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16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 19:52
Dracula untold

Voir la bande annonce de Dracula untold, c’était déjà sourire au coin des lèvres. On flairait à 100 lieues le plaisir coupable. A l’arrivée en salle, un « Suce moi goulument ! » balancé par une bande de collégiens sécheurs de cours dissuadait de toute prise au sérieux de l’objet. Et pourtant, malgré ses atours de seigneur des anneaux mal fagoté, Dracula untold en a à revendre, insufflant quelques variations à la légende que nous connaissons tous.

L’histoire : Transylvanie. L’armée turc déferle, et fait capituler le pays sans résistance. Pour étancher sa soif, elle réclame un tribut de mille enfants, donc le prince héritier. Dressé au combat, le jeune prince Vlad se distingue par sa cruauté, réussissant à racheter sa liberté par les victoires offertes aux Turcs. Mais alors qu’il reprend les reines de son royaume, l’armée turque réclame un nouveau tribut…

Dracula untold

Avouez que ça en jette ! On croyait, vu la bande annonce, que le film allait durer 20 minutes, et découvrir une certaine richesse scénaristique de ce calibre, ça fait ma foi plaisir. En fait, ce Dracula untold est, à son échelle, une bonne petite surprise. En grande partie pour la discrétion dont il a été l’objet (il n’a été annoncé qu’un mois avant sa sortie), et pour ses modestes ambitions. En effet, la comparaison avec le Dracula de Coppola est inévitable, et le réalisateur semble en avoir conscience (rien qu’à l’apparition du titre, on sent l’hommage). Mais il prend vite ses distances, aussi bien dans l’esthétique que dans les pistes du scénario qu’il développe. Alors que l’armée turque menace la Transylvanie d’une nouvelle invasion, Vlad prend conscience de la présence d’une entité démoniaque rôdant sur ses terres. Mais la réclamation du tribut change la donne. Sa lignée est menacée et son peuple refuse de se soumettre à la requête. Le prince, pourtant soucieux de privilégier la diplomatie (par de régulières offrandes d’argent), se voit obligé de faire face sans armée régulière. Rien de tel qu’une bonne malédiction pour changer la donne. Et c’est là que Dracula untold donne enfin ce qu’il a dans le ventre. Il n’hésite à recourir à de purs artifices bisseux (vision thermique, yeux rouges, combats surdécoupés ou ralentis…) qu’il tente d’allier à un souffle de tragédie fantastique à l’ancienne. Un pur objet de divertissement respectueux de ses racines, mais soucieux de son efficacité. Pour être crédible dans l’héroïc fantasy, il repompe une partie de son esthétique et de sa mécanique sur le seigneur des anneaux. On le voyait déjà dans la bande annonce, alors autant l’encaisser d’office. Ca n’alourdit pas, au contraire. De beaux paysages gothiques, de splendides scènes d’exodes, des batailles rangées de turcs aux yeux bandés pour ne pas voir le monstre qu’ils affrontent (symbolique lourde sur le fanatisme, mais assumée avec un sérieux qui fait passer la chose)… Dracula untold en a à montrer (belle photographie, qui essaye à plusieurs reprises de rendre justice aux décors). Tout comme la découverte du vampire, excellente scène à l’intensité dramatique palpable, et dont le symbolisme humble touche à son but. Malheureusement, Dracula a aussi des côtés sombres. Notamment sur l’exploitation de ses bonnes idées. Ce film a d’évidentes ambitions visuelles. Curieusement, contrairement à nos attentes (la découverte des pouvoirs en accéléré, on ne perd pas de temps), Dracula ne fait pas vraiment de scènes de combo de jeux vidéos dignes d’un Matrix Reloaded. C’est pourtant ce qu’il doit montrer, notamment au cours de la nuit de transformation de Vlad, qui balaie une centaine d’hommes à lui tout seul. Alors le film tente un travelling tournant autour d’une lame, sur laquelle se reflètent des bribes du carnage. Bonne idée visuelle, le résultat est pathétique, on ne voit rien du tout. Et sur de nombreuses idées, intellectuellement bonnes, le résultat se trouve être piteux. La séquence de chute d’Elisabeth, pensée pour avoir l’intensité de celle de Amazing Spiderman 2 (oui, triste comparaison), en devient gênante de par son insistance sur le numérique de ses effets. Le combat contre le général turc et son piège, excellente idée, mais visuellement, résultat inégal, et le jeu des acteurs, pathétique, ruine le potentiel de la scène. Autant le film est cohérent et globalement réussi, autant certains de ses effets sont mal dosés, ou tout simplement ont donné de mauvais résultats, mais c’était trop tard pour changer… C’est relativement dommage quand on remarque que la découverte de la malédiction par la population est bien gérée (la légende prend forme), que la tragédie du prince, bien qu’inférieur en intensité à celle de Coppola (ben ouais, en 10 minutes, il te faisait une fresque gothique esthétique et intense), tente plusieurs choses. Parfois trop vite (le revirement des collègues vampires est intéressant, mais asséné trop abruptement), mais avec honnêteté. Même l’épilogue, transposé dans notre époque (arg !!!), a ce souffle d’honnêteté, qui reste à sa place en gentil hommage. Oui, Luke Evans, bien que limité dans l’expression de ses sentiments, a l’étoffe de Dracula, il en a aussi le physique, et il met à profit les entraînements qu’il a reçu sur le Hobbit. Ca fait en tout cas du bien d’être surpris. Pas non plus admiratif, mais satisfait. Le 6/10 n’était pas loin…

2014
de Gary Shore
avec Luke Evans, Sarah Gadon

3/6

Dracula untold
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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 14:30
Appleseed - Alpha

Au rayon SF, j’éprouve une certaine nostalgie pour la période Appleseed, débutée en 2005 par un film d’animation à l’ampleur visuelle aussi ambitieuse que la structure de son récit. Géniale tentative de la part des japonais, qui prouvaient sans peine leur suprémacie dans le domaine de l’animation déjà 5 ans auparavant avec Final Fantasy, qui n’a toujours pas pris une ride. Et c’est dans l’anonymat et la discrétion que sort le nouvel opus de la franchise, comme le dernier des DTV pourris pour le successeur de l’une des meilleures sagas de SF grand public. Méritait-il ce sort infâme ? Il l’a bien cherché en tout cas !

L’histoire : Deunan et Briareos, pendant leur période de lutte mercenaire en zone dévastée. Exécutant de petits contrats pour un caïd local en échange de la maintenance de Briareos, ils interceptent un petit convoi, poursuivi par un chasseur de prime particulièrement déterminé.

Appleseed - Alpha

D’un univers flamboyant de cité futuriste, on passe à une série B post apo. Ouch, la descente est rude. Elle l’est encore plus quand on constate que c’est Aramaki qui est à nouveau responsable du projet, et que ce bridé n’a pas changé d’un poil le programme pourri qu’il nous ressert à chacun de ses films depuis quelques années. Les musiques accompagnant les scènes d’action sont un peu moins mauvaises, mais toujours malfoutues et mal montées (quand on voit le nombre de personnes impliquées dans l’élaboration de la BO du film, on comprend que ce dernier soit devenu un beau bordel), et ce scénario… Aaaaarg ! Qui n’a jamais vu un film où les héros trouvent quelques chose, le méchant le veut, ils se poursuivent, le méchant le récupère, veut activer un gros truc hors de contrôle mais le gentil revient pour tout faire péter ? C’est désespérant. Pas nul (ça fonctionne), mais c’est désespérant, de savoir qu’on n’aura jamais la moindre surprise, et qu’on ne peut compter que sur une fibre geek technologique pour pouvoir profiter d’un cinéma aussi abouti. Car question visuel, les progrès fait sur Albator ont été bien réutilisés sur ce projet. Même si il est beaucoup moins joli visuellement (on n’explorera que des décors en ruine ou des véhicules de diverse taille), la finition technique est optimale, on tient un photo-réalisme bluffant (seules les séquences explosion ou impliquant des personnages à visage humain diminuent cette sensation de réalisme), qui montre combien on a repoussé loin les limites de la technologie, pour aboutir à l’un des films d’animations les plus léchés de son époque (Gravity est celui qui remporte la palme haut la main, son réalisme étant bien trompeur). On ne parle plus de révolution technique, mais les prouesses de nos amis ordinateurs sont quand même impressionnantes (une petite pensée pour l’équipe des programmateurs). Quelques designs de méchants pompés sur Mass effect (dont beaucoup de graphismes semblent avoir été repris ici), quelques détails pour inscrire cet opus Alpha dans la saga appleseed, et voilà Aramaki qui relance la machine commerciale, sans qu’on soit surpris ni totalement déçu. Néanmoins, on aimerait qu’Aramaki passe vite fait le flambeau car son incompétence scénaristique condamne un genre tout entier qui a pourtant tous les atouts pour se révéler impressionnant.

2014
de Shinji Aramaki
avec Luci Christian, David Matranga

2,6/6

Nan, des designs originaux qu'on vous dit !

Nan, des designs originaux qu'on vous dit !

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9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 14:08
Hannibal - Saison 2

Après une saison 1 qui évitait la catastrophe par une direction artistique de haute volée, Hannibal revient pour une saison 2 riche en évènements. C’est dire si j’y allais à reculons, craignant de retrouver la même formule qui avait suscité tant d’adhésion (Hannibal reste l’une des séries les plus populaires du moment). Mais comme on savait d'entrée que cette série carbure à l'esbrouffe, y retourner ne coûtait pas grand chose. Et surprise, la digestion est plus affirmée, les pistes davantage exploitées, et, miracle, le scénario parvient à me faire virer de bord et rentrer dans le camp des défenseurs. Alléluia !

L’histoire : Will Graham est en institution psychiatrique, sous la direction de Chilton. Hannibal continue à effectuer sa thérapie sur lui malgré ses soupçons. Alors que l’un cherche les failles, l’autre tente de le rallier à sa cause.

Hannibal - Saison 2

Un petit bijou que cette série, qui assume enfin finement sa réadaptation du mythe (la saison 1 était beaucoup trop brutale sur le terrain de la destruction du mythe, elle a fait les frais de ce trop grand écart initial) et exploite avec une subtilité bien plus lecterienne les éléments qui s’offrent à elle. Et curieusement, si elle utilise presque autant de psychopathes différents que la première saison, elle les exploite un peu plus, en tout cas en leur donnant un petit rôle à jouer dans la relation Graham-Lecter. Je trouvais la première saison chiante au possible car la situation entre les personnages était statique, et que rien ne se passait de significatif, où la psychologie était mimée avec une lourdeur pachydermique. Surprise, si c’est parfois le cas, la série se veut plus fine dans sa gestion des personnages, et surtout, il s’en passe, des trucs. Entre Will qui sympathise avec un aide soignant pour stopper Lecter, Hannibal qui recontacte d’anciens patients pour leur donner des petites missions, leurs thérapie et l’évolution radicale de leur relation (le fer de lance de cette saison 2, celui qui a achevé de me convaincre), presque tous les épisodes participent à cette avancée. Concernant le glauque psychopathique en revanche, la réalisation se montre là aussi complaisance, préférant du gore raffinée très exploitation plutôt que la décence. Mais curieusement, cette exploitation s’inscrit mieux dans le contexte. Il n’y avait aucune moralité dans la première saison, pas davantage dans cette deuxième, mais les enjeux y sont plus affirmés, plus intéressants aussi. A l’exception de quelques aberrations attendues (un homme-ruche, une sculpture humaine à l’issue heureusement lecterienne…), ils sont plus simples et un peu plus consistants (le raffinement étant réservé au bon docteur, dont on se demande toujours où il trouve le temps de réaliser des travaux pareils !). Curieusement, Hannibal se teinte aussi d’une légère dimension gay (par l’intermédiaire de tensions sexuelles explicites et de mises en scène connotées pendant plusieurs séquences clefs (à la piscine, après la libération de Will…), qui rajoute une petite couche de fantasme inattendue de la part du bon docteur (la dimension sexuelle est absente des films, elle s'intègre ici plutôt habilement au récit, nuancée par l'aventure entre Hannibal et Alana Bloom). Mais c’est aussi dans sa relecture des personnages secondaires que l’ensemble m’a conquis. Le docteur Chilton quitte sa carrure de connard bouffi d’auto-suffisance et devient même un personnage attachant, trop enfermé dans ses schémas psychologiques, mais apte à avoir ses propres soupçons. On notera aussi le nouveau Masson Verger (et son amusante manie de déguster des cocktails aux larmes), et sa sœur margot, qui avait été éjectée des films par manque de temps. L’occasion de planter une cruelle relation dont l’accomplissement (en tout cas dans cette saison) sera une reproduction quasi à l’identique (et beaucoup plus gore) de l’épisode des mutilations de Masson. Curieusement, la série brode un canevas avec des bribes des écrits respectés ou ajournés, et parvient à un résultat plus cohérent, plus dense aussi. Pour son sens de l’ironie chère à Hannibal, pour la culminance de la relation Graham-Lecter (dont on sent enfin presque les yeux briller pendant les dîners) et ce grand final d’une violence estomaquante, la saison 2 d’Hannibal marque d’énormes points (compensant largement les tares qu’elle avait affiché lors de la saison 1), et basculant dans le camp des séries à suivre.

2014

avec Hugh Dancy, Mads Mikkelsen

4/6

Hannibal - Saison 2
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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 13:06
Rampage II : capital punishment

Uwe Boll est un exploitant qui a peu à peu tenté de devenir cinéaste en se lançant dans ces projets viscéraux souvent en lien avec l'horreur (Tunnel Rats, Seed, Stoïc, Rampage, Darfur...). Et avaec le temps, son ambition d'aborder des sujets d'actualité de plus en plus brûlants a grandie (Rampage, Dafur, Attack on Wall Street, Auschwitz). Il est devenu pourvoyeur de films politiquement incorrects à même de susciter le débat. Mais devant cette frénésie d'en dire beaucoup sur les maux de notre époque, l'auteur risquait de tomber dans la caricature. C'est malheureusement chose faite avec Rampage II, capital punishment.

L'histoire : Bill Williamson, auteur de la fusillade la plus meurtrière des Etats Unis, revient torturer l'âme de l'Amérique avec de nouveaux messages dissidents.

Tout bon rebelle doit se couper les cheveux avant de partir au casse-pipe

Tout bon rebelle doit se couper les cheveux avant de partir au casse-pipe

Rampage était un des meilleurs films d'Uwe Boll. En prenant son personnage central dans son quotidien, et en lui faisant faire un braquage qu'il justifiait avec tout un tas de théories complotistes et autres frustrations quotidiennes, il parvenait à souligner un certain mysticisme politique entourant les actions du personnage, sans jamais perdre de vue ses simples objectifs matérialistes (son braquage). Le film devenait une espèce de gros bordel aux scènes d'action amorales tout à fait appréciable. Sa suite décide de prendre un autre chemin, pour notre plus grand malheur, celui du brûlot politique. C'était la meilleure piste qui s'offrait à lui, et c'était courageux de la prendre à bras le corps. Et c'est alors qu'on se rend compte de la connerie ambiante qui tétanise le script et Uwe Boll. On pourra toujours se planquer derrière la soit disant prise de distance faite par le film en montrant toutes les victimes des fusillades (souvent au ralenti pour qu'on en perde pas une miette), le film soutient le point de vue de Williamson, même dans ses excès les plus impensables, en croyant toucher à de la profondeur. Mais les opinions avec lesquelles il justifie sa théorie du contrôle de l'expansion humaine par un eugénisme aveugle n'ont que peu de liens entre elles, et sont régulièrement erronées. Le fait que son protagoniste en appelle à prendre les armes alors même qu'il critique la non régulation des ventes d'armes (d'ailleurs, critiquer cela relève de la pure connerie, les armes ne sont pas responsables des tueries (un grand nombre d'armes non enregistrées sont trouvables dans les pays cités en exemple), c'est l'état d'esprit de la population suspicieuse et égoïste qui en est à l'origine) prouve d'office son hypocrisie morale. Il a l'impression d'être intelligent parce qu'il parle sans s'arrêter et avec un flingue en main. Mais s'arrêter pour réfléchir une minute serait aussi une bonne idée.

C'est à partir du moment où il en appelle à l'extermination des élites et des riches que j'ai commencé à bien rigoler, tant le racolage politique devenait outrancier. Monsieur se targue de vouloir sauver la planète en exterminant une bonne partie de sa population, il a balancé l'essentiel de ses munitions sur des passants et des pauvres, et il en appelle à tuer le 1% des riches ? Si c'est pas meugnon ! J'adore ce mec, il me ferait croire qu'il n'a pas bouché les toilettes avec du PQ collé au bout des doigts. Parce qu'il mixe ses conneries avec des faits reconnus (oui, l'avidité bancaire, oui démocrates et républicains appliquent la même politique, oui la libre expression tant qu'elle ne perturbe pas l'ordre établi par les lobbies...), le film s'auto-proclame étendard du mécontentement populaire général et en appelle à la révolution. Il en profite aussi pour fustiger les médias politiquement corrects qui s'autocensurent pour rester dans une ligne politique bien définie... tout en critiquant leur opportunisme de faire le buzz avec des infos exclusives même quand elles sortent de ce cadre (par l'intermédiaire d'Uwe Boll, qui joue un producteur opportuniste qui passe son temps à dire combien il gagne de fric avec la prise d'otage en cours). Et la religion, c'est juste pour filer du fric aux églises... Mais aaaarg ! De toute façon, il est impossible de parler avec le nouveau Bill Williamson. Il accuse le monde de ne pas l'écouter et abat ceux qui entament la conversation avec lui. Rien que ce simple constat suffit à rendre caduc toute la pensée qu'il croit être la sienne, alors qu'il ne s'agit que de trucs glanés ça et là sur le net (et oooh, sur wikileaks, site encensé par le film, qui a révélé des informations top secrètes intéressantes, ainsi que d'autre complètement bidons pour faire aussi du buz). Et que dire de la scène où Bill force un otage à en tabasser une autre, dans l'espoir d'illustrer une vague idée d'humanité qui n'existe que dans la violence de ses pulsions. Tu prouves seulement qu'on se rabaisse, pas qu'on retrouve un instinct.

Là où Rampage II va se montrer intéressant, c'est quand on lira les critiques qui l'ont appréciées. Quand on verra comment ce film est défendu. Car à part citer les thématiques abordées (toutes sont fascinantes), il n'est pas possible de le soutenir. Il s'attire la sympathie parce qu'il ose aborder des thèmes habituellement réservés aux conversations intimes, les trucs impossible à dire dans la société normale. Mais ça ne veut jamais dire que ce qu'il débite a un sens ou est intelligent. Le jugement se fera alors sur une chose : la personne qui critique estime-t-elle que le film a suffisamment de distance avec son sujet ? Car si il ne fait que lancer des thématiques qui visent à susciter le débat sans influencer les choix du spectateur, le film a du mérite. Mais je ne pense pas que ce soit le cas. Par son accumulation, le film a l'air de faire des relations de cause à effets aberrantes, fustige à la fois les élites et la population qui l'entoure (et l'acclame), et surtout qui croit maintenant dur comme fer à ses conneries. En faisant de son cas particulier un modèle qui tente d'appliquer sa philosophie de péquenot à l'ensemble du monde par la force. C'est un ultra conservateur qui ne cache pas sa haine des gens, des ses voisins, de tout le monde, qui essaye de camoufler ça en prenant parti pour des causes lointaines qui ne le concernent aucunement (les immigrés, les prisonniers, la politique étrangère), et qui tuera toujours comme un demeuré (il ne sait faire que ça) pour (se) prouver quelque chose. Y a des limites à l'intoxication politique, et si tout le monde crache sur American Nightmare 2, ces deux films sont pourtant bel et bien au même niveau.

2014
de Uwe Boll
avec Brendan Fletcher, Lochlyn Munro

1,5/6

Uwe Boll contraint de s'expliquer par les autorités corporatistes à la solde des mass-médias et de la mondialisation : "C'est pas moi, c'est l'appât du gain !"

Uwe Boll contraint de s'expliquer par les autorités corporatistes à la solde des mass-médias et de la mondialisation : "C'est pas moi, c'est l'appât du gain !"

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 14:41
Frustré

"Alors, qu'est-ce qu'on va regarder pour cette soirée ciné ?"

" Ben écoute, je viens de recevoir un petit film que j'avais commandé. Ca s'appelle Frustré."

"Ca ressemble à un gros pompage de Maniac, ton truc !"

"C'est le réalisateur de Dying God qui l'a fait !"

"Ben je suis pas trop convaincu, ça a l'air cheap et naze. Voyons les critiques sur Senscritique..."

"OK !"

Moyenne, 4/10. Une critique à 1/10 : Le réalisateur est un gros frustré misogyne, toutes les actrices jouent mal ou sont des sorcières excessives, et la complaisance pour la violence est gerbante.

" Nom de dieu on regarde ça ce soir ! Y a peut être vraiment moyen de se marrer devant un gros film pour mec..."

L'histoire : Fabrice Lombard, un technicien de surface brimé par ses camarades de travail, accumule frustrations et déceptions amoureuses, qu'il transforme en rage contre l'autre sexe.

Frustré

Bon, on ne va pas se laisser démonter par l’accusation de misogynie, elle sortait elle aussi pour Maniac alors que ce n’était pas le cas. Néanmoins, le film n’aime pas beaucoup les femmes, ou plutôt l’emprise qu’elles peuvent avoir. Le cas typique du personnage qui blâme les tentations autour de lui sans pouvoir y résister. Car les désirs lubriques sont dans le tableau, et que se refuser des opportunités, même perdues d’avance, ce n’est pas envisageable. Alors, notre héros est un frustré doublé d’un pigeon, mais sa carrure un poil arquée et sa laideur banale le rendent crédible dans son rôle. Hélas, le pompage de Maniac se fait un peu trop sentir, surtout lors de la découverte de l’appartement du psychopathe, qui consiste essentiellement en quelques affiches porno et un… mannequin (aaaarg !) sur lequel il se passe copieusement les nerfs en lui parlant. C’est la Femme telle qu’il la diabolise, sans voix, dont la simple présence bouleverse tout équilibre chez le mâle. Devant les brimades quotidiennes et suite à un petit coup de foudre soldé par un petit tabassage, notre personnage se met donc à suivre la femme qu’il apprécie, et décide de s’entraîner sur une autre dans un arrondissement mal famé de Paris. C’est alors que le film innove sans prévenir, en faisant d’un pommeau de douche l’arme rituelle de notre psychopathe. Un pommeau de douche… Why not, il fait office de matraque potentielle, et surtout d’objet phallique dont les femmes tâteront bientôt. Attention, monsieur a le gourdin ! Première séquence de meurtre et viol nasty comme il fallait. Jusqu’ici, l’intérêt s’est révélé assez minime. Concrètement, la seule façon pour le film de nous immerger, c’était de réussir à communiquer ses angoisses et ses frustrations au spectateur masculin. Faut parler aux couilles. Mais les frustrations en question sont d’une piètre étoffe, comme le personnage principal, qui n’a ni la masse de Joe Spinel, ni la fausse chétivité d’Elijah Woods. C’est un monsieur tout le monde sans atout, qui se lance à corps perdu dans sa croisade contre les femmes qui corrompent son équilibre du monde. En cela, peut être que le film est misogyne (les protagonistes féminins du quotidien sont assez exagérés, la femme au centre du récit est en revanche une call girl plutôt bien gérée), mais c’est inoffensif (n’importe qui modèrera immédiatement les opinions du protagoniste principal devant son absence de charisme et sa naïveté). Que reste-t-il alors dans Frustré ? Et bien aussi surprenant que cela puisse paraître, la facture technique du film est excellente. Pour un budget aussi réduit (c’est une série Z à quelques centaines d’euros), l’esthétique, les ambiances et les décors sont bien réussis. Mise en scène sobre, et quelques séquences suffisamment efficaces pour être marquantes (la poursuite de l’auto stoppeuse, le grand final de gogo dance, les allers et venues en ville…) sont les principaux points positifs de ce film, qui parvient par moment (pour peu évidemment qu’on le prenne avec l’indulgence du bisseux français) à faire illusion et à nous donner de vrais bonnes séquences d’exploitation de psychopathe tueur de femmes. Même si les ambitions sociales sont risibles (franchement, la solidarité masculine ne fonctionne pas, ou de façon extrêmement éphémère, on se moque plus généralement de ses manies), la facture technique honnête de ce film d’exploitation vintage sans prétention (appuyé par une bande originale électro de rigueur) a quelques arguments pour autoriser son visionnage. Après, c’est évidemment une simple mise en bouche de soirée (pas aidée par son final totalement expédié, on ne peut même pas appeler ça une fin, en revanche, l’ambiance est telle qu’on se croirait vraiment dans Maniac l’original), mais moins penaude que prévue, et vite envoyée (un poil plus de 80 minutes).

2013

de Jacques Vendôme

2.5/6

Frustré
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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 14:36
Discopathe

Un petit amuse gueule bis n’étant jamais de refus par les temps qui courent, je me permet d’attirer votre attention sur un cas intéressant. Non pas que le résultat soit particulièrement réussi ou notable (comme beaucoup de ses confrères, il est pétri de clichés), mais son postulat bancal et ses quelques idées parfois inventives le placent dans la catégorie des films sympathiques, qui joue essentiellement sur la fibre vintage. Discopathe, c’est la récréation de la semaine.

L’histoire : un jeune homme découvre qu’il est sujet à des crises de violence quand il est exposé à de la musique disco. Après avoir perdu son emploi, il sort en boîte de nuit. Commence alors une cavale sanglante.

Discopathe

Aussi stupide que soit le prétexte (allergique au Disco, pourquoi n’intervient-il pas dans le film éponyme avec Franck Dubosc ?), on se rend vite compte que malgré ses limites, le film va vouloir nous placer dans des lieux bien éclairés, avec de la musique branchée et surtout balafrer la génération disco en trucidant ses danseurs et danseuses. Rien d’intelligent, mais un concept bis rigolo, et une suffisamment bonne gestion des temps de remplissages (sans être charismatique, on s’intéresse au psychopathe, et sa progression dans la violence est plutôt bien gérée). Malgré tout, quelques petites choses l’handicapent. Quelques baisses de rythme violentes (la présentation des personnages au canada), un taux de morts finalement peu élevé (l’ambiance disco promettait pourtant des meurtres à l’ambiance stylisée, on en a finalement peu) et un sentiment global de ne pas avoir poussé le concept assez loin. Bien dommage pour un potentiel icônique pareil. Malgré tout, le film se laisse regarder sans problème, offrant même quelques truculences supplémentaires pour s’amender de ses promesses non tenues (les cercueils, la poursuite finale). C’est tout bêtement la petite récréation violente de la soirée, dont on sent le potentiel (la première scène de meurtre sous le danse floor) sans le voir malheureusement éclore. Reste une petite tentative amusante pas dénuée d’idées.

2013
de Renaud Gauthier
avec Jérémie Earp-Lavergne, Mathieu Lepage

2,7/6

Discopathe
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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 13:56
Scarface - 1932

Si le scarface de Brian DePalma n’a plus rien à prouver question culte (et pas de la façon dont il s’y attendait), l’original des années 30 n’a lui non plus jamais perdu la côte auprès des cinéphiles. J’avoue que l’idée d’un polar tourné en pleine prohibition ne m’enchantait pas vraiment, m’attendant à un thriller mou essentiellement axé sur des dialogues moralistes. Mais le code Hayes n’était pas encore en vigueur à l’époque, et pour cause, ce film est un de ceux qui ont amené son institution.

L’histoire : Tony, jeune immigré italien installé à New York, participe activement au trafic d’alcool sous les ordres de son patron. Mais là où ce dernier respecte un certain système de fonctionnement, Tony utilise des méthodes brutales et opportunistes.

Scarface - 1932

Vraiment, démonstration magistrale que le cinéma n’a pas d’âge ! Je ne m’attendais tout simplement pas à voir l’un des meilleurs films de mes vacances à une époque aussi reculée. Mais forcé on est de constater que Scarface, premier du nom, n’a pas pris une ride, malgré le noir et blanc et un montage classique à l’ancienne. Question rythme, il est un polar qui a largement de quoi rivaliser avec un concurrent moderne (il enterre Public ennemies), ménageant de nombreuses fusillades et plusieurs cascades bien chorégraphiées qui assurent un dynamisme et un divertissement tout à fait fonctionnel, qui se paye le luxe d’une narration allant à l’essentiel. Là où le remake fait deux heures et demie (film fleuve oblige), ce Scarface fait seulement 90 minutes, pleines comme un œuf, soignant chacun de ses personnages, et parvenant par un script épuré au possible à compiler portraits, psychologie, émotions et action dans un montage efficace, où chaque plan se révèle utile. Si la surprise était de taille pour le rythme, ce sont clairement les acteurs qui m’ont largement convaincu pour la note élevée. Pas le moindre surjeu. Et j’insiste. En une heure trente, à l’exception d’un seul personnage qui se révèle gênant pour l’humour tartignol qu’il véhicule (l’assistant de Tony, incapable de répondre au téléphone ou d’exécuter correctement ses ordres), tous les personnages importants de la trame sont exposés, ont défini leur ligne de conduite, et s’y attèlent avec un naturel on ne peut plus immersif. Tony en premier lieu, évidemment, qui combine avec un savant dosage une touche de coquetterie dans son style, cette impétuosité et cette agressivité enjouée tout à fait cohérente dans sa montée vers le pouvoir. Mais également le commissaire à l’affût (maintenu dans l’inaction par les avocats véreux des maffieux), la sœur un peu allumeuse (excellent personnage elle aussi, très naturelle, et dont le parcours, bien qu’en grande partie repris dans le remake, connaîtra une issue différente), le boss de la maffia… Il aurait juste fallu que les morts gardent les yeux ouverts pour que la mise en scène soit parfaite. Tous les éléments de l’univers de Scarface sont déjà cohérents et pleinement fonctionnels. Question politique, le film y va plutôt fort pour l’époque, en s’attaquant déjà à la dénonciation de la corruption du système judiciaire et de l’inaction de la police, en faisant le portrait d’une nouvelle génération de criminels qui ne reculent plus devant l’usage de la violence pour s’imposer et en tirer profit. Sur la question de la dignité toutefois, le film se fait plus nuancé, laissant dans le portrait de Tony cet instinct de (sur)protection vis-à-vis de sa sœur, qu’il gâte en la tenant à l’écart de ses combines. Relation tragique qui en profitera pour l’affaiblir moralement, au cours d’un final qui le dégrade méchamment question amour propre. Pour ma part, j’y ai vu une ultime tentative, désespérée, d’un Tony impulsif qui joue encore une fois son va-tout. Très grand film et cador d’un genre encore productif de nos jours, Scarface 1932 est un indispensable, un vrai bijoux de cinéma.

1932
de Howard Hawks
avec Paul Muni, Ann Dvorak

5/6

Vince, chapeau pour ce conseil !

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 14:28
Dissimulation

In Hiding, c’est le cinéma polonais qui revient en force. Un petit récit honnête, qui se sert du contexte de la seconde guerre mondiale pour faire un thriller amoureux plutôt intéressant, en tout cas réalisé avec classe et distinction. A ranger dans la même catégorie que Bandaged, toutefois…

L’histoire : En Pologne pendant la seconde guerre mondiale, Janina découvre que son père photographe cache une femme juive, Ester, dans leur maison. Débord réticente, elle finit par s’attacher à elle, surtout après que son père soit emporté lors d’une rafle. Mais alors que la guerre prend fin, Janina continue de cacher Ester, en lui mentant sur l’issue du conflit.

Dissimulation

J’apprécie particulièrement les films qui se servent de l’histoire pour donner à un récit déjà original, qui se plaît à souligner les enjeux humains qui sortent des sentiers battus en pareilles circonstances. J'aime aussi les films de lesbiennes. Ici, il s’agit donc d’une histoire d’amour saphique, initié par la dangerosité de la situation, et par la suite entretenu par Janina et ses mensonges. Au-delà de son simple postulat, c’est la limpidité des enjeux qui fait la force de In Hiding. Les enjeux sont simples (privée de son père, Janina se replie sur le seul univers qui lui reste, qu’elle tient à protéger de tout, et surtout de l’extérieur), et l’excellent jeu des actrices leur donnent corps avec aisance. Quoi de plus normal que de chérir ce qu’on n’a pas encore perdu, qui dépend encore de nous et dont la présence est d’un grand réconfort. Mais la gentillesse d’Ester et sa proximité sont aussi des moyens de survivre (d’une façon similaire aux signes cathos dans Black book que Rachel reproduisait pour faire plaisir à ses hébergeurs). D’ailleurs, elle ne cache pas ses envies de partir en Russie une fois le conflit terminé. Une crainte intolérable pour Janina, qui sait la séparation avec sa dernière présence inévitable. D’où le mensonge, prenant corps à la moitié du film. Les enjeux conservent leur limpidité tout en se diversifiant (les effets de la captivité sur Ester, l’attachement de plus en plus envahissant de Janina, les enquêtes communistes sur la présence d’autres personnes dans l’appartement et la perspective de le nationaliser…). Sans virtuosité, mais avec une mise en scène sobre tout à fait appropriée, In Hiding se révèle être un beau drame amoureux, qui part sur le postulat intéressant d’un Good Bye Lenin en mode captivité soumise. Avec quelques rebondissements de bon aloi (un collabo curieux, le parcours du père…), toujours simples sans donner dans la facilité. En résulte une découverte tout à fait honorable, qui fait son travail sans chercher à révolutionner son monde. Le genre de pépite qui fait toujours plaisir, avec le sel de l’amour lesbien.

2013

de Jan Kidawa-Blonski

avec Magdalena Boczarska, Julia Pogrebinska, Tomasz Kot

4,5/6

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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 18:01
Délivre nous du Mal

Scott Derrickson aime l’occulte. Même sa commande Hellraiser V en porte la marque (hélas, en opposition totale avec les prédécesseurs, dont l’originalité du concept se retrouve noyé dans la série Z), et jusqu’à Sinister, le parcours n’a pas bougé de ce thème. Et à force de persévérance, forcé on est de constater que le réalisateur a mûri son point de vue, a peaufiné ses méthodes d’épouvante et ses scénarios, nous livrant maintenant sa régulière commande suffisamment bien exécutée pour passer un bon moment. Avec délivre nous du mal, il signe son meilleur film, et surement l’un des films de possession les plus réussis de ces dernières années (le remake d’Evil Dead est sa seule concurrence).

L’histoire : un agent des forces spéciales de police guidé par un instinct aiguisé se retrouve chargé de plusieurs dossiers d’enquêtes reliées par des signes occultes.

Délivre nous du Mal

Portant un beau chapelet pour se mettre dans l’ambiance, l’atmosphère dans la salle était plutôt tendue. Et j’avoue ne pas avoir caché mon plaisir de trouver du cinéma à l’ancienne, qui revandique sa morale chrétienne, avec le vrai Mal et des hommes qui essayent de l’affronter. En ces temps de cynisme athée, l’existence que quelques films religieux honnêtes vient nous rappeler ce qu’est la religion pour les hommes. Endurer les épreuves, reconnaître ses fautes, se battre contre le mal… Des accroches qui semblent creuses ou facilement risible et qui pourtant sont imprégnées de force. Et Délivre nous du mal renoue avec ce premier degré à l’intensité si puissante. Essentiellement par l’intermédiaire de ses personnages. Ce n’est pas un hasard si Sinister était déjà une réussite, tous ses personnages (à l’exception de la famille du héros, complètement clichée) avaient une étoffe attachante. Ici, c’est également le cas, poussé à un degré encore plus fort. Avec son personnage de prêtre moderne qui rend enfin justice à la vocation (beau, naturel, belle répartie, conviction et sincérité) et son flic encaissant le Mal des hommes au prix de sa vie de famille, on tient un duo puissant qui abordera les thématiques sus-mentionné avec sérieux, tout en menant l’enquête sur les agissements de plusieurs personnes qui semblent toutes liées. A la fois polar et horreur fantastique, le film réussit à bien jouer sur tous les tableaux, et même pendant les séquences clichées (la chambre d’enfant peu à peu investie), le film trouve une efficacité que seuls des films comme ceux de James Wan ont atteint. En fait, Scott Derrickson, c’est un peu le sosie de Wan, qui fait des films dans la même catégorie et de la même façon, tout en gardant son originalité. Et vu comment le réal s’améliore, il pourrait sans doute y avoir un duel pour départager les maestros (seul la productivité de Wan lui donne encore de l’avance). Le principal point fort du film, ce sont ses possédés. Sur la totale durée du film, seul deux plans ridicules. Deux plans ! 7 secondes grand max de mauvaises, tout le reste est bon, et on y croit. Exit les insultes à la mord-moi le nœud, les grimaces et lévitations en tout genre, on a des bêtes humaines, des fauves qui griffent et mordent. Et sur l’espèce de possédé ultime du film, j’ai eu l’immense plaisir de retrouver Sean Harris. Sean, c’est pas un acteur charismatique. Osseux, la peau plaquée sur le crâne, et ce regard vide qu’il a si bien su intégrer dans chacun de ses personnages (sa prestation d’anthologie de 20 minutes dans Harry Brown, le monstre de Creep…). Cet acteur n’a pas aucun amour propre, il se donne sans arrêt à fond, et nous livre ici sa performance la plus physique. Oubliez Lynda Blair, le boss des possédés, il est là. Scarifié, sanglant, physiquement invulnérable, Sean Harris montre combien il peut porter un film sur ses épaules quand on lui en donne les moyens. Petits défauts néanmoins ça et là dans le film. Un flash back assez hideux en mode seventies qui se révèle être une faute de goût (je ne sais pas vous, mais je préfère voir un acteur qui parle et qui a l’air de revivre les évènements par d’infimes signes de visage qu’un flash back), et la conclusion du film. Non, Délivre nous du mal ne devait pas se terminer ainsi. Le possédé, brisé, aurait dû faire face aux dégâts qu’avait provoqué son corps et dont son esprit était innocent. Le remord et l’irresponsabilité auraient du torturer le héros, et le mettre sur la même voie que le fait la conclusion. Parce qu’on ne gagne pas contre le mal. On peut s’empêcher d’en faire davantage, et parfois générer un autre bien pour soulager sa conscience. Mais on ne répare pas ce qui est fait. Et un possédé ne prend pas d’otages. Une note finale un peu décevante, qui n’éclipse cependant pas les remarquables idées qui jalonnent l’enquête (excellente séquence du zoo, excellentes apparitions des possédés, elles sont toutes efficaces), et qui aboutissent à l’un des divertissements d’horreur les plus réussis de l’année. Rien de moins.

2014
de Scott Derrickson
avec Eric Bana, Edgar Ramírez

4,6/6

Délivre nous du Mal
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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 14:21
Jarhead

Jarhead est la petite contribution de Sam Mendes à l’édifice de la guerre au cinéma. La guerre moderne en tout cas, celle du Koweit en l’occurrence, qui lui donne l’opportunité à la fois de rendre hommage (les nombreuses allusions à Apocalypse now), mais aussi de s’autoriser à des visions dantesques, trouvant une esthétique troublante dans des scènes de dévastation. Un essai qui vaut largement le détour.

L’histoire : un GI, Anthony, intègre l’unité des Snipers. Alors que son entraînement touche à sa fin, il est appelé avec son unité pour participer à la guerre du Koweit. Mais une fois sur place, il découvre que le conflit n’est pas encore ouvert et qu’ils doivent attendre que la situation politique évolue.

Jarhead

Jarhead est assez commun dans son approche de l’armée américaine. Des rites de bizutage tribaux aux insultes du sergent-chef, rien qui ne dépayse depuis Full Métal Jacket. La modernité est bien là (de l’uniforme aux caractères, un joli balayage, qui se paye le luxe d’un soldat cynique plutôt lucide sur la politique des USA vis-à-vis du pétrole, mais qui se fait rapidement écraser par ses camarades), mais c’est sans grandes surprises que le début se met en place. Bonne immersion, mais intérêt discutable. Et finalement, le problème de Jarhead se fait de plus en plus visible, une chose cruelle car son sujet est aussi son point faible : le désœuvrement et l’inutilité d’un tel déploiement de force, qui sonne comme un gaspillage de ressources humaines incroyable. C’est le apocalypse now pernicieux, le pétage de câble introverti, l’effondrement sur soit plutôt que devant la barbarie. Jarhead, c’est deux heures de vide et d’impuissance, divisé entre les éloges du patriotisme (le discours d’accueil des soldats, la projection de la scène de bataille d’Apocalypse now…) et le vide, qui met tout le monde à cran et fait ressortir les failles de chacun. Si l’action met les hommes sous pression et les focalise sur des objectifs simples, l’attente du combat les laisse sans repères. Plutôt axé masturbation et discussions philo, les bidasses se murgent, font des exercices, quelques missions d’entraînement et ils tuent le temps comme ils le peuvent. Les snipers, unité d’élite capitale dans les tirs de précisions, se révèle l’un des outils les moins utilisés du conflit, mettant Anthony et ses camarades dans l’étrange climat de l’attente pour tuer. Le sujet est là, il est excellent, mais il manque aussi de relief. L’autodestruction par le vide, c’est un drame réel, et c’est aussi facilement résumé, alors que le processus prend beaucoup de temps à s’installer. Le film essaye de combler l’ennui par une foule de détails inscrits dans l’univers des GI (le nettoyage des chiottes au pétrole), mais difficile de conserver l’attention du spectateur (car il n’y a pas l’implication sentimentale des Noces rebelles). Mais la séquences des puits de pétroles emporte tout. Bienvenue sur une autre planète. Le monde est mort, les brasiers sont partout, des colonnes de flammes illuminent les cieux, et les fumées créent des nuages que le soleil ne percera jamais. C’est Crematoria dans le désert, avec pluie de pétrole, univers hostile et apparitions fantasmagoriques (le cheval couvert de pétrole, une créature digne d’un film fantastique). Ces 10 minutes marqueront à vie, et sont peut être l’une des séquences les plus marquantes du cinéma de guerre de la décennie. Mais comme pour tout voyage, il y a un retour. L’occasion d’une dernière frustration par le vide, et un retour au pays médusé, la névrose ne venant plus des horreurs observées mais de l’absence de participation. Un sujet costaud donnant hélas un résultat un peu banal, malgré ses incroyables moments de cinéma.

2005
de Sam Mendes
avec Jake Gyllenhaal, Scott MacDonald

4/6

Jarhead
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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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