le film pète un câble et dépasse les bornes, même si cet aboutissement suit une logique bien entamée, elle se permet des facilités qui ne passent pas.

Cependant, jusqu'à ce basculement, la gestion des mécanismes sociaux n'est pas mal réussie. Elle joue d'ailleurs intelligemment sur les initiatives des gardiens pour reprendre le contrôle en s'assurant l'obéissance par l'humiliation et un usage modéré de la force, l'atteinte à la dignité sans avoir encore recours à la torture. A l'exception de la facilité de la séquence d'humiliation du héros (tiens, un peu d'urine), la description concorde avec ce qui a été observé au cours de l'expérience de Stanford. Et d'ailleurs, les petites défiances des cobayes prisonniers vis à vis des gardiens avec l'apparition d'une révolte dès le deuxième jour montre aussi la responsabilité des cobayes dans l'escalade vers la violence. C'est là que peut commencer un débat sur la validité de l'expérience, ses conclusions étant nettes et claires (le film oublie d'ailleurs une technique assez intéressante des gardiens pour casser les révoltes, à savoir d'accorder à certaines cellules des privilèges pour suggérer l'idée de la présence de balances, et créer ainsi des conflits entre détenus pour enlever tout esprit de révolte (donnant un résultat proche de ce que Blindness montre, en rappelant que je n'avais pas supporté)).

Le scientifique ayant dirigé l'expérience en a tiré la conclusion de l'existence de l'effet Lucifer, qui en soumettant des cobayes lambda dans un système de stress pousse à adopter des comportements violents et préjudiciables au groupe. Mais cette hypothèse est contestée, et notamment par des observations qui me semblent judicieuses, notamment sur l'incitation du facteur aléatoire. La tendance manifeste à vouloir déshumaniser toutes les composantes humaines de cette expérience annihile déjà le facteur moral, les personnes se confortant alors dans leur rôle (cela transparaît un peu dans l'insistance des gardiens à vouloir habiter leur personnage) et en faisant fi de toute considération extérieures à une demande de résultat sans protocole. Par les lacunes des conditions de l'expérience, celle ci incite déjà à violer des fondamentaux sociaux, renforcée par l'absence de la moindre formation ou encadrement minimale du personnel (la principale différence avec les systèmes carcéraux pris pour modèle) livre finalement des individus totalement inexpérimentés avec une obligation de soumettre un groupe d'autres personnes sans moyens de pression autre que la force physique ou le matraquage psychologique. La soumission d'un groupe d'individu lambda serait consentant dans la mesure de leur morale (c'est la façon naturelle dont fonctionne un esprit non condamné en justice). Et c'est aussi le cas ici, ils n'ont simplement aucun objet à disposition pour assurer leur défense. Ce n'était clairement pas le but, et les conditions arbitraires ajoutent davantage de pression. Pour ce qui est de l'étude de cobayes humains en situation de stress, le film propose des mécanismes plutôt fonctionnels, les moindres soupçons de défiance étant immédiatement réprimés par les gardiens au fur et à mesure que progresse l'expérience. Le coup des bouteilles de lait est un exemple absurde, mais démonstratif de cette tendance. De même que les mouvements de groupe, grandement influencés par des personnalités leaders et beaucoup de suiveurs, une conception de l'humanité qui m'a convaincu à plusieurs reprises, ont aussi des comportements à nuancer (les tendances au sadisme notamment, les conclusions de Stanford étant assez troublantes sur ce point). Au final, si les petits mécanismes de L'expérience sont intéressants et fidèles au matériau d'origine, il se plante sur ses amplifications et peut sembler maladroit sur plusieurs points (notamment sur l'abolition totale de toute forme de morale ou de limite au nom de l'expérience). Et apporte quelques éléments pour alimenter un débat sur les conclusions à tirer de cette expérience, sans toutefois transposer ses conclusions sur un modèle carcéral réel.

2001
de Oliver Hirschbiegel
avec Moritz Bleibtreu, Christian Berkel

Stanford, l'expérience et son remake

Au moins, j'aurai fait tout Stanford en peu de temps. L'idée d'un remake pouvait être effectivement une bonne piste au vu des faiblesses du film allemand, beaucoup trop expéditif quand il brodait en dépassant le cadre de l'expérience, la démonstration surpassant dès lors logique et réalisme. Ici, le traitement est un peu différent, mais aussi plus tenu, un peu plus lisse, et ce n'est finalement pas un mal sous certains aspects. Le problème, c'est surtout Hollywood qui fait de la psychologie, de la finesse à coups de hache... A l'image toujours de cette mauvaise séquence des images subliminales de violence qui ne sert à rien, sinon paraphraser l'inévitable...

Le début d'expérience est identique, sans intrigues secondaires, sinon la petite aventure du héros pacifiste avec une hippie mal coiffée qui sent bon la bière. Ce qui fait plaisir, c'est aussi de voir Whitaker dans le rôle d'un catho humaniste qui se retrouve dans l'uniforme d'un gardien, et sent peu à peu des pulsions sadiques l'animer (et là, hollywood se montre un peu trash, mais trop justement, le personnage basculant trop vite dans une mécanique de sadisme déguisé (le coup de l'érection après la reprise en main musclée de la situation)). On soupire également quand le queutard de service dans le rôle du gardien se voit demander par un scientifique si il est gay alors qu'il parle depuis le début du film de bouffer de la touffe. Et là jaillit une homosexualité inavouée qui le pousse à abuser de son autorité sur un jeune cobaye à moustache... Rah, c'est téléphoné ! Pas logique, téléphoné, souligné, encadré ! La seule bonne chose qu'on peut en retirer par généralisation, ce sont les initiatives individuelles qui minent le travail du groupe sensé instaurer l'ordre. Mais abordons la dynamique de l'ensemble du film. Les rapports dans les deux groupes sont moins effusifs, plus contrôlés. C'est presque théâtral là où L'expérience était plus réalité filmée (l'abandon du style caméra à l'épaule y est aussi pour quelque chose). Mais ce contrôle est finalement salutaire à la mécanique psychologique, puisqu'il introduit une notion de dosage dans la violence. Aussi, les gardiens savent en connaissance de cause qu'ils vont employer des méthodes humiliantes et psychologiquement violentes, mais ils le font avec cette notion d'escalade contrôlée de la violence, insistant moins sur la notion de rôle à jouer que sur le fait de contrôler la situation de la meilleure façon possible. D'ailleurs, ce sont eux qui incitent au calme et recommandent à chacun de se conformer aux règles de vie pendant la durée de l'expérience afin que chacun puisse toucher pépère son salaire. Et c'est là que la responsabilité des prisonniers augmente d'un cran. Le film montre au moins deux meneurs refusant par simple esprit de défiance de se plier à l'autorité des gardiens. La logique de cassage se pose d'elle même. D'ailleurs, une pression supplémentaire est faite sur les gardiens, ces derniers devant réagir aux situations problématiques dans la demie-heure qui suit les évènements. En rajoutant, comme menace ultime, le non paiement de l'ensemble d'un groupe (prisonnier ou gardien) si ce dernier outrepasse ses commandements. Plus que jamais, les gardiens sont sous pression et dans une position défavorable car ayant une plus grande responsabilité. Donc a lieu la séquence copié collé de l'humiliation à la pisse. Dans ce cadre, elle est logique. Mais entre les deux, le détail du prisonnier malade se révèle être un grave problème de cohérence dans le script. Le diabétique est tout simplement inapte à suivre l'expérience sans traitement, or les gardiens n'ont aucun moyen de contacter les scientifiques ni d'avoir du secours médical (chose impensable en prison). La marche vers la violence est plus progressive, mais le contexte merde gravement, rendant déjà l'expérience complètement immorale et illogique (puisque la violence n'émerge pas simplement des comportements du groupe, elle est de toute façon générée par le système de contrainte, qui perd son caractère aléatoire pour tendre à l'incitation directe à la violence. Maltraitance évidente et obstination peu logique de la part des gardiens. Et là, tout s'est effondré.

Néanmoins, le film continue avec son petit dosage de la violence. Les scientifiques brillent par leur absence, on se demande bien ce qu'ils foutent alors qu'on assiste de façon évidente à des traitements de plus en plus violents et que l'état du diabétique s'aggrave de jours en jours. En d'autres termes, ils sont illogiques et le contexte même de pression disparaît, puisqu'ils sont mystifiés au point d'être physiquement absents des lieux. Mais les gardiens s'obstinent. Whitaker avec sa gaule sadique qui finit par le rendre nanar (toileeeette !), glouglou dans les toilettes alors que le héros a déjà enduré la pisse, et qui lui fait avoir une crise de confiance en soit, ça chie dans la colle. Alors qu'un mécanisme intéressant se met en place avec la dégradation d'un gardien au rang de prisonnier, le montage part en couille et sombre dans le ridicule avec une grosse voix off trafiquée. Les gardiens tapent dans le tas sur une musique électro dark, Whitaker parle d'une ampoule comme il parlait de Dieu... Les 5 dernières minutes et la nouvelle émeute redeviennent enfin logiques, mais toutes les dernières étapes pour y arriver relèvent du foutage de gueule. Et d'ailleurs, l'espèce de final où tout le monde retrouve une sorte de dignité grave, genre nous sommes tous des victimes en fait, elle ne fonctionne pas. Après une rixe comme ce qui venait de se passer, on ne retrouve pas en si peu de temps une dignité. Pas ainsi en tout cas. Démonstration manifeste que l'homme devient violent quand on l'y pousse, The experiment partait mieux pour finir plus bas que son prédécesseur, la faute à un gros problème de gestion psychologique malgré les ambitions. Fort malheureusement pour lui, quand un film rate ce qui fait l'essentiel de son message et de son intérêt, on s'accordera pour conclure que c'est pas vraiment la joie. Il paraît qu'Elija Woods a plaqué le tournage après quelques jours... De la clairvoyance, il en aura eu encore plus en participant au Maniac d'Alexandre Aja...

2010
de Paul Scheuring
avec Adrien Brody, Forest Whitaker

Stanford, l'expérience et son remake
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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 23:18
Les nouveaux sauvages

Petite production espagnole bénéficiant d'un buzz critique (quand on affiche le nom d'Almodovar sur l'affiche, ça aide), les nouveaux sauvages est la petite production qui défraye la chronique, se faisant sa petite niche avant la sortie de Taken 3 et du TV film oscarisable the imitation game. Une petite sortie discrète pour un film dont la modestie et les qualités se révèlent taper dans les tensions sociales avec une certaine justesse qui joue la carte de la fraîcheur.

L'histoire : 6 petits sketchs de plus en plus développés, axés sur les tensions du contexte et les pétages de câble des protagonistes.

Les nouveaux sauvages

Objectivement, les nouveaux sauvages est un bon petit film, qui a eu l'idée brillante de taper dans les codes sociaux que j'apprécie, puisqu'il s'intéresse à des mécanismes de violence et de frustration en changeant régulièrement le cadre, le ton et les personnages. C'est sa certaine légèreté globale de ton qui est d'abord privilégiée via sa première histoire, une vengeance froide, calculée et méthodique, dont l'issue a indéniablement quelque chose de jubilatoire. Et chaque petite histoire d'y aller avec une ironie plus ou moins revendiquée, n'hésitant jamais à changer de registre quand cela se révèle original ou approprié. Le second sketch doit être le plus violent, traité avec un second degré minimal (les interventions du type "un poison périmé, c'est plus ou c'est moins dangereux ?"), avec un sacré malaise à la clé, immédiat contrepied à la vengeance parfaite du pré générique. Pas forcément utile ou jubilatoire, mais bon contrepoint à la surprise de l'introduction, et démonstration manifeste de l'intensité du ton que le film peut adopter. La troisième est ma préférée avec la dernière, s'appuyant sur un climat à la Hitcher et fonctionnant sur les banales incivilités au volant. Un postulat partant d'une situation banale qui dégénère avec une gradation bien dosée, avec un humour noir d'une violence jubilatoire. On voit un affrontement en direct à coups de clé à molette et d'extincteurs avec un rire régulier et une plongée dans le glauque vraiment bien dosée. Cette histoire sera d'ailleurs surement celle qui marquera le plus les spectateurs. L'histoire suivante suit un artificier qui suite à une contravention, se voit pris dans les enfers de l'administration pénale qui enchaîne les amendes avec une logique là encore bien gradée. Car le nerf de cette histoire, c'est bien sûr d'appliquer des pénalités cumulées en incitant au calme (respect des civilités imposé...). Avec, là encore, cette conclusion jubilatoire qui a le bon goût de se terminer sur une note légère, peu réaliste, mais qui au moins retrouve un peu de légèreté. S'en suit le segment sérieux du film, la violence n'est pas représentée, seul les impacts seront à l'écran. La classique situation du maquillage d'une affaire criminelle, où chacun y cherche son intérêt, et dont les règles dépendent essentiellement de celui qui pose les conditions. Pas virtuose, mais suffisamment bien détaillé pour se livrer à un portrait bien sec de mécanismes de corruption. Et enfin, la dernière histoire, probablement la plus développée, qui salit une grande fête de mariage et le fait culminer dans l'anéantissement des illusions à un niveau virtuose. Départ classique avec tromperie éventée, puis basculement psychologique dans la surenchère de rabaissement mutuel, qui donne le vertige de par sa plongée sans borne dans les coups bas. Les rapports de force entre mari et mariée changeant sans cesse alors pour s'accumuler dans un final qui plonge aussi les invités dans la tourmente. Alors, après la spirale, le film désamorce. Essentiellement pour s'assurer la légèreté de ton qu'il voulait employer, et pour ménager une issue à la fatalité qu'il se plaisait à souligner (la femme trompée finit par ne plus camoufler ses prétentions vénales une fois qu'elle se sent en position de force). C'est Gone girl en condensé, mais en moins machiavélique. Résultat, on est un peu hésitant, entre la satisfaction de voir les banalités d'une union éclatée par les griefs personnels (tel un mélancolia hystérique) et l'issue gentillette qui atténue grandement la férocité du propos. A trop vouloir être gentil, le film finit un peu par brosser dans le sens du poil le spectateur, préférant finalement le calme au pétage de câble total.

2015
de Damián Szifron
avec Ricardo Darín, Oscar Martinez

Les nouveaux sauvages
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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 19:10
The imitation game

The imitation game a immédiatement déclenché des petites suspicions, qui plus est en dévoilant un casting trop irréprochable pour ne pas susciter le doute. Benedict Cumberbach notamment, qui explose l'écran depuis sa propulsion en fanfare dans Star Trek into darkness, bien soutenu par la suite dans 12 years a slave et surtout la série Sherlock. Mais avec Keira Kingsley et Mathew Goode (le beau gosse des watchmen), on est clairement dans le king' speech like, le téléfilm oscarisable, formaté au possible. Autant dire que je partais mal, et que je n'ai pas été déçu.

L'histoire : dans les années 40, l'armée anglaise travaille sur un projet top secret de décryptage d'Enigma. Arrive alors un étrange mathématicien, Alexandre Turing, dont les méthodes peu habituelles mettent à mal la hiérarchie militaire.

The imitation game

A ma charge, j'admets n'avoir fait aucune recherche préalable sur Alan Turing, et j'aurais dû. Au delà de la reconstitution d'histoire et de faire un film de nerd, c'est aussi une injustice historique qui marqua la vie de ce scientifique, qui perça le secret du code avec son équipe de mathématicien, avant d'être condamné par la justice à la castration chimique pour indécence en réaction à son homosexualité. Soit, on convient qu'un hommage soit nécessaire (initié par le geste de la Couronne, qui réhabilita sa mémoire en 2013). Pour m'avoir fait (re)découvrir le personnage, le film a au moins réussi sa mission de devoir de mémoire. D'ailleurs, la performance de Cumberbach dans le rôle est à reconnaître, il endosse avec facilité l'enveloppe du nerd à l'ancienne, plus convaincant que l'humaniste Assange du quatrième pouvoir. Tout le reste, c'est du vide. De la banalité. Du remplissage. Le script va clairement dans la facilité, ne développant jamais la moindre notion technique un temps soit peu évoluée (la machine à décoder fonctionne... ben elle fonctionne, quoi). D'ailleurs, vu comment tout le monde s'est battu pour ne pas la voir fonctionner (les camarades non coopératifs, la direction militaire qui interrompt les essais...), l'enjeu convenu fait pitié une fois qu'il est atteint. Puis commence alors un postulat intéressant, traité hélas avec la finesse de l'enclume et du marteau. Dans son traitement des émotions, le manque de subtilité blase, vraiment. Ce n'est pas qu'on ne ressent rien, mais franchement, ces séquences de flash back où le petit Turing se fait malmener et tombe amoureux de son seul ami, le tragique de son histoire souligné sans finesse par une voix off envahissante... Le titre même, the imitation game, est expédié en une minuscule conversation prononcée aux 3/5èmes du film, qui ne développe même pas ce concept assez fascinant pourtant, faisant le lien avec les réflexions mathématiques sur les premiers ordinateurs et les comportements sociaux d'imitation, pris ici dans le cadre de l'homosexualité et résumé par un "on a des goûts différents, donc on pense différemment, mais ça donne pas le droit de mépriser pour autant". Merde. Ben je m'ennuie. Désolé, la reconstitution est correcte, les personnages secondaires sont corrects, le film joue la montre à plusieurs reprises, la p'tite touche d'humour pour faire plaisir, les séquences émotions pour faire pleurer, l'absence de parti pris qui fait partir le film dans toutes les directions qui s'offrent à lui. Au moins, ce film m'aura fait nuancer la hargne que j'avais à l'encontre de l'oscarisé discours d'un roi, qui passe dans la catégorie Yves Saint Laurent : le téléfilm lisse, degré 1 de cinéma, caractère strictement informatif (avec le seul handicap finalement d'un enjeu débile : ne pas se mordre la langue). Mais soyons clair, ce type de film devrait simplement rester dans le cadre de la télé, au lieu de gonfler son casting pour squatter les salles. Ou embrasser davantage son sujet, se déconnecter des enjeux superflus (franchement, cette insistance sur les alliés qui ont peur de perdre la guerre, arrêtez de le rabâcher, on sait qu'elle va être gagnée) pour adopter un angle de vue à fond : le documentaire reconstitution, ou la fiction qui adapte.

2015
de Morten Tyldum
avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley

3/6

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 23:03
Taken 3

Taken 3, mais bon, qu'est-ce qu'on pourrait bien avoir à rajouter ? Quand on voyait à quel point de nullité on était tombé avec le second volet, il n'y avait aucune chance, en gardant les mêmes producteurs, pour que la formule reparte. Alors en balançant Olivier Megaton sur l'affaire, que voulez vous, c'était déjà foutu. Pauvre Olivier Megaton d'ailleurs, aura-t-il un jour la chance de faire une oeuvre personnelle, ou se verra-t-il toujours obligé d'honorer les commandes pourries de suites commerciales dont on se moque ?

L'histoire : Brian Mills se retrouve accusé du meurtre de sa femme, mais c'est pas lui. Plutôt que de se rendre à la police alors qu'il a un alibi, il tabasse les agents lancés à sa poursuite et se lance dans une quête de la vérité, en mourant et en ressuscitant à volonté.

Taken 3

C'est à un niveau de médiocrité assez lassant que nous sommes remontés. Oui, c'est moins nul que Taken 2, mais du coup, c'est encore plus énervant. Je m'explique. La nullité du second épisode, ses lourdeurs si voyantes, ses pompages si outranciers, sa xénophobie si manifeste... C'était tellement énorme qu'on pouvait s'en moquer de façon jubilatoire, critiquer le navet avec une mauvaise foi manifeste, puisque c'était outrancier. Là, ben on s'ennuie. On a déjà vu des films où le héros, poursuivi par tout le monde, doit prouver son innocence (le fugitif, minority report...). Et là, il passe son temps à enchaîner les scènes d'action molles à base de clef de bras et de tatanes dans la face, cadrées comme toujours dans les productions Megaton trop près et montées trop vite, pour donner l'illusion de la dynamique alors qu'on a juste une mauvaise scène clichée qui devient illisible. Et c'est cela qui devient insupportable dans ce film, plus long que son prédécesseur et ça se sent. Oh, il y a bien quelques grosses gaffes à noter par ci par là... Notamment les fausses morts de Brian Mills, qui meurt pendant une scène, puis réapparaît dix secondes plus tard dans le montage. Parfois sans explication, mais bon, on n'est plus à cela près. Ainsi, la moindre coupe entre deux plans peut devenir prétexte à cacher un rebondissement majeur, une preuve planquée, un éléphant caché entre deux pots de fleurs... Le film cultive l'art de la transition sauvage, en montrant Brian Mills acculé dans un lieu envahi par la police, qu'il a quitté sans encombre dans le plan suivant, regagnant son repère avec tout le nécessaire pour assurer sa survie. Question xénophobie, nous avons un méchant russe mais pas con, puisqu'il charge Brian vêtu d'un slip en faisant cracher son fusil d'assaut, et quand ce dernier est enfin désarmé, il le tape avec son arme plutôt que de faire feu, et se faire alors abattre. Mais pas con parce qu'il sait n'être qu'un pion et qui est le vrai méchant. La fille de Brian ne sait toujours rien faire d'autre que crier, et la performance dégueulasse de l'ex mari achève d'agacer le spectateur. Techniquement, on finit par vomir cette photographie un peu granuleuse, aux contrastes dégueulasse (on ne voit plus rien dans le noir), aux couleurs saturées... Quant à la BO, c'est un pot pourri sans la moindre cohérence, alternant les morceaux cools (le générique daubesque (des images de trafic de nuit), la fuite de Mills dans les égoûts...), l'ambiance percussion, de l'électro à la Tron, de la musique classique... Un beau bordel sans cohérence qui crie à chaque instant son absence de parti pris et de recherche de style, reflet de la dépersonnalisation de ce film, qui n'a pas le moindre intérêt quelque soit l'angle sous lequel on l'observe. Alors, quand on voit Mhitaker et Neeson en interview qui en font la promo, encore une raison de plus de nous méfier du cynisme des productions commerciales. Enfin, ce n'est même plus une surprise.

2015
de Olivier Megaton
avec Liam Neeson, Forest Whitaker

0/6

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